Phyllosien

Le Phyllosien est un éon stratigraphique de la géologie de la planète Mars caractérisé par des terrains où abondent les phyllosilicates, notamment les argiles, probablement formés en présence d'eau liquide, et datés approximativement de plus de 4,2 milliards d'années[1].

Datations

La stratigraphie suivante a été proposée par l'équipe de l'astrophysicien français Jean-Pierre Bibring de l'IAS à Orsay à partir des résultats recueillis par l'instrument OMEGA — Observatoire pour la Minéralogie, l'Eau, les Glaces et l'Activité — de la sonde Mars Express de l'ESA depuis début 2004[2]:

SidérikienTheiikien

La datation précise de ces éons demeure largement incertaine, et l'analyse détaillée des résultats d'OMEGA suggère en fait une discontinuité entre le Phyllosien et le Theiikien, faisant coïncider le début de ce dernier avec l'Hespérien de la géologie martienne[3] tout en maintenant une durée moindre pour le Phyllosien que pour le Noachien, ce qui conduit du même coup à réajuster l'échelle des temps géologiques martiens :

AmazonienHespérienNoachienSidérikienTheiikienGrand bombardement tardifPhyllosienÉpoque géologiqueÉon

Cette discontinuité, qui coïnciderait plus ou moins avec l'hypothétique « grand bombardement tardif » (LHB en anglais, daté plutôt entre 4,1 et 3,8 milliards d'années), matérialiserait en fait l'époque d'activité volcanique maximum, qui se prolongerait au Theiikien en disparaissant progressivement au fur et à mesure que la planète aurait perdu l'essentiel de son activité interne.

Mars au Phyllosien

Pendant le Phyllosien, contemporain du Noachien, Mars devait avoir un champ magnétique global protégeant son atmosphère de l'érosion par le vent solaire, d'où une pression atmosphérique au sol et un effet de serre suffisants pour permettre l'existence de l'eau liquide à la surface de la planète[4]. Une partie au moins de cette eau serait toujours présente dans le sous-sol de certaines régions de la planète, par exemple aux environs de Cerberus Fossae[5] et d'Hephaestus Fossae[6] sur le flanc d'Elysium Mons. Lors de l'éon suivant, appelé « Theiikien », le champ magnétique global aurait disparu sous l'effet d'un réchauffement du manteau consécutif aux impacts d'astéroïdes du grand bombardement tardif, ce qui aurait accéléré la perte de l'atmosphère sous l'effet du vent solaire et de la trop faible gravité martienne.

Il en découle que, s'il existe aujourd'hui encore des traces de vie sur la planète rouge, il faut a priori les rechercher préférentiellement dans les terrains phyllosiens, issus de la seule époque où Mars aurait pu connaître les conditions propices à son apparition[7].

Références

  1. CNES L'hebdo du 2 mai 2006 « Mars : de nouveaux mots pour une nouvelle histoire ! »
  2. (en) Jean-Pierre Bibring, Yves Langevin, John F. Mustard, François Poulet, Raymond Arvidson, Aline Gendrin, Brigitte Gondet, Nicolas Mangold, P. Pinet et F. Forget, ainsi que l'équipe OMEGA : Michel Berthé, Jean-Pierre Bibring, Aline Gendrin, Cécile Gomez, Brigitte Gondet, Denis Jouglet, François Poulet, Alain Soufflot, Mathieu Vincendon, Michel Combes, Pierre Drossart, Thérèse Encrenaz, Thierry Fouchet, Riccardo Merchiorri, GianCarlo Belluci, Francesca Altieri, Vittorio Formisano, Fabricio Capaccioni, Pricilla Cerroni, Angioletta Coradini, Sergio Fonti, Oleg Korablev, Volodia Kottsov, Nikolai Ignatiev, Vassili Moroz, Dimitri Titov, Ludmilla Zasova, Damien Loiseau, Nicolas Mangold, Patrick Pinet, Sylvain Douté, Bernard Schmitt, Christophe Sotin, Ernst Hauber, Harald Hoffmann, Ralf Jaumann, Uwe Keller, Ray Arvidson, John F. Mustard, Tom Duxbury, François Forget, G. Neukum, « Global Mineralogical and Aqueous Mars History Derived from OMEGA/Mars Express Data », Science, vol. 312, no 5772, , p. 400-404 (ISSN 1095-9203, DOI 10.1126/science.1122659, lire en ligne)
  3. Science – 21 avril 2006 « Sketch of the alteration history of Mars, with phyllosilicates formed first, then sulfates, then anhydrous ferric oxides, » dans l'article cité plus haut (DOI:10.1126/science.1122659)
  4. CNES e-Space & Science – 30 août 2006 « Three new words for a new history. »
  5. (en) John B. Murray, Jan-Peter Muller, Gerhard Neukum, Stephanie C. Werner, Stephan van Gasselt, Ernst Hauber, Wojciech J. Markiewicz, James W. Head, III, Bernard H. Foing, David Page1, Karl L. Mitchell, Ganna Portyankina & The HRSC Co-Investigator Team, « Evidence from the Mars Express High Resolution Stereo Camera for a frozen sea close to Mars' equator », Science, vol. 434, , p. 352-356 (ISSN 1476-4687, DOI doi:10.1038/nature03379, lire en ligne)
  6. ESA Mars Express – 5 juin 2009 « Craters and channels in Hephaestus Fossae. »
  7. ESA Space Science – 20 avril 2006 « Mars Express's OMEGA uncovers possible sites for life. »

Articles liés

  • Portail des sciences de la Terre et de l’Univers
  • Portail de la planète Mars
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.