Pierre Mamboundou

Pierre Mamboundou, né le à Mouila dans le sud du Gabon et mort le à Libreville, est un homme politique gabonais[1]. Il fut le leader de l'Union du Peuple Gabonais (UPG), principal parti d'opposition gabonais qu'il a créé en 1989, et se présenta trois fois candidat à l'élection présidentielle[2].

Pierre Mamboundou
Fonctions
Député à l'Assemblée nationale du Gabon
Législature IXe et XIe législature
Prédécesseur Mapangou-Moucani Muetsa
Successeur Solange Mbondzi
1er maire de la commune de Ndendé
Élection
Réélection
Successeur Fidèle Mouloungui
Président de l'Union du peuple gabonais
Directeur des relations extérieures de l'ACCT
Biographie
Nom de naissance Pierre Mamboundou Mamboundou
Date de naissance
Lieu de naissance Mouila, province de la Ngounié (Gabon)
Date de décès (64 ans)
Lieu de décès Libreville, province de l'Estuaire (Gabon)
Nationalité Gabonaise
Parti politique Union du peuple gabonais (UPG)
Conjoint Augustine Mamboundou
Enfants Joan Dana mamboundou
Cédrique Mamboundou
Frédérique Mamboundou
Sandra Mamboundou
Grégory Mamboundou
Diplômé de Université de Perpignan
France
Profession Ingénieur des travaux de télécommunication
Religion Protestant

Biographie

Famille

Né d'un père commerçant, Pierre Mamboundou, d'ethnie punu[3], est l'aîné d'une fratrie de sept enfants. Il passe la majeure partie de son enfance à Mouila. C'est là qu'il rencontre Augustine Balouki, une Gabonaise, qu'il épouse en 1969 et avec qui il aura 5 enfants.

Parcours académique

Pierre Mamboundou fait ses études primaires à l'école communale A de Mouila. Il entre au collège catholique Saint-Gabriel de Mouila pour effectuer son premier cycle d'études secondaires. En classe de seconde, il rejoint le collège catholique Bessieux, avant de poursuivre au lycée national Léon-Mba de Libreville où il obtient son baccalauréat scientifique. Il intègre ensuite l'université de Perpignan en France dont il sort ingénieur des travaux en télécommunication[2].

Un enseignant en physique lui fait la proposition de dispenser des cours au Centre Régional d’Études Universitaires de la Formation Permanente à Perpignan (CREUFOP). C'est donc en tant qu'enseignant de physique qu'il entre dans la vie active. En 1988, il est admis à la Société Française de Physique (SFP)[4].

Carrière professionnelle

Pierre Mamboundou quitte ensuite la France et rejoint Libreville où il dirige brièvement l'Agence Commerciale de Télécommunications et travaille à la mise en place du Centre national de télécommunication (CENACOM).

Il retourne en France en 1979 en tant que chef des projets à la direction scientifique et technique de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), ancêtre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF)[3]. Quelques années plus tard, il devient chargé de mission auprès du secrétaire général de l'organisation, puis directeur des relations extérieures. Il mène plusieurs missions auprès de différents chefs d'État et de gouvernement pour le compte de l'organisation afin de promouvoir l'usage de la langue française. Il travaille également à la préservation des langues nationales africaines.

L'exil à Dakar

Fréquentant l'opposition, Pierre Mamboundou crée le l'Union du peuple gabonais (UPG)[5].

Expulsé de France en , Pierre Mamboundou part en exil à Dakar au Sénégal[6],[2]. Pendant ses trois années d'exil, il apprend le wolof. Il prend contact avec les étudiants gabonais au Sénégal qu'il convie à le rejoindre dans le combat qu'il mène. Certains parmi eux deviennent des cadres de son parti.

À Libreville, un procès contre lui le condamne par contumace, le , à dix ans de prison et 10 ans d’interdiction d’exercer ses droits civiques[7].

Pourtant, le , après une semaine de rétention à l'aéroport international de Dakar, il rentre au Gabon mais n'est pas arrêté[5]. Son dossier de candidature à la première élection présidentielle multipartite du est en revanche rejeté, malgré les manifestations de ses partisans[8]. Il participe à trois élections présidentielles par la suite[5].

