Pierre Le Moyne d'Iberville

Pierre Le Moyne d'Iberville et d’Ardillières[Note 1], né le à Ville-Marie (aujourd'hui Montréal, Québec) et mort le à La Havane (Cuba), est un navigateur, commerçant, militaire, corsaire et explorateur français, à l'époque de la colonisation française des Amériques.

Pour les articles homonymes, voir Pierre Le Moyne (homonymie), Iberville et Le Moyne.

Pierre Le Moyne d'Iberville

Portrait anonyme de la fin du XIXe siècle.

Naissance
Ville-Marie, Nouvelle-France
Décès  44 ans)
La Havane, Cuba
Allégeance Nouvelle-France
Royaume de France
Grade Capitaine de vaisseau
Années de service 16861706
Conflits Première Guerre intercoloniale

Guerre de Succession d'Espagne

Faits d'armes Expédition de la baie d'Hudson
Battaile de Fort Albany
Raid contre Corlaer
Capture de York Factory
Battaile de la baie de Fundy
Capture de Fort Pemaquid
Campagne de la péninsule d'Avalon
Bataille de la baie d'Hudson
Bataille de Terre-Neuve
Bataille de Saint-Jean
Bataille de Nièves
Autres fonctions Fondateur de la Louisiane et des villes de Biloxi et Mobile
Famille Le Moyne

Il est le premier Canadien de naissance à porter la croix de l'ordre de Saint-Louis[1]. Homme d'exploits, il est connu pour avoir lutté efficacement contre l'armée anglaise durant une grande partie de sa vie, détruisant plusieurs établissements ennemis, en plus d'avoir fondé des forts et exploré l'Amérique. Dans la mémoire collective, il est resté comme le plus grand héros de la Nouvelle-France. Il est le fondateur de la colonie de la Louisiane et des villes de Biloxi et de Mobile.

« D'Iberville » ou parfois « d'Hiberville » rappelle des terres appartenant à la famille Le Moyne dans le hameau Hyberville à Thil-Manneville en Normandie (anciennement Iberville, à 12 km de Dieppe)[Note 2]. Le nom « D'Ardillières » fait quant à lui référence au village d'Ardillières (Charente-Maritime) dans lequel d'Iberville acquit un domaine.

Biographie

Origine familiale et jeunesse

Ex-voto de Pierre Le Moyne d'Iberville.

Pierre Le Moyne d'Iberville naît le à Ville-Marie[2], et est baptisé le [3],[4]. Il est le troisième fils de Charles Le Moyne, marchand puis seigneur de Longueuil, originaire de Dieppe[5], et de Catherine Thierry dit Primot, originaire de Saint-Denis-le-Thiboult[6], près de Rouen. Ses deux parents émigrent au Canada avant leur mariage célébré à Ville-Marie en 1654[7]. Charles Le Moyne allait devenir une figure importante de la colonie nord-américaine[4]. Pierre eut deux sœurs et 11 frères. Ses frères se distinguèrent sur le plan militaire en Amérique et certains y laissèrent leur vie[4].

La jeunesse de Pierre baigne dans un certain mystère. Il était destiné à la prêtrise, selon le vœu de ses parents. Refusant cette voie et rêvant d'aventures, il s'engagea en 1673, à l'âge de 12 ans, sous le pseudonyme de Thériot, comme mousse à bord du voilier La Jeannette, qui appartenait à son oncle Jacques, en partance pour Port-Royal.

En 1676, après une absence de 3 ans, il revint à Montréal. Ses parents comprenant bien qu'il ne deviendrait jamais prêtre, ne lui en tinrent pas rigueur. Ainsi, son père lui demanda d'accompagner sieur Benoît Belhumeur, un de ses associés, avec son petit groupe, à Sainte-Marie-du-Sault, près de la rive est du lac Supérieur, pour faire le commerce des fourrures.

À dix-sept ans, il s'embarque sur L'Esterlet, un brigantin de deux mâts appartenant à son père, après avoir été nommé quartier-maître timonier. À Gaspé, on lui propose de devenir second maître sur un vaisseau du roi, L'Aunis. Un trois-mâts qui fait l'aller et retour entre la France et la Nouvelle-France.

