Pink Bloc
Le Pink Bloc désigne une tactique de manifestation ou une forme d'action collective qui combat le patriarcat et la catégorisation des genres.
Définition
La tactique est née lors du contre-sommet du FMI et de la Banque Mondiale — tenu à Prague en septembre 2000 —[1] où elle avait connu un grand succès et permis à une partie des manifestants d'arriver jusqu'au Centre de congrès[2]. Elle a été réutilisée dans un grand nombre de manifestations et actions directes depuis, et se base sur une résistance festive, rythmée et colorée[3].
Elle vise à promouvoir le queer (dépassement des genres sociaux masculin et féminins et de l'oppression patriarcale)[4] et le travestissement. Elle recherche et intègre une diversité de modes d'action au sein même du cortège, mais essaie souvent de détourner et de saboter avec humour et élégance les armes du système et ses modes d'oppression. Elle cherche à dépasser les limites entre violence et non-violence. Elle se veut offensive, mais dans des rapports de force souvent inégalitaires, ne court pas systématiquement la confrontation directe et la montée en pression. Elle viserait plutôt à neutraliser les forces policières par des stratégies d'évitement et de mouvements constants.
Le pink bloc se retrouve dans le slogan « si je ne peux pas danser, ce n'est pas ma révolution » et crée souvent à son passage une atmosphère conviviale et énergique aussi bien pour les manifestants que pour les passants. Le pink bloc n'a pas de leader ni de représentants mais se base sur un ensemble de groupes affinitaires : samba, créateurs de barricades, danseurs, détourneurs de mobilier urbain, équipe légale, médicale, équipe de médias indépendants[2]. Ces groupes affinitaires étant des petits groupes de personnes qui se connaissent mutuellement, se font confiance et se donnent des objectifs particuliers d'actions et des techniques de protection du groupe face à la police. Ils avaient prévu au sein du cortège de communiquer et de se coordonner par divers moyens : signes, drapeaux, réunions de délégués des groupes afinitaires dit « spokes council », musique. Ces signes sont conventionnels à chaque manif et leur évolution est constante. Chaque groupe peut décider à n'importe quel moment de s'autonomiser du bloc.
Queer Radical
Les Pink blocs s'inscrivent dans une mouvance politique plus large, souvent nommée « anarcho-queer », ou plus fréquemment, « queer radicale ». Il n'existe pas de définition consensuelle au terme « queer radical », à partir du moment où le terme queer lui-même demeure intrinsèquement et volontairement indéfini. Cela dit, l'expression a été appropriée depuis les débuts du mouvement altermondialiste par sa fraction qui se réclamait critique de l'hétérosexisme et du clivage masculin/féminin.
Tout en gardant cette méfiance par rapport au système des sexes et des genres, le mouvement queer radical insiste néanmoins pour se différencier de la théorie queer, qui comporterait à ses yeux une origine académique — et élitiste — trop affirmée. D'où l'importance selon ce mouvement de réaffirmer une allégeance et une affinité avec des courants dits davantage populaires : l'anarchisme, le marxisme et le féminisme radical entre autres.
Parmi les chevaux de bataille récurrents chez les activistes queers radicaux, notons par exemple les droits des sans-papiers, le droit à l'avortement, la dénonciation du « capitalisme gai », la décriminalisation de la prostitution [référence demandée : allant à l'encontre du féminisme abolitionniste (du travail du sexe- préférer d'ailleurs l'expression "Travail du sexe", favorisant la reconnaissance de cette activité comme un travail et non un statut nécessairement victimaire] et une reconnaissance des changements de sexe.
Notes et références
- « "Le Medef au feu, les machos au milieu" : le Pink Bloc, version féministe du Black Bloc », sur L'Obs (consulté le )
- Francis Dupuis-Deri, « Penser l'action directe des Black Blocs », Politix. Revue des sciences sociales du politique, vol. 17, no 68, , p. 79–109 (DOI 10.3406/polix.2004.1639, lire en ligne, consulté le )
- David Graeber, Les nouveaux anarchistes, [The new anarchists], New Left Review, no 13, janvier-, en français, en anglais.
- « Le Pink Bloc à Lyon : la version féministe et queer du Black Bloc cherche sa voie », sur Rue89Lyon, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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