Pierre Bastien (médecin)

Pierre Bastien, né le 13 avril 1924 à Ban-de-Laveline (Vosges) et mort le 21 mai 2006 à Remiremont, est un médecin français. Il s'est fait connaître par ses recherches personnelles et controversées sur l'intoxication par les champignons du genre amanite[1].

Pierre Bastien

Biographie
Naissance	13 avril 1924 Ban-de-Laveline
Décès	21 mai 2006 (à 82 ans) Remiremont
Nationalité	Française
Activité	Médecin

Médecin depuis 1952, à Remiremont dans les Vosges, Pierre Bastien imagine en 1957 un protocole de traitement de l'intoxication alimentaire due à trois espèces d'amanites mortelles : Amanites phalloïdes, vireuses et printanières[2]. Le traitement, connu sous la dénomination non officielle de « protocole Bastien », combine l'action des vitamines B et C (qui ferait suite aux travaux du Dr Archie Kalokerinos[3], repris par le Dr Alain Scohy[4]), un antibiotique majeur, l'ingestion de levures et une désinfection intestinale.

Enthousiasmé par les résultats obtenus sur des cas avérés d'intoxication phalloïdienne qu'il traite lui-même avec succès à l'hôpital de Remiremont, mais dénigré par certains de ses confrères, il décide d'ingérer à trois reprises en 1971, 1974 et 1983, devant les caméras de télévision, des plats d'amanite phalloïde (jusqu'à 70 grammes de champignons)[5].

Le 28 mars 1981, The Lancet publie un article sur son traitement, dit « régime de Bastien »[6].

Ces expériences sont accueillies avec irritation par les professionnels de santé d'Allemagne de l'Ouest : le toxicologue allemand Max Daunderer (de) explique que l'expérience tapageuse de Pierre Bastien est absolument sans danger du moment que l'antidote est ingéré avant que les toxines phalloïdiennes aient eu le temps d'atteindre le foie, et il ajoute que les intoxications phalloïdiennes en phase initiale se traitent en routine dans les hôpitaux allemands[7].

Pierre Bastien tente une incursion en politique lors des élections cantonales de 1963, mais y est devancé par Christian Poncelet. Père de famille, veuf en 1984, il succombe en 2006 d’un infarctus.

Le « protocole Bastien »

D'après un document distribué par l'association mycologique de l'Ouest de la France, ce protocole se détaille comme suit[8] :

une injection intraveineuse d'un gramme de vitamine C matin et soir pour ses propriétés anti-oxydantes.
une désinfection intestinale par l’administration per os de Nifuroxazide : 200 mg, 6 fois par jour en trois prises. Cette posologie peut être éventuellement triplée en cas d’intoxication massive.
une antibiothérapie par l’administration de Néomycine à raison de 6 comprimés par jour.
un apport éventuel d’antiémétiques pour lutter contre les vomissements.
une réhydratation avec l’administration d’un verre d’eau contenant 5 g de sel marin, toutes les 1/2 heures puis toutes les deux heures.
un réensemencement de la flore intestinale à partir du deuxième jour avec des levures.
une mise à la diète pendant deux jours.

Notes et références

Bastien, Pierre, 1912-2006, J'ai dû manger des amanites mortelles -15 ans de lutte pour faire reconnaitre un traitement efficace, Paris, Flammarion, 1985, 263 p. (ISBN 2-7066-1415-3 et 978-2-7066-1415-6, OCLC 416391687, lire en ligne)
« Intoxication par les champignons vénéneux », sur www.docteurclic.com (consulté le 19 septembre 2010)
Archie Kalokerinos
Alain Scohy
« Myco-toxicologie », sur http://www.smhv.net/ (consulté le 8 décembre 2017)
(en) Dumont AM, Chennebault JM, Alquier P, Jardel H, « Management of Amanita phalloides poisoning by Bastien's regimen », Lancet, vol. 1, n^o 8222,‎ 1981, p. 722. (PMID 6163056, DOI 10.1016/S0140-6736(81)91997-8)
(en) John Vinocur, « Perils of mushroom hunting in Germany », sur nytimes.com, New York Times, 7 octobre 1981 (consulté le 25 avril 2020)
« champignons passion », sur mycologia34.canalblog.com (consulté le 19 septembre 2010)

Voir aussi

Bibliographie

J'ai dû manger des amanites mortelles, D^r Pierre Bastien, 1985, Maison rustique, Flammarion, (ISBN 27-06614-15-3)
(es) « Tres décadas sin muertes por la Amanita phalloides », Felix Ibargutxi, 5 mai 2006, El Diario Vasco.
(en) « Perils of mushroom hunting in Germany », John Vinocur, 7 octobre 1981, The New York Times.
Peut-on survivre à l'amanite phalloïde… ou l’histoire trop peu connue d’un certain « Docteur Courage », L'Esprit Nature, janvier 2015.
Vosges – Épinal infos, Par trois fois il s’était volontairement empoisonné aux amanites mortelles. Protocole Bastien : le combat d'une vie,

Liens externes

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[1] Bastien, Pierre, 1912-2006, J'ai dû manger des amanites mortelles -15 ans de lutte pour faire reconnaitre un traitement efficace, Paris, Flammarion, 1985, 263 p. (ISBN 2-7066-1415-3 et 978-2-7066-1415-6, OCLC 416391687, lire en ligne)

[2] « Intoxication par les champignons vénéneux », sur www.docteurclic.com (consulté le 19 septembre 2010)

[3] Archie Kalokerinos

[4] Alain Scohy

[5] « Myco-toxicologie », sur http://www.smhv.net/ (consulté le 8 décembre 2017)

[dumont1981-6] (en) Dumont AM, Chennebault JM, Alquier P, Jardel H, « Management of Amanita phalloides poisoning by Bastien's regimen », Lancet, vol. 1, n^o 8222,‎ 1981, p. 722. (PMID 6163056, DOI 10.1016/S0140-6736(81)91997-8)

[7] (en) John Vinocur, « Perils of mushroom hunting in Germany », sur nytimes.com, New York Times, 7 octobre 1981 (consulté le 25 avril 2020)

[8] « champignons passion », sur mycologia34.canalblog.com (consulté le 19 septembre 2010)