Pierre Marie Alexandre Dumoutier
Pierre Marie Alexandre Dumoutier, né à Paris le , où il est mort le [1], est un phrénologiste, créateur d'un musée phrénologique dont les collections sont actuellement conservées au musée de l'Homme.
Biographie
Il naît à Paris, où il étudie la médecine, apparemment sans aller jusqu'au doctorat[2]. Il est d'abord aide d'anatomie à la faculté de médecine, puis professeur libre d'anatomie[2]. En 1827, il devient membre de la Société anatomique de Paris et son nom figure entre 1838 et 1846 dans la liste des membres correspondants de cette société[2]. Il semble qu'il ait assisté aux cours donnés à Paris par le physiologiste allemand Johann Gaspar Spurzheim et se prend d'intérêt pour la phrénologie. Il participe en 1831 à la création de la Société phrénologique de Paris et reconvertit son domicile du 37 rue de Seine à Paris en centre d'enseignement et en siège social de cette société[3]. Le , il y inaugure un musée phrénologique qui compte, un an plus tard, 600 bustes moulés sur nature, 300 crânes, 200 moulages de cerveau, des têtes de momies et d'animaux[4].
En 1837, Dumoutier est recruté par Jules Dumont d'Urville comme « préparateur d'anatomie et de phrénologie » pour sa seconde circumnavigation à bord de l'Astrolabe[3]. Une épidémie de dysenterie ayant fauché en 1839 un tiers de l'équipage des deux corvettes de l'expédition, il sert également de chirurgien auxiliaire de deuxième classe[3]. Il rapporte du voyage 51 bustes moulés et 200 crânes, dont une partie rejoint son musée phrénologique. Étienne Serres, qui a également participé à l'expédition, écrit de cette collection qu'elle fait « entrer l'anthropologie dans une voie nouvelle de recherches (…) Ainsi reproduits, ce sont en quelque sorte les Océaniens en personne »[5]. La technique de moulage sur nature inventée par Dumoutier est également saluée par les savants de l'époque : Jacques Bernard Hombron écrit que « la Galerie anthropologique Dumoutier est une des richesses les plus précieuses des archives scientifiques »[5].
En 1853 au plus tard, le déclin des thèses phrénologistes et des difficultés financières forcent Dumoutier à fermer son musée, dont les collections sont d'abord entreposées à l'école de médecine[4]. En 1873, après la mort de Dumoutier, elles sont acquises par le Muséum national d'histoire naturelle[4]. Elles sont actuellement conservées au musée de l'Homme.
Références
- Acte de décès à Paris 10e, vue 4/31.
- Ackerknecht 1956, p. 290
- Ackerknecht 1956, p. 291
- Renneville 1998, p. 478
- Blanckaert 1997, p. 120-121
Bibliographie
- Erwin H. Ackerknecht, « P. M. A. Dumoutier et la collection phrénologique du Musée de l'Homme », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, , p. 289-308 (lire en ligne)
- José Ramón Bertomeu Sánchez, « El esqueleto de la viuda Houet: Frenología y medicina legal en Francia durante la década de 1830 », Criminocorpus. Revue d'Histoire de la justice, des crimes et des peines, (lire en ligne)
- Claude Blanckaert, « La création de la chaire d'anthropologie du Muséum dans son contexte institutionnel et intellectuel (1832-1855) », dans Claude Blackaert, Claudine Cohen, Pietro Corsi et Jean-Louis Fischer (coord.), Le Muséum au premier siècle de son histoire, Paris, Éditions du Muséum national d'histoire naturelle, (ISBN 2-85653-516-X)
- Marc Renneville, « Un musée d'anthropologie oublié : le cabinet phrénologique de Dumoutier », Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, , p. 477-484 (lire en ligne)
- Marc Renneville, « Un terrain phrénologique dans le Grand Océan (autour du voyage de Dumoutier à bord de l'Astrolabe en 1837-1840) », dans Claude Blanckaert (s.dir.), Le terrain des sciences humaines (Instructions et enquêtes. XVIIe-XXe siècles), Paris, L'Harmattan, , p. 89-138
- Portail de l’histoire des sciences