Plouc

Plouc est un terme argotique utilisé pour désigner, à l'origine, les paysans bretons ou les gens d'origine bretonne. Ce terme est surtout employé de manière péjorative pour décrire le stéréotype d'un campagnard simple et/ou rustre (aussi appelé péquenaud) en vue de s'en moquer.

Historique

À la fin du XIXe siècle, de nombreuses familles paysannes bretonnes, ne parvenant plus à vivre de leur terre, tentent leur chance à Paris, la capitale accueillant près de 200 000 Bretons à la veille de la Première Guerre mondiale.

Rustres et parlant mal le français, ils sont vus avec condescendance par les Parisiens, mais ils constituent une main d'œuvre bon marché (cochers pour les hommes, servantes pour les femmes, comme le personnage de Bécassine). Il semble que ce soient les Parisiens qui les aient surnommés ainsi, en référence aux nombreuses localités dont le nom commence par « plou » (qui signifie « paroisse » en breton) existantes en Bretagne et dont une partie de ces exilés était originaire[1]. Le terme serait apparu vers 1880[2].

Usage

Le mot plouc, péjoratif dès son apparition en Bretagne en 1880, est d'origine incertaine[3]. Il a d'abord désigné un paysan, avant de s'étendre à son stéréotype : celui qui a des manières grossières et des goûts triviaux. Le terme pourrait aussi être une altération du mot ploum, qui a le sens de « rustre » au XIXe siècle[4]

Le terme gagne la capitale au XIXe siècle puis est popularisé par Louis Ferdinand Céline qui l'utilise dans son livre Mort à crédit en 1936 : « Je me tenais comme un vrai plouc ! »[5].

L'origine habituellement admise du terme « plouc » serait une apocope (une abréviation) des noms de communes bretonnes en « plou » (« paroisse » en langue bretonne) tournant en dérision leurs habitants[2].

Une autre origine de ce mot, très incertaine, viendrait de Plouguernével. Dans cette commune des Côtes-d'Armor, il y avait un petit Séminaire ; les meilleurs élèves se destinant à la prêtrise étaient ensuite dirigés vers le Grand Séminaire de Saint-Brieuc. