Pierre Michon
Pierre Michon, né le à Châtelus-le-Marcheix – au hameau des Cards – dans la Creuse, est un écrivain français.
Pour les articles homonymes, voir Michon.
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Elodie Chamblas-Montel |
Distinctions | Liste détaillée Prix France Culture () Prix Louis-Guilloux () Prix Décembre () Grand prix de littérature de la SGDL () Grand prix du roman de l'Académie française () Petrarca-Preis (en) () Prix Marguerite-Yourcenar () Premio Nonino (d) () Commandeur des Arts et des Lettres () Prix Franz-Kafka () Officier de l'ordre national du Mérite () |
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Biographie
Famille
Pierre Michon naît à Châtelus-le-Marcheix dans la maison de ses grands-parents maternels[1]. Il est le deuxième enfant d'Aimé Michon, lui-même fils d'Eugène Michon et de Clara, née Jumeau, et d'Andrée Gayaudon, fille de Félix Gayaudon et d'Élise, née Mouricaud. Le premier enfant d'Aimé et d'Andrée est une fille, prénommée Madeleine, née à l'automne 1941 et morte prématurément « le au matin »[2]. Le jeune Pierre est élevé par sa mère, institutrice, après que son père a quitté le foyer.
Formation et débuts
Il passe son enfance à Mourioux puis au lycée Notre-Dame de Guéret, où il est pensionnaire.
Il étudie ensuite les lettres à Clermont-Ferrand et veut consacrer à Antonin Artaud un mémoire de maîtrise, projet qu'il abandonne. Il voyage par la suite dans toute la France, ayant rejoint une petite troupe de théâtre ; il n'exerce pas de profession stable.
Reconnaissance
Pierre Michon se fait connaître en 1984 avec Vies minuscules qui reçoit le prix France Culture.
En 2009, il publie Les Onze, livre dans lequel il évoque l'histoire du peintre Corentin et celle de la Révolution française à partir de la description d'un grand tableau représentant les onze membres du Comité de salut public (Robespierre, Saint-Just, Barrère, etc.) pendant la Terreur, tableau qui serait exposé au Louvre — en réalité le peintre et le tableau sont fictifs. Pour ce roman, il reçoit le le grand prix du roman de l'Académie française[3].
En 2015 lui est attribué, pour l’ensemble de son œuvre, le premier prix Marguerite-Yourcenar[4].
Vie privée
Le , il devient père d'une fille prénommée Louise dont la mère est Yaël Pachet (née en 1968)[5], fille de Pierre Pachet (1937-2016), sœur de François Pachet, et cousine de Colombe Schneck et d'Antoine Schneck.
Décorations
- Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres le [6].
- Officier de l'ordre national du mérite[7]
Style et influences
Pierre Michon vise avant tout un travail attentif et soigné de la langue ; dans ce sens, on peut rapprocher ses écrits de la poésie en prose : chaque mot doit pour lui être choisi précisément et avoir une signification propre dans la phrase. Par le même travail, l'écriture de Michon aspire à l'oralité, dans le sens où chaque phrase a une musicalité qui la rapproche d'un discours ou d'un texte poétique chanté. Le premier point a amené certains auteurs[Qui ?] à trouver dans les écrits de Michon une influence des grands orateurs du XVIIe siècle. Quant au second point, on peut y voir une influence de la poésie chantée des troubadours du Moyen Âge, et comme une tentative de retour au langage parlé, avec lequel, semble-t-il, le lien s'est estompé.[réf. nécessaire]
Dans son ouvrage Le Roi vient quand il veut, Michon expose sa vision de la littérature et ses buts littéraires. Il explique notamment son rapport à la peinture, dont on a un exposé dans Les Onze ; ou son rapport à Rimbaud, à qui il a consacré Rimbaud le Fils, ou encore son admiration pour le roman de Flaubert Madame Bovary, dans lequel on trouve, selon lui, une richesse inégalée dans la littérature, à part peut-être dans la Bible. Il s'intéresse également aux vertus du récit bref, l'un de ses domaines d'écriture favoris :
« Je voudrais que, le livre une fois refermé, l'épure de ce récit minimal soit claire au lecteur, strictement évidente et longuement résonnante comme le sont les rimes d'un sonnet. Cette joie de la totalité embrassée et comprise est évidemment inaccessible au lecteur de roman, dont la lecture entrecoupée a pu durer une semaine, et à qui ne reste, le livre fini, qu'une tonalité générale, un feeling : une vague frustration accompagne cette trop grande liberté de lecture. Pour parler franc : le récit bref permet de tenir en main le lecteur, de lui interdire la lecture plurielle, de lui ôter sa liberté et de le charmer au sens fort[réf. nécessaire]. »
Comme il l'a déclaré lui-même dans ce même ouvrage, on peut le rapprocher d'autres auteurs contemporains, notamment Pierre Bergounioux[8].
Publications
- Vies minuscules, Gallimard (1984) (ISBN 978-2-07-070038-7) ; Gallimard, coll. « Folio » (1996) Prix France Culture 1984
- Vie de Joseph Roulin, Éditions Verdier (1988) (ISBN 978-2-86432-066-1)
- L'Empereur d'Occident, avec des illustrations de Pierre Alechinsky, Fata Morgana (1989) (ISBN 978-2-85194-073-5) ; rééd. Verdier Poche (2007) sans les illustrations (ISBN 978-2-86432-493-5)
- Maîtres et Serviteurs, Verdier (1990) (ISBN 978-2-86432-110-1)
- Rimbaud le fils, Gallimard coll. « L'un et l'autre » (1991) ; Gallimard, coll. « Folio » (1993)
- Le Roi du bois, avec des gravures de Richard Texier pour certains exemplaires, Éditions infernales (1992)
- La Grande Beune, Verdier (1995) ; Gallimard, coll. « Folio » (2006) Prix Louis-Guilloux 1997
- Le Roi du bois, Verdier (1996) (ISBN 978-2-86432-229-0)
- Mythologies d'hiver, Verdier (1997) (ISBN 978-2-86432-264-1)
- Trois auteurs, Verdier (1997) (ISBN 978-2-86432-263-4)
- Abbés, Verdier (2002) (ISBN 978-2-86432-363-1)
- Corps du roi, Verdier (2002) (ISBN 978-2-86432-366-2)
- Le Roi vient quand il veut : propos sur la littérature, Albin Michel (2007) (ISBN 978-2-226-17968-5), Le Livre de poche (2010)
- Les Onze, Verdier, 2009, (ISBN 978-2-86432-552-9) ; Gallimard, coll. « Folio » (2011) Grand prix du roman de l'Académie française 2009
- Vermillon : La maison des vies minuscules, avec Anne-Lise Broyer, Verdier (2012) (ISBN 978-2-86432-689-2)
- Tablée[9], avant-propos d'Agnès Castiglione, L'Herne, 2017
- Habiter une œuvre, photographies d'Éric Morin, l'Anaristopathe[10] 2018
Postfaces
- Smith, postface à B-17 G de Pierre Bergounioux, Éditions Argol (2006) (ISBN 978-2-37069-014-2)
- Petit danseur, postface à Esthétique du machinisme agricole de Pierre Bergounioux, Le Cadran ligné (2016) (ISBN 978-2-95436-964-8)
Article
- « La terre, on en porte le deuil »[11], article paru dans Paris Match
Autres prix
Parmi les autres prix reçus par Pierre Michon, on peut citer[12] :
- Prix de la Ville de Paris pour l’ensemble de l’œuvre, 1996
- Prix Décembre 2002 pour Abbés et Corps du roi
- Grand prix de littérature de la SGDL pour l’ensemble de l’œuvre, 2004
- Petrarca-Preis (en) pour l’ensemble de l’œuvre, 2010
- Grand prix Ardua (universités d’Aquitaine) pour l’ensemble de l’œuvre, 2013
- Prix Marguerite-Yourcenar pour l’ensemble de l’œuvre, 2015[4]
- Premio Internazionale Nonino 2017 pour Vite minuscole, traduction en italien de Vies minuscules parue en 2016
- Prix Franz-Kafka, 2019
Adaptations au théâtre
- Intégrale de Vies minuscules, mise en scène par Jean-Christophe Cochard, Théâtre de l'Argile
- Vie de Joseph Roulin, mise en scène de Guillaume Delaveau (Le Grand T, Nantes, 2009)[13]
Filmographie
- 2017 : Barbara de Mathieu Amalric — il tient le rôle de l'écrivain Jacques Tournier.
Radio, lecture
- : participation à la master class d'Arnaud Laporte sur France Culture[14]
- « Pierre Michon lit Les Onze »[15] sur le site de Culturesfrance
Notes et références
- De nombreuses informations sur sa famille sont données dans Vies minuscules qu'il publie en 1984.
- Pierre Michon, Vies minuscules, éditions Gallimard, , 256 p. (ISBN 978-2-07-040118-5), p. 241.
- « Le Prix du Roman de l'Académie à Michon », dépêche AFP du 29 octobre 2009.
- Laurence Houot, « Pierre Michon : premier lauréat du Prix Marguerite Yourcenar pour l'ensemble de son œuvre », sur Culturebox, (consulté le ).
- (en) « Corps du roi for free by Pierre Michon », sur ekuntienda.com (consulté le ).
- Arrêté du 31 août 2018 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.
- Anne-Sophie Pic, Yvan Attal et Laurence Haïm parmi les nouvelles nominations dans l’ordre national du Mérite
- Le Roi vient quand il veut : propos sur la littérature de Pierre Michon, édition Le Livre de poche numéro 31892.
- Voir sur editionsdelherne.com.
- « l’Anaristopathe n°2 », anaristopathe, (lire en ligne, consulté le ).
- Voir sur parismatch.com.
- Les prix littéraires de Pierre Michon, sur le site des éditions Verdier.
- Vie de Joseph Roulin, Le Grand T.
- Voir sur franceculture.fr.
- Voir sur culturesfrance.com.
Annexes
Ouvrages
- Thierry Bouchard :
- article « Pierre Michon », Dictionnaire des auteurs, Paris, éd. Laffont-Bompiani, coll. « Bouquins », 1994
- article Vies minuscules, Dictionnaire des œuvres, Paris, éd. Laffont-Bompiani, coll. « Bouquins », 1994
- Vincent Pélissier, Autour du Grand Plateau (Pierre Bergounioux, Alain Lercher, Jean-Paul Michel, Pierre Michon, Richard Millet), Tulle, Éditions Mille Sources, 2002
- Jean-Pierre Richard, Quatre lectures, Fayard, 2002
- Sylviane Coyault-Dublanchet, La Province en héritage. Pierre Michon, Pierre Bergounioux, Richard Millet, Genève, Librairie Droz, 2002
- Pierre Michon. L’écriture absolue, textes réunis par Agnès Castiglione, publication de l’université de Saint-Étienne, 2002
- Dominique Viart, Les Vies minuscules de Pierre Michon, Paris, Gallimard, 2004
- Ivan Farron, Pierre Michon. La Grâce par les Œuvres, Genève, Zoé, 2004
- Carnets de Chaminadour, no 3, actes des Rencontres de Chaminadour 2007, publication de l’ALMJAC, Guéret-Creuse
- Agnès Castiglione, Pierre Michon, Culturesfrance/Textuel, Paris, 2009, coll. « Auteurs » (ISBN 978-2-35476-055-7 et 978-2-84597-320-6) Avec 1 CD audio, archives INA, extraits des cinq émissions Pierre Michon/Colette Fellous À voix nue. Grands entretiens d'hier et d'aujourd'hui, France Culture.