On est à peu près certain qu’il navigua fréquemment sur le bateau de son père, dans le Saint-Laurent, et qu’il alla en France à plusieurs reprises. En 1683, notamment, le gouverneur Le Febvre de La Barre lui confia la mission de porter ses dépêches à la cour.

Conquête de la baie d'Hudson

Carte de la baie d'Hudson à l'époque où d'Iberville y fit campagne.
Le siège et la prise de fort Bourbon en 1694.

D’Iberville, devenu cadet de la marine royale pendant 4 ans, très bon canotier et manœuvrier, commence sa carrière militaire en 1686, sous les ordres de Pierre de Troyes, Chevalier de Troyes, à la Baie d'Hudson. Il est accompagné de deux de ses frères, Jacques, sieur de Sainte-Hélène, et Paul, sieur de Maricourt. Ils prennent part à l’expédition organisée contre les postes anglais dans la région de la baie d’Hudson. Celle-ci, partie de Montréal, pour remonter la rivière des Outaouais et arriver à la Baie de James, comprend une centaine d'hommes, plus des guides indiens, avec trente-cinq canots et vingt-sept traîneaux à chiens[8]. Inspirés par la fougue et la bravoure de Pierre, ils attaquèrent le fort Monsoni (l’actuel Moose Factory en Ontario) sur le bord de la rivière de même nom (aujourd'hui la rivière Moose), qu'ils capturent[4].

De Troyes passe ensuite à l'attaque des trois autres postes anglais de la baie James : le fort Charles, le fort Albany et un entrepôt dans l’île Charlton. De Troyes et Sainte-Hélène prennent le fort Charles, le , tandis qu’Iberville capture le Craven, navire de la Compagnie de la baie d'Hudson ancré dans le port. Les défenseurs du fort Albany se rendent sans condition le [4]. La conquête achevée, de Troyes part en laissant d'Iberville et une troupe sur place. Celui-ci était désormais gouverneur des trois postes capturés qui furent rebaptisés l’un Saint-Louis (Moose), l’autre Saint-Jacques (Rupert) et le troisième Sainte-Anne (Albany). Dans les années qui suivent, il continuera à guerroyer dans la région[4].

D'Iberville est de retour en France en 1687–1688. Il convainc les autorités de l'aider à mettre sur pied une nouvelle expédition à la baie d'Hudson afin de renforcer les postes nouvellement conquis. Il obtient le commandement d'un excellent navire d’escorte, le Soleil dAfrique, et retourne à la baie James, en passant par Québec, au cours de l’été de 1688. En septembre, les Anglais tentent de reprendre leurs anciens postes. Alors qu'il quitte le fort Sainte-Anne, deux navires anglais qui essayaient de réoccuper le fort Albany le bloquent avant qu’il n’ait pu sortir de la rivière Albany. À l’arrivée de l’hiver, les trois vaisseaux sont prisonniers des glaces. Pendant l’hiver de 1688–1689, on fait preuve de traîtrise et de bassesse dans les deux camps. La dureté des conditions de vie fait en sorte que les Anglais, moins bien préparés, finissent par se rendre. Iberville quitte la baie James en , après avoir capturé un autre vaisseau anglais au mois de juillet précédent. Bien que les Anglais demeurent en possession de Port Nelson, il avait contré leurs tentatives pour réoccuper le sud de la baie. Il est de retour à Québec, le [4].

La guerre de la Ligue d'Augsbourg vient de commencer en Europe entre la France et l'Angleterre. D'Iberville prend alors part à la campagne d’hiver de 1690, organisée par Frontenac contre les colonies anglaises du Sud. Il est commandant en second d'un détachement de 114 Canadiens et 96 Amérindiens qui se porte à l'attaque de Corlaer (Schenectady, N.Y.). L'établissement est capturé, pillé et incendié. Une soixante d’habitants sont massacrés et l'on fait quelques prisonniers[4].

L'état de guerre entre la France et l’Angleterre lui rend plus aisée la tâche de chasser les Anglais des régions nordiques. Iberville quitte Québec pour la baie d’Hudson en . Les moyens mis à sa disposition (trois petits vaisseaux armés de 30 canons et montés par 80 hommes seulement) sont cette fois insuffisants. À la fin du mois d’août, il arrive devant le fort York, mais doit s’enfuir devant un navire ennemi mieux armé. Il s'échappe et décide d'attaquer New Severn (Neue Savanne), un avant-poste situé à environ 250 milles au sud-est du fort York. Celui-ci tombe sans grande résistance. D'Iberville passe l’hiver dans le nord et est de retour à Québec, en , avant d'embarquer pour la France. Les objectifs des Français n’étaient pas encore atteints : le fort York, principal établissement des Anglais à la baie d'Hudson, était toujours en leur possession[4].