Le , Pierre Mamboundou tient son premier meeting populaire au Gabon à Kinguélé, un quartier « sous-intégré » situé dans le 3e arrondissement de Libreville. Plus tard, ce quartier réputé frondeur deviendra un fief politique[9].

Omar Bongo remporte le scrutin de 1993. La contestation de cette victoire donne lieu à de violentes émeutes qui embrasent le pays en 1994. La classe politique gabonaise est alors invitée à se retrouver à Paris, mais il refuse de prendre part à la rencontre ; il se fait représenter par le secrétaire exécutif de son parti, Sébastien Mamboundou Mouyama. Il rejette par la suite les accords signés après cette rencontre, jugeant que l'opposition n'a pas eu suffisamment de garanties sur l'organisation d'élections libres, crédibles et transparentes.

Election au parlement en 1996

En 1996, il se porte candidat aux élections législatives à Ndendé dans le département de la Dola (sud du Gabon) ; six autres candidats participent au scrutin. À l'issue du premier tour, il arrive en tête avec 44,61 % des suffrages exprimés et affronte au second tour Lucie Ickapi-Bignoumba Madjinou, qui a recueilli 21,39 % des suffrages[10]. Avec le soutien de son épouse, Augustine Mamboundou, revenue de France pour l'occasion, il remporte le scrutin au deuxième tour. La ville de Ndendé devient par la suite un bastion de son parti qui y remporte toutes les élections. Pierre Mamboundou est le 2e député du département de la Dola, il a succédé à Mapangou Moukagni Mouetsa de l’Alliance pour le Socialisme au Gabon (APSG).

Pour son premier mandat de parlementaire, il est président du groupe Force Démocratique Unies (FDU) à l'Assemblée nationale. Ce groupe parlementaire regroupe les députés de l’Union du peuple gabonais (UPG), du Forum Africain pour la Reconstruction (FAR) et du Parti Social Démocrate (PSD)[11].

Maire de Ndendé

En 1997, Pierre Mamboundou, tout en conservant son mandat de député, est élu maire de la commune de Ndendé, chef-lieu du département de la Dola dans la province de la Ngounié.

Le , il est réélu pour un second mandat[12].

En , il présente un projet de développement global de sa municipalité au président Omar Bongo qui l'approuve ; il obtient une promesse de financement de 11,32 milliards de francs CFA. Cependant, son parti déclare que le ministère de l'économie et des finances n'aura débloqué que 1,9 milliard de francs CFA aux entreprises adjudicatrices des marchés[13]. La même année, il lance le projet radio télévision de la Dola pour couvrir le département de la Dola dont il est le député.

Pour respecter la loi sur le non-cumul de mandats électifs, il cède le fauteuil de maire à Fidèle Mouloungui le pour se consacrer à son mandat de député[14].

Candidature au scrutin présidentiel de 1998

Il devient le leader du Haut Conseil de la Résistance (HCR), la coalition des partis d'opposition formée en 1998[5], pour l'élection présidentielle du . Arrivé second à l'élection présidentielle, avec 16,5 % des voix contre plus de 66 % au président sortant Omar Bongo, il accuse le régime de fraude électorale et présente à la presse des centaines de fausses pièces d'identité qui ont selon lui servi au vote des étrangers[11]. Il introduit un recours en annulation de l'élection pour fraude massive mais la cour constitutionnelle confirme la victoire d'Omar Bongo, dont il refuse l'invitation à un tour de table le [15].

Opposition à la trêve sociale et à la modification constitutionnelle

En 1999, lors de la déclaration de politique générale du gouvernement à l'Assemblée nationale présentée par le Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane et retransmise en direct à la télévision nationale, il réussit en effet à mettre le Premier ministre en difficulté en démontrant que les calculs sur lesquels reposent ses prévisions budgétaires sont faux.

Le Pierre Mamboundou fait une proposition portant modification de la loi électorale. Elle entend :

  • disqualifier le ministère de l'Intérieur dans l'organisation du scrutin ;
  • recomposer la commission électorale afin qu'elle devienne permanente et indépendante ;
  • supprimer les votes par procuration et les ministères techniques ;
  • introduire le bulletin de vote unique et l'ampliation des procès-verbaux des bureaux de vote à tous les candidats.

