Pierre de Montlaur
Pierre de Montlaur fut évêque de Marseille de 1214 jusqu’à son décès survenu le .
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Biographie
Pierre de Montlaur était de la famille des seigneurs de Montlaur en Languedoc. Son père était Bernard III de Montlaur, seigneur de Vailhauques[1].
En 1211 il était archidiacre d’Aix-en-Provence et accompagna Roncelin, moine de l’abbaye de Saint-Victor et vicomte de Marseille, qui devait aller à Rome solliciter le pardon du pape Innocent III. En effet le légat Milon avait excommunié Roncelin et jeté l’interdit sur la ville de Marseille. Cette décision avait été confirmée par le pape le . Roncelin s’étant soumis, il partit pour Rome mais malade, dû s’arrêter à Pise. De cette ville, il envoya Pierre de Montlaur et un chanoine de Marseille auprès du Saint père afin de solliciter la levée de l’excommunication et de garder l’administration de ses biens[2].
Pierre de Montlaur fut ensuite nommé évêque de Marseille en 1214. Sous son épiscopat deux grands ordres s’établirent à Marseille : les frères Mineurs à l’entrée de la rue Tapis Vert et les frères Prêcheurs. Mais l’épiscopat de cet évêque se caractérise essentiellement par les nombreux conflits qu’il eut avec la commune de Marseille.
Période 1214-1220
La politique d’émancipation de la ville basse se heurta à l’abbaye de Saint Victor, légataire des biens de Roncelin après sa mort survenue le . Les recteurs de la confrérie du Saint-Esprit, organisme dont les statuts sont à but humanitaire mais dont le véritable objectif est le remplacement des Vicomtes, refusent de reconnaître les prétentions des moines qui réclament l’intégralité de la succession de Roncelin alors qu’ils avaient acheté une part importante de ces droits. Ils cherchent un allié en la personne de Raymond VI de Toulouse qui veut reconquérir ses domaines et que la population accueille triomphalement au printemps 1216. Marseille est alors secoué par un violent mouvement anticlérical : des églises sont attaquées, des biens de l’évêque saccagés. Le pape Honorius III s’élève contre ces violations dès et son légat, le cardinal Bernard, prononce en 1218 l’excommunication des marseillais. Le le pape confirme la donation de Roncelin à l’abbaye de Saint-Victor.
Un accord est finalement trouvé entre la ville basse et l’évêque se traduisant par une délimitation précise entre la ville haute ou épiscopale et la ville basse approuvée le [3].
Période 1220-1229
En 1221 les Marseillais de la ville basse décident de se relancer à la conquête du pouvoir communal et nomment un podestat, spécialiste de l’administration désigné pour un an et la plupart du temps d’origine italienne. En 1223, les habitants de la ville haute soutenus par ceux de la ville basse, formèrent également une confrérie, nommèrent des consuls et s’affranchissent ainsi de la juridiction de l’évêque. Le Pierre de Montlaur cassait les actes de la confrérie, mais à la fin de cette année 1224 les deux villes s’unissaient : l’autorité et la juridiction de l’évêque étaient bafouées. Pierre de Montlaur se plaignit au pape et Frédéric II mit le Marseille au ban de l’Empire. Le podestat Spino de Sorresina n’en tenait aucun compte et faisait reconnaître les privilèges de la ville par Raymond VII de Toulouse le .
En 1226 la commune avait une grande autonomie mais un renversement de la situation se produisit avec l’arrivée de l’armée du roi de France Louis VIII qui assiégea et pris la ville d’Avignon le . Frédéric II réinvestissait Raymond Bérenger V du Comté de Provence et cassait toutes les communes qui s’étaient constituées sans l’agrément du Comte. Le nouveau podestat Hugolin Domnedame fut dans la nécessité de prononcer la séparation de la ville haute et de la ville basse. Par ailleurs pour régler le conflit entre la ville basse et l’abbaye de Saint-Victor au sujet des droits des vicomtes de Marseille, l’évêque d’Antibes et l’abbé du Thoronet sont nommés arbitres. Ceux-ci prononcent le l’excommunication de la population. Il s’ensuit un nouveau mouvement anticlérical : les salines du monastère sont saccagées et d’autres dégradations sont commises. Les moines et l’évêque s’étaient renfermés derrière leur muraille et dans leur palais. Peu de temps après, Pierre de Montlaur que l’historien de Marseille, Raoul Busquet, qualifie de pire ennemi des marseillais[4], s’éteignit le .
Bibliographie
- Abbé Joseph Hyacinthe Albanés, Armorial & sigillographie des Évêques de Marseille avec des notices historiques sur chacun de ces Prélats, Marius Olive, Marseille, 1884, pages 51-53.
- Victor Louis Bourrilly, Essai sur l’histoire politique de la commune de Marseille des origines à la victoire de Charles d’Anjou (1264), Dragon, Aix-en-Provence, 1926.
Références
- Généalogie de la Maison de Montlaur
- Victor Louis Bourrilly, Essai sur l’histoire politique de la commune de Marseille des origines à la victoire de Charles d’Anjou (1264), A. Dragon, Aix-en-Provence, 1926, page 58
- Raoul Busquet, Histoire de Marseille, Robert Laffont, Paris, 1978, page91
- Raoul Busquet, Histoire de Marseille, Robert Laffont, Paris, 1978, page97
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