Au cours des années suivantes, d'Iberville continue à faire la guerre aux Anglais sur les rives de la baie d'Hudson. Ceux-ci s'accrochent et il ne parvient pas à les en expulser. En 1694, il est nommé, pour la quatrième fois de suite, à la tête d’une expédition contre le fort York. La situation des Français s'était alors détériorée dans le Nord. Les Anglais avaient repris le fort Albany en 1693. Iberville prit le commandement du Poli et son frère Joseph Le Moyne de Serigny celui de la Salamandre. Partant de Québec le , ils arrivent à la rivière Hayes le . Le , il somme la garnison anglaise du fort York de se rendre. Celle-ci obtempère. Le groupe d'Iberville passe l'hiver dans le fort capturé, qui a été rebaptisé fort Bourbon[4].

D'Iberville avait finalement conquis le poste le plus important de la Compagnie de la baie d'Hudson. « Néanmoins, les avantages de la campagne avaient été réduits à néant par la reprise du fort Albany, par James Knight en 1693, et l’abandon du sud de la baie par les Français.» Le valeureux soldat canadien ne put jouir bien longtemps de cette capture. En effet, dès 1696, les Anglais reprirent le fort York et s’emparèrent en même temps d’une cargaison de fourrures de grande valeur[4].

Campagne contre Terre-Neuve

Le saccage des établissements anglais à Terre-Neuve en 1696. D'Iberville assume l'essentiel de cette mission.

En 1695, d’Iberville reçoit l’ordre du gouverneur de la Nouvelle-France, Frontenac, d’attaquer les fortifications anglaises sur les rivages de l’Atlantique, du fort William Henry, sur la frontière entre les colonies britannique de Nouvelle-Angleterre et française d'Acadie, à Saint-Jean (Terre-Neuve). Au printemps 1696, après avoir détruit le fort William Henry, il effectue la traversée entre la Nouvelle-France et Terre-Neuve avec une flotte de trois navires jusqu’à la principale ville française de Terre-Neuve, Plaisance[9]. La France et l’Angleterre avaient passé un accord de pêche pour l’exploitation des poissons des Grands Bancs de Terre-Neuve. Cependant, avec la guerre de la Ligue d'Augsbourg, la France et l'Angleterre se retrouvaient dans des camps opposés. La mission militaire principale de d’Iberville est d'expulser les Anglais de Terre-Neuve et du Labrador[4].

D’Iberville et ses soldats quittent Plaisance le et traversent par voie de terre jusqu’à l'actuel Ferryland, 50 miles plus au sud de Saint-Jean. Neuf jours plus tard, ayant rassemblé ses soldats et ses marins, il fait attaquer la capitale anglaise, qui capitule le . Après avoir incendié St. John's, d’Iberville et ses Canadiens saccagèrent presque entièrement les pêcheries anglaises sur la côte est de Terre-Neuve. D’Iberville lança des raids contre les villages éloignés, les brûlant et les pillant, et faisant des prisonniers.

À la fin de l'expédition, en , il ne resta plus aux Anglais que deux établissements à Terre-Neuve : Bonavista et Carbonear. Pendant cette offensive qui dura quatre mois, d’Iberville fit détruire 36 établissements anglais. Cette campagne fut la plus importante et la plus destructrice de sa carrière. Cependant, le , il reçut l'ordre de se rendre à nouveau à la baie d'Hudson et dut abandonner son projet de consolider ses victoires en chassant complètement les Anglais de Terre-Neuve[10],[4], Les Français ne jouirent pas longtemps de cette prise. Le traité de Ryswick, signé en au terme de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, stipulait que le fort York devait être rendu à l'Angleterre[4],

Retour à la baie d'Hudson

Le siège et la prise de fort Nelson, en septembre 1697.