Il propose également que la commission électorale soit composée à parité (majorité et opposition) avec deux présidents, deux vice-présidents et deux secrétaires. Sa proposition élargit enfin les prérogatives de la commission électorale qui se voit chargée de l'établissement des listes électorales et des cartes d'électeurs, de leur distribution, ainsi que de la détermination des centres de vote[16].

Les députés du Parti démocratique gabonais (PDG), majoritaires, s'opposent à l'examen de cette proposition de loi à l'Assemblée nationale et invitent Pierre Mamboundou à aller débattre de la question à la présidence de la République avec Omar Bongo[17]. Pierre Mamboundou s'y oppose, justifiant son refus par son désir de respecter l'article 5 de la Constitution de son pays selon lequel la République Gabonaise est organisée selon le principe de la séparation des pouvoirs[18].

En 2000, Pierre Mamboundou organise une marche à Libreville les services du ministère de l'éducation nationale pour réclamer la suppression de la « rame de papier » et du « papier hygiénique » dans les listes de fournitures scolaires du primaire et du secondaire. Quelques semaines après, il obtient gain de cause[réf. nécessaire].

Avec les partis membres du Haut Conseil de la Résistance (HCR), il décide de boycotter les élections législatives de 2001 dont il estime que les conditions de transparence du scrutin ne sont pas réunies. Il dit, plus tard, que l'Assemblée nationale élue en 2001 est composée de députés élus par seulement « 15 % des Gabonais ».

Le , il adresse une correspondance à la cour constitutionnelle pour lui faire constater que le gouvernement viole la Constitution en célébrant la fête nationale le . L'article 2 de la loi fondamentale gabonaise dispose en effet : « […] La fête nationale est célébrée le  »[19].

Il s'oppose en 2003 à la trêve sociale de trois ans demandée par le président Omar Bongo aux partenaires sociaux. Il estime qu’une trêve sociale des partenaires sociaux est contraire au droit du travail qui consacre le droit inaliénable de grève. La marche qu'il souhaite organiser pour exprimer son refus de voir signer ladite trêve est interdite par le Général Idriss Firmin Ngari, ministre de l'intérieur. C'est aussi en 2003 qu'il introduit un référé au tribunal de Libreville en vue d'empêcher l'adoption de la modification constitutionnelle instituant le vote à un seul tour pour toutes les élections. Le vote de la modification constitutionnelle est alors interrompu pendant quelques heures au parlement, une première dans l'histoire du Gabon.

Candidature au scrutin présidentiel de 2005

En , Pierre Mamboundou est de nouveau candidat à l'élection présidentielle. Sa propagande électorale est entièrement financée par ses militants au travers de « caisses rouges » qu'il traîne à toutes les étapes de sa tournée et dans lesquelles ses sympathisants versent leur contribution. En deux semaines de campagne électorale, il ne passe à la télévision qu'une seule fois. Cependant, malgré son absence dans les médias, ses meetings sont particulièrement suivis[réf. nécessaire].

À Libreville, une marche réunit entre 30 000 à 40 000 jeunes le . Le il réussit à rassembler 50 000 personnes sur la place de Rio pour son meeting de clôture de campagne, une mobilisation jamais égalée. À Port Gentil, c'est la place du château d'eau qui accueille des milliers de personnes pour son meeting. À Tchibanga et Lambaréné des marches sont organisées suivies de meetings populaires. À Mouila, il est attendu pendant plusieurs heures par dans milliers de partisans, le meeting se tenant finalement nuitamment.

Alors qu'il veut clôturer sa campagne dans la province du Woleu-Ntem, son avion est empêché d'atterrir à Oyem. Il peut tenir un unique meeting à Bitam dans la matinée du .

Après cette campagne houleuse, où son convoi est attaqué à l'entrée d'Okondja (sud-est du Gabon), et où il voit son avion disparaître à Gamba (ouest du Gabon), il arrive selon les résultats officiels en deuxième position derrière Omar Bongo avec 13,57 %[13].

Il conteste avec virulence ces chiffres[20], se déclare vainqueur avec 52 % des suffrages et introduit un recours en annulation de l'élection auprès de la cour constitutionnelle.

Son recours est resté célèbre à cause de l'exception préjudicielle qui l'accompagnait et dans laquelle il demandait à la cour constitutionnelle de ne pas traiter du contentieux car sa composition n'était pas conforme à la constitution. En effet, cinq membres sur les neuf siégeant à la cour accomplissaient leur troisième mandat en violation des dispositions qui limitent à deux le nombre de mandats des conseillers. La malice de sa requête reposait sur une autre disposition légale selon laquelle « la Cour constitutionnelle ne peut valablement siéger qu'en présence des deux tiers des conseillers membres ».

Il récuse l'avocat du gouvernement, présent dans la salle d'audience, estimant qu'il n'avait pas cité le gouvernement dans son exception préjudicielle et que seule la présence de l'avocat de « l'autorité de nomination » des membres de la cour, à savoir le Président Omar Bongo, était nécessaire.

Il met également en avant les liens personnels et familiaux que la présidente, Marie Madeleine Mborantsouo, entretient avec le candidat Omar Bongo et qui l'oblige à se récuser pour ne pas être en situation de juge et partie. Il verse à son dossier des copies d'actes de naissances d'enfants du candidat Omar Bongo (dont Marie Madeleine Mborantsouo est la mère) pour prouver ses affirmations.

Il interpelle publiquement et avec fermeté la présidente, qui devra, selon lui, assumer les conséquences qui pourraient découler d’un jugement contraire aux attentes des Gabonais. Il déclare : « Aujourd'hui je vous dénie le droit et la qualité de statuer dans cette affaire »[21].

Omar Bongo est cependant confirmé vainqueur par la cour constitutionnelle, qui se refuse à trancher la requête sur le fond, la jugeant irrecevable dans sa forme.

Des contestations suivent la proclamation des résultats de l'élection présidentielle du . Le siège national de son parti, situé dans le quartier Awendjè dans le 4e arrondissement de Libreville, est mis à sac par des unités encagoulées de l'armée gabonaise, le . Il échappe de peu à une tentative d'assassinat[réf. nécessaire] et se réfugie à l'ambassade d'Afrique du Sud[5].

Il en ressort un mois après, afin d'initier des négociations avec le régime gabonais. Sa rencontre avec le président Omar Bongo, le , en présence de diplomates, est qualifiée d'historique par la presse[22],[23]. Pierre Mamboundou s'était en effet interdit de rencontrer son adversaire pendant vingt ans. Ces négociations ont depuis lors conduit, entre autres, à la réforme du code électoral et à la mise en place d'une Commission Électorale Nationale Autonome et Permanente (CENAP).

Réélu député en 2006

En , il est à nouveau élu député du département de la Dola et fait son retour dans l'hémicycle. Il est désigné président du groupe parlementaire formé par son parti, l’Union du peuple gabonais (UPG). C'est aussi la première fois que son parti possède son propre groupe parlementaire à l'Assemblée nationale.

Pour améliorer le dispositif légal en matière électorale, Pierre Mamboundou fait une proposition de loi portant « Protection des données à caractères personnelles (Biométrie) » adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale puis par le Sénat.

Il est aussi l'auteur de la loi organique portant « Organisation de la Haute Cour de Justice en République Gabonaise » adoptée par l'Assemblée nationale gabonaise en 2009 concernant le fonctionnement de cette juridiction compétente pour juger le président de la République, les ministres et les présidents d'institutions constitutionnelles.

Affaire île Mbanié

Le , Pierre Mamboundou dépose trois plaintes contre les ministres André Mba Obame, alors ministre de l'intérieur, René Ndemezo'o Obiang, porte-parole du gouvernement et Paul Toungui, ministre des finances, pour tentative de cession d'une partie du territoire national[24]. Cette plainte fait suite aux accusations portées contre eux par la presse, selon laquelle ils auraient négocié la vente de l'îlot Mbanié, potentiellement riche en pétrole, à la Guinée Équatoriale, un pays frontalier du Gabon. Certains journaux de la presse écrite qui rapportent les faits, comme le quotidien L'Union ou l'hebdomadaire Le crocodile, déclarent même être en mesure de présenter les preuves de leurs accusations. Malgré ces plaintes, Pierrette Djouassa, procureur près la cour de cassation, se refuse à déclencher l'action publique.

Consulté en par le président Ali Bongo sur l'affaire Mbanié[25], il défend la position selon laquelle l'île Mbanié est gabonaise et dit s'appuyer sur une convention signée en 1900 par l'Espagne et la France, qui reconnaît à la France la souveraineté sur les îlots Mbanié, Conga et Cocotiers, la France les ayant rétrocédées au moment de l'indépendance en 1960. Cette convention, selon Pierre Mamboundou, est ratifiée en 1901 par le parlement français et confirmée en 1974 par un accord entre le Gabon et la Guinée équatoriale signé par les présidents Omar Bongo et Macias Nguéma grâce à la médiation des présidents Mobutu du Zaïre (actuellement République démocratique du Congo) et Marien Ngouabi du Congo.

À la suite des consultations menées à Libreville, Pierre Mamboundou est invité par Ali Bongo à intégrer la délégation gabonaise auprès du siège de l'ONU à New York, les 24 et , pour mener les discussions face à la partie équatoguinéenne qui revendique elle aussi la souveraineté sur l'île Mbanié[26].

Affaires Gabon Télecom, Bélinga et Air Gabon

En tant que député, Pierre Mamboundou s'oppose devant le Conseil d'État à la privatisation de Gabon Télécom, finalement cédée à Maroc Télécom[27], jugeant le contrat de cession léonin et identifiant six causes de nullité :

  • nullité tirée de l'inexistence du prix ;
  • nullité tirée des modalités de paiement ;
  • nullité tirée de la condition potestative résultant de l’insertion d’une clause léonine rompant l’égalité des parties devant la convention ;
  • nullité tirée de la convention d’arbitrage ;
  • nullité tirée de la violation du code du travail ;
  • nullité tirée la confidentialité de la convention de cession[28].

Il est empêché de s'exprimer sur le sujet dans l'hémicycle par Guy Nzouba-Ndama, président de l'Assemblée nationale[29].

Pierre Mamboundou demande et obtient l'augmentation de la participation de l'État au capital de la Compagnie Minière de Bélinga (COMIBEL). Il dénonce la privatisation de l’Office des Chemins de fer Transgabonais (OCTRA) ainsi que la liquidation de la compagnie nationale Air Gabon dont il défend les 1 200 licenciés. Il se bat également pour la revalorisation du SMIG et pour l'augmentation du point d'indice des fonctionnaires gabonais.

En 2009, il appelle à la révision du contrat de concession de la Société d'énergie et d'eau du Gabon (SEEG) au groupe français Veolia. Il souhaite à cet effet que soit augmenté le capital de la SEEG pour permettre l'entrée au capital d'un opérateur spécialiste de la fourniture d'électricité afin d'améliorer les prestations offertes aux populations.

Candidature au scrutin présidentiel de 2009

Il est à nouveau candidat à la présidentielle, le , après le décès d'Omar Bongo, survenu le , et est soutenu par l’Alliance pour le changement et la restauration (ACR), une coalition de cinq partis politiques de l’opposition créée en et rassemblant l’Union du peuple gabonais (UPG) de Pierre Mamboundou, l’Alliance nationale des bâtisseurs (ANB) de Séraphin Ndaot Rembogo, l’Union pour la nouvelle république (UPNR) de Louis Gaston Mayila, le Rassemblement national des bûcherons (RNB) de Pierre-André Kombila Koumba et le Parti socialiste gabonais (PSG) d’Adrien Mboumb King[30].

Pierre Mamboundou promet, entre autres, la restauration de l'autorité de l'État ainsi que la réduction de son train de vie, la suppression des institutions dont l'existence n'est pas indispensable, la scolarité obligatoire et gratuite de six à seize ans, la généralisation des allocations d'études de l'enseignement supérieur et des allocations familiales, les soins de base gratuits sur toute l'étendue du territoire[31].