- Patrick Crowley, Pierre Michon: The Afterlife of Names, Oxford, Peter Lang, 2007
- Dominique Viart et Bruno Vercier, La Littérature française au présent, Paris, Bordas, 2005 ; édition augmentée, 2008
- Laurent Bourdelas, Du Pays et de l'exil - Un abécédaire de la littérature du Limousin, postface de Pierre Bergounioux, Limoges, Les Ardents Éditeurs, 2008
- Jean-Pierre Richard, Chemins de Michon, Lagrasse, Verdier, 2008
- Ivan Farron, L'Appétit limousin. Quelques réflexions sur Les Onze de Pierre Michon, Lagrasse, Verdier, 2011
- Pierre Michon. La lettre et son ombre, actes du colloque de Cerisy-la-Salle, Paris, Gallimard, 2013
- Pierre Michon, fictions & enquêtes, dir. Agnès Castiglione, Nantes, Théodore Balmoral, 2015
- Michon, Cahier de L'Herne no 120, 2017 (ISBN 9782851971906)
- Annie Mavrakis, L'Atelier Michon, Vincennes, Presses universitaires de Vincennes, 2019
- Jean-Claude Pinson, Sur Pierre Michon, Trois chemins dans l'œuvre, Paris, Fario, coll. « Théodore Balmoral », 2020 (ISBN 979-10-91902-55-7)
- Laurent Demanze, Pierre Michon, l'envers de l'histoire, Paris, éditions José Corti, coll., 2020 (ISBN 979-10-91902-55-7)
Revues
- « Compagnies de Pierre Michon », Théodore Balmoral, Lagrasse, éditions Verdier, 1993 (ISBN 2-86432-185-8) Dirigé par Thierry Bouchard, ce n° 15 de la revue Théodore Balmoral (hiver 1993) regroupe des contributions de Pierre Bergounioux, Richard Blin, Christian Bobin, Michel Deguy, Françoise Hàn, Christian Jambet, Yvan Leclerc, Jean-Michel Maulpoix, Claude Mouchard, Pierre Pachet, Jean-Baptiste Para, Jacques Réda, Jean-Pierre Richard, Gérard Titus-Carmel.
- Le Matricule des Anges, no 5, -
- « Dossier Pierre Michon », in Prétexte, no 9, 1996
- Scherzo, no 5, novembre- Contributions d’Yves Charnet, François Bon, Jean-Claude Pinson, Wyatt Mason, Sabine et Patrick Boucheron.
- De Revisor, n° spécial, Pays-Bas, Contributions de P. F. Thomése, Martin de Haan, Rokus Hofstede, Anneke Brassinga, Jacob Groot.
- La Femelle du requin, « Entre ciel et terre », no 22, 2004 Entretien repris dans Le Roi vient quand il veut.
- Catherine Sauvard, « L'hypothèse paternelle, Pierre Michon et Jacques Lacan », in Les Lettres de la Société de psychanalyse freudienne, n° 19,
- Laurent Demanze, « Paradigme cynégétique et archaïsme artistique : l’ ‘‘écriture faite de bêtes’’ de Pierre Michon », Études françaises, volume 54, numéro 2, 2018, p. 13–26 (lire en ligne).
- « Pierre Michon — La Grande Beune, Trois auteurs et Abbés », dir. Laurent Demanze, no 48 de la revue Roman 20-50, revue d'étude du roman du XXe siècle, Villeneuve d'Ascq, Presses du Septentrion,
- Jean Kaempfer, « Michon, lu et relu », revue CRIN, Amsterdam, New-York, Rodopi, 2011
- Entretien avec Pierre Michon, réalisé par Quentin Margne, dans la revue INFERNO, #08,
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