En effet, la présence d'Iberville était requise à la suite de la reprise, par les Anglais, du fort York. Les autorités royales espéraient que leur valeureux guerrier parviendrait à redresser la situation. D'Iberville, à la gouverne de son Pélican, livra alors le plus fameux combat de toute sa carrière. Le groupe de navires français s'acheminait vers le fort York. Le Pélican, qui avait précédé l’escadre, entra dans l’embouchure de la rivière Hayes le . Le lendemain, il fut attaqué par trois vaisseaux de guerre anglais lourdement armés : le Hampshire, le Dering et le Hudsons Bay.

Bien qu'en position d’infériorité, Iberville se porta à l'attaque. Un duel d’artillerie s'ensuivit. Esquivant habilement les coups de l'ennemi, d'Iberville réussit à couler le Hampshire. Par la suite, le Hudsons Bay fut capturé, mais il sombra peu après. Le Dering parvint cependant à s'échapper, car le Pélican, lourdement endommagé par les canons du Hampshire, ne put se lancer à sa poursuite. Le vaisseau de d'Iberville dut finalement être abandonné à la suite d'une tempête. Les trois autres vaisseaux de l’escadre française arrivèrent enfin et, après cinq jours de combat, le fort York tomba à nouveau (). D'Iberville confia le commandement de la baie d’Hudson à Serigny et quitta le Nord dès la fin de septembre[4].

Fondation de la Louisiane

Estampe de 1699 rappelant l'exploration du Mississippi et la fondation de la Louisiane par Cavelier de la Salle et d'Iberville.
Plaque que Pierre Le Moyne, sieur d'Iberville plaça pour marquer le premier établissement permanent de la Louisiane à Biloxi.

D’Iberville se rend en France en 1697, où il est choisi par le ministre de la Marine comme chef d’une expédition d’exploration afin de redécouvrir l'embouchure du fleuve Mississippi et de coloniser la Louisiane que les Britanniques convoitaient. Les expéditions antérieures « s’étaient accomplies en partant de la Nouvelle-France et en descendant le cours du fleuve. Iberville devait maintenant remonter le fleuve en partant du golfe du Mexique[4]

Il embarque à Rochefort avec son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville et François de La Rochefoucauld, chevalier de Surgères, qui commandait la frégate Le Marin. L'escadre française met les voiles de Brest le . Elle arrive à Saint-Domingue (Haïti), le . D'Iberville poursuit son périple au nord vers la Floride et ensuite à l’ouest, en suivant la côte nord du golfe du Mexique jusqu’au Mississippi. En cours de route, il passe, le , devant l’île de Santa Rosa, face à Pensacola, une ville espagnole, en Floride. D’Iberville part pour la baie de Mobile, et commence à explorer l’île Massacre, appelée plus tard Dauphin Island. Il s’arrête entre Cat Island et Ship Island le , puis continue ses explorations. « Le , il réussit là où Robert Cavelier de La Salle a échoué : il trouve, par voie de mer, l’embouchure du Mississippi.»[11]

Arrivé à Biloxi. Il y construit le un fort, appelé Fort Maurepas ou Old Biloxi, au nord-est de la Baie de Biloxi, à proximité de la ville actuelle de Ocean Springs[12]. Puis le , d'Iberville retourne en France, laissant une garnison de 81 hommes et son frère Bienville. Une fois en France, il est fait chevalier de Saint-Louis (le premier Canadien de naissance à recevoir cet honneur) et recommande la colonisation et l'exploitation immédiates de la Louisiane. Il basa ses recommandations non pas tant sur la présence de ressources naturelles, qui à elles seules auraient à peine justifié un effort majeur, que sur le besoin urgent de contrer la menace de l'expansion anglaise imminente dans les Carolines. Le ministre est sensible à ses arguments et lui donne les moyens d’entreprendre un deuxième voyage d’exploration, en [4].

La Renommée, l’un des petits vaisseaux utilisés par d'Iberville pour explorer le fleuve Mississippi et la côte du golfe du Mexique.

Lors de ce deuxième voyage, il atteint Biloxi en . Il bâtit un second fort, le fort Mississippi, 40 milles en amont de Biloxi. Il décide alors de retourner en France. Il s'arrête à New York afin d'y vendre 9000 fourrures que les coureurs des bois lui avait cédées. La question de la traite des fourrures serait d'ailleurs essentielle dans ce projet de colonisation de la Louisiane. La métropole encourageait en effet ouvertement les coureurs de bois et les Indiens à y venir. Lors de son séjour en France, d' à , d'Iberville incita à nouveau les autorités royales à s’engager à fond en Louisiane et à repousser l’expansion anglaise à l’ouest des Appalaches[4].

Iberville quitte La Rochelle avec trois vaisseaux, le . Lors de ce troisième voyage, il édifie à Mobile le fort Saint-Louis. Dans cette région, Henri de Tonti l'aide à établir de bonnes relations avec les Amérindiens. Il revient en Louisiane une dernière fois, en 1702, avec trois navires[13]. Il fait élever des casernes et des magasins sur l’île Dauphine qui finit par devenir le quartier général de la colonie[14]. « Même si, par la suite, il fit des préparatifs pour conduire plusieurs expéditions dans la colonie, ses plans furent contrecarrés soit par sa santé chancelante soit en raison des embarras que connaissait le trésor royal ou encore par l’extrême faiblesse dans laquelle se trouvait la marine marchande, déjà fort éprouvée avant la guerre de Succession d’Espagne[4].» Son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville devait fonder la Nouvelle-Orléans en 1718.

Conquête de Nevis et mort d'Iberville

La guerre de Succession d’Espagne faisant rage depuis déjà quelques années, d'Iberville dirige, au début de 1706, une escadre de onze bâtiments (neuf vaisseaux, deux frégates) afin de se porter à l'attaque des établissements anglais des Antilles[15]. Le , il capture l’île de Nevis, colonie britannique des Antilles. Les occupants pillèrent et dévastèrent ce « jardin des Antilles » qui, à leur départ le , n'était plus qu' « une lamentable ruine »[4] (vingt-deux bâtiments anglais armés en guerre ou en commerce capturés, 15 millions de perte, dont 7 000 esclaves[16]). Cette expédition malheureuse entacha la renommée d'Iberville. Reconnu coupable de malversations diverses et de trafic clandestin, la majeure partie de ses biens fut, après sa mort, saisie en guise de dédommagement[4].

D'Iberville meurt soudainement à La Havane, « vraisemblablement le , à bord du Juste, d’une maladie dont la nature n’a pas été révélée[4]», qui est peut-être la fièvre jaune. Il s'était peut-être rendu dans cette ville pour y vendre du fer français[11], mais beaucoup plus probablement pour y chercher des renforts en vue des opérations futures sur les côtes américaines[17]. Il est enterré le jour même sous l'église de San Cristobal, à la Havane. Par la suite, sa dépouille est transférée au Palais des Capitaines Généraux, dans ce qui est aujourd'hui le musée de la ville de la Havane (Museo de la Ciudad de La Habana), où l'on peut aujourd'hui voir sa pierre tombale dans un coin du musée, au niveau du sol.

Une théorie sur la mort d'Iberville est qu'il aurait été empoisonné par des agents à la solde des Britanniques[réf. souhaitée], cependant cela reste à confirmer.

Vie privée

Une jeune femme, Jeanne-Geneviève Picoté de Belestre accusait d'Iberville de l’avoir séduite, de lui avoir promis le mariage. Elle prétendait de plus qu'il était le père de l’enfant qu’elle attendait. Les tuteurs de cette jeune femme intentèrent une action en justice contre lui. Le Conseil souverain le déclara coupable, en . Il fut forcé d'assurer la subsistance de l'enfant, qui était né, jusqu’à l’âge de 15 ans. La jeune femme aurait voulu que d'Iberville en fit sa femme. Le Conseil souverain ne l'obligea pas à le faire[4].

Il épousa finalement Marie-Thérèse Pollet, le . Elle était la fille de François Pollet de La Combe-Pocatière (mort en 1672), membre du régiment de Carignan-Salières, et de Marie-Anne Juchereau de Saint-Denis[4].

Hommages

La rivière d'Iberville, sur une carte de la Floride par James Cook en 1766 : « A draught of West Florida, from Cape St. Blaze to the River Iberville »
Statue de Pierre Le Moyne d'Iberville au Parlement de Québec.

Galerie de lettres

Notes et références

  1. On trouve aussi la graphie « Lemoine ». « LeMoyne » ne se rencontre que dans la bibliographie américaine.
  2. Le ham. d'Hiberville (1403) ; France vavassourerie nommée la vav. d'Iberville (13-6-1434) ; Fief d'Iberville (6-11-1456) ; Fief assis à Iberville (1503) ; 1/8 de fief d'Iberville (1607) ; Iberville 1/4 de fief (1708) ; Fief d'Iberville (1668) ; Hiberville (1658) ; Iberville (1732) ; Iberville (1715) ; Yberville (1877) ; Hyberville (1953) ; Hyberville (1957)
  1. Yves Cazaux, L’Acadie. Histoire des Acadiens, Paris, Albin Michel, , 476 p., p. 224
  2. (en) Alcée Fortier et Charles Herbermann (dir.), Pierre Le Moyne, Sieur d'Iberville, vol. 7, New York, Robert Appleton Company, (lire en ligne).
  3. Culture et communication Québec, « Le Moyne d'Iberville et d'Ardillères, Pierre », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Gouvernement du Québec, (consulté le ).
  4. Bernard Pothier, « LE MOYNE D’IBERVILLE ET D’ARDILLIÈRES, PIERRE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003–
  5. Culture et communication Québec, « Le Moyne de Longueuil et de Châteauguay, Charles », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Gouvernement du Québec, (consulté le ).
  6. Culture et communication Québec, « Thierry dit Primot, Catherine », Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Gouvernement du Québec, (consulté le ).
  7. Programme de recherche en démographie historique, Université de Montréal
  8. Canada-Québec(Synthèse Historique), Montréal, Qc., 1977, p. 116.
  9. Canada-Québec(Synthèse Historique), Montreal, Qc., 1977, p. 123.
  10. Canada-Québec(Synthèse Historique), Montréal, Qc., 1977, p. 124
  11. « Les explorateurs : Pierre Le Moyne d’Iberville 1686-1702 », sur Musée canadien de l'histoire
  12. Canada-Québec (Synthèse Historique), Montréal, Qc., 1977, p. 135
  13. La Renommée, qu’il commande, le Palmier, dirigé par son frère Sérigny et l’Enflammé, sous les ordres de LaRonde Denis. Marmette 1878, p. 158.
  14. Marmette 1878, p. 158.
  15. Cette escadre était composée des vaisseaux le Juste (60 canons), le Phénix (60), le Prince (56), le Brillant (64 canons), le Glorieux (64), l’Apollon (56), le Fidèle (58), l’Aigle (34), le Ludlow (30) ; des frégates Milfort (30) et de la Nymphe (26). Il y avait aussi des flûtes, des brigantins, des corsaires. L’idée de départ, approuvée par Louis XIV, était d’attaquer la Nouvelle-Angleterre, New-York et Terre-Neuve, d’où le grand nombre de bâtiments engagés. La Roncière 1932, p. 498-499.
  16. La Roncière 1932, p. 500.
  17. La Roncière 1932, p. 498-501.

Sources et bibliographie

Ouvrages récents

Ouvrages anciens

  • Pierre Le Moyne d’Iberville, « Relation de Monsieur d’Iberville, depuis son départ de la Martinique, jusqu’à la prise et capitulation de l’île de Niéves, appartenante aux Anglois », Mercure Galant, Paris, , p. 282-319 (lire en ligne)
  • Guy Frégault, Iberville le conquérant, Montréal, Éditions Pascal, 1944, 415 p.
  • Louis Le Jeune, Le chevalier Pierre Le Moyne, sieur Iberville, Ottawa, Éditions de l'Université d'Ottawa, 1937, 253 p.
  • Desmazures, Adam-Charles-Gustave, Histoire du chevalier d'Iberville, 1663-1706, Montréal, J.M. Valois, libraire-éditeur, 1890, x, 291 p. (lire en ligne)
  • Léon Guérin, Les navigateurs français : histoire des navigations, découvertes, et colonisations françaises, Belin-Leprieur et Morizot, (lire en ligne), p. 386 et suiv.
  • Charles La Roncière, Histoire de la Marine française : Le crépuscule du Grand règne, l’apogée de la Guerre de Course, t. 6, Paris, Plon, , 674 p. (lire en ligne)
  • Charles La Roncière, Une épopée canadienne, Paris, La Renaissance du livre, coll. « La Grande Légende de la mer », , 255 p.
  • Joseph Marmette, Les Machabées de la Nouvelle-France : histoire d’une famille canadienne, 1641-1748, Québec, Léger Brousseau, , 180 p. (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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