L'élection a lieu le et il est officiellement classé troisième avec 25,22 % des suffrages exprimés. Il se proclame cependant vainqueur avec 39,15 % et met au défi ses adversaires de produire les procès-verbaux des bureaux de vote prouvant le contraire, mettant à disposition de la presse ceux qu'il possède[32]. Le , alors qu'il prend part à un sit-in devant le siège la commission électorale pour réclamer que soient proclamés « les vrais résultats sortis des urnes »[33], il est de nouveau l'objet d'une tentative d'assassinat orchestrée par un bataillon d'élite de l'armée gabonaise[réf. nécessaire]. Il est grièvement blessé et est évacué par sa sécurité rapprochée[34],[35],[36].

Le , alors qu'il se trouve depuis quatre mois à Paris pour des raisons de santé, Pierre Mamboundou rencontre Ali Bongo Ondimba en tête-à-tête. C'est leur première rencontre depuis l'élection présidentielle contestée du [37]. Il achève son séjour à Paris le . Arrivé à Libreville le même jour, il est accueilli à l'aéroport par une foule de plusieurs milliers de militants enthousiastes[38]. Dans son allocution à la presse, il remercie le gouvernement français de s'être occupé de ses soins médicaux ainsi que le Président Nicolas Sarkozy qui l'a invité au cours d'un tête-à-tête à venir se faire soigner au Val-de-grâce à Paris[39]. Il invite également le peuple gabonais à le soutenir ainsi que sa coalition dans les décisions importantes qu'ils devront prendre.

Il entame une tournée dans la province de l'Estuaire par un meeting au « carrefour charbonnages » dans le 1er arrondissement de Libreville. Il plaide à nouveau pour l'instauration des données biométriques dans la confection du fichier électoral[40].

Mort

Alors qu'il reprend ses activités politiques et intensifie son combat en faveur de l'introduction de la biométrie dans le système électoral, Pierre Mamboundou meurt le des suites d'une crise cardiaque, à son domicile[41],[42]. Quelques heures avant son décès, il avait présidé la traditionnelle réunion hebdomadaire du Conseil exécutif de l'UPG.

A Libreville, Mouila et Ndendé, son corps est exposé devant des milliers de personnes en pleurs et des marches sont organisées en son hommage.

En France, Nicolas Sarkozy adresse une lettre de condoléances à sa famille tandis que plusieurs parlementaires français, dont François Hollande, signent le livre de condoléances dans lequel ils vantent son combat pour la démocratie et la liberté.[réf. nécessaire]

Pierre Mamboundou repose à Ndendé, en face de la mairie qu'il a fait construire et à proximité du mausolée de l'ancien vice-président Paul Marie Yembit.

Héritage politique

Le , le gouvernement annonce, par l'intermédiaire du ministre de l'Intérieur Jean François Ndongou, la confection d'une liste électorale biométrique ainsi que l'introduction de la biométrie dans le système électoral dès 2013[43]. Les élections locales de 2012 en permettront l'expérimentation.

Le stockage et la sécurité des données biométriques sont assurés conformément à la loi portant protection des données à caractères personnels proposée par Pierre Mamboundou et adoptée en 2009. Cette loi garantit la liberté des citoyens face aux usages attentatoires à la liberté des technologies numériques[44]. En effet, elle décline les limites de l'usage de l'informatique conformément au titre préliminaire des droits fondamentaux de la Constitution du Gabon.

Dans un pays où de nombreux opposants ont, à un moment ou un autre, rallié le pouvoir pour accéder à des postes ministériels ou honorifiques, Pierre Mamboundou a laissé derrière lui une image d’opposant n’ayant jamais succombé à la tentation[5].

Notes et références

  1. « Pierre MAMBOUNDOU : Biographie, Tombe, Citations, Forum... », sur JeSuisMort.com (consulté le )
  2. « Gabon : décès de l’opposant Pierre Mamboundou – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  3. « Gabon : décès de l'opposant historique Pierre Mamboundou », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Biographie du Président Pierre Mamboundou », sur www.upg-gabon.org,
  5. « Gabon: Mamboundou, l’opposant historique des Bongo, père et fils », Jeune Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Gabon : Présidentielle du 30 août 2009, Les candidats », sur afrique-express.com,
  7. « Spécial Indépendance an 51, Quelques repères temporels », Croissance Saine Environnement, no 61, , p. 2
  8. « L'UPG et Pierre Mamboundou sèment la terreur à Libreville », L'Union, no 5350, , p. 1
  9. « Pierre Mamboundou et l'ACR assurés de leur victoire », L'Union, , p. 3
  10. « Les premiers ballotages connus », L'Union, , p. 3
  11. « ... », Jeune Afrique Économie, no 278, , p. 90
  12. « Résultats province de la Ngounié », L'Union, , p. 4
  13. « Gabon  : Recherche opposition désespérément… », Jeune Afrique, no 2460,
  14. « ... », L'Union, , p. 2
  15. « L'opposition fait dans la surenchère », L'Union, no 6888, , p. 1-3
  16. « L'examen du texte de l'opposition suspendu », L'Union, , p. 2
  17. « Ndemezo'o Obiang recommande la voie politique pour la révision de la Loi 10/98 », L'Union, , p. 3
  18. [vidéo] Émission Le Débat sur la RTG1 : invité Pierre Mamboundou sur Dailymotion, novembre 2005, voir à 17 min 20 s
  19. « Constitution de la République gabonaise », article 2, dernier alinéa
  20. « Le Gabon ôtage de Bongo », Afrique XX1, no 6, , p. 10-11
  21. [vidéo] Pierre Mamboundou à la Cour constitutionnelle sur Dailymotion
  22. « ... », Jeune Afrique, nos 2364 et 2376,
  23. « Bongo Ondimba-Mamboundou : La rencontre ! », L'Union, , p. 1-2
  24. « Affaire Mbanié : Pierre Mamboundou porte plainte contre les ministres concernés », sur Gaboneco.com,
  25. [vidéo] Radio Télévision Gabonaise sur YouTube, 13 février 2011
  26. « Gabon / Politique : Ali Bongo et Pierre Mamboundou à New York pour l’Ile Mbanié », sur agpgabon.ga
  27. « Affaire Gabon Télécom et Libertis : La Cour Constitutionnelle porte l'estocade », L'Union, no 9528, , p. 1-2
  28. « Position du groupe UPG sur la privatisation de Gabon Télécom », , p. 4-5 [PDF]
  29. « Gabon : Pierre Mamboundou claque la porte de l'Assemblée nationale pour avoir été interrompu par le président de cette institution Nzouba Ndama »,
  30. Mathilde Debain, « Chronique d'une victoire assurée. Retour sur la campagne présidentielle de 2009 au Gabon », Politique africaine, vol. 3, no 115, , p. 27-46 (lire en ligne, consulté le ).
  31. 2009, « Programme commun de gouvernement de l'Alliance pour le changement et la restauration (ACR) »
  32. « Gabon. Mamboundou affirme avoir gagné les élections », sur Ouest-france,
  33. « L'opposition refuse d'admettre la victoire d'Ali Bongo », sur Le Point,
  34. « Incidents après la victoire d'Ali Bongo », sur Le Monde.fr,
  35. « Les observateurs de l'UA relèvent des irrégularités », sur Le Figaro.fr
  36. « Coup de force au Gabon », sur lejdd.fr
  37. « L’opposant Pierre Mamboundou reçu par Ali Bongo Ondimba à Paris », sur agpgabon.ga,
  38. « Pierre Mamboundou de retour au Gabon », sur afrik.com,
  39. « Dans quelques jours, nous serons fixés sur tout ce qui s’est passé, Pierre Mamboundou (Président de l’UPG), discours intégral », sur gabonews.ga,
  40. « Politique / Pierre Mamboundou plaide pour la biométrie et des législatives transparentes », sur gabonews.ga,
  41. « Gabon : décès de l'opposant historique Pierre Mamboundou », sur romandie.com
  42. Journal d'Africa no 1, édition du 16 octobre à 20h GMT
  43. « La biométrie pour établir les listes électorales au Gabon », sur rfi.fr
  44. Pierre Éric Mbog Batassi, « Gabon : système électoral biométrique à compter de 2013 », sur afrik.com

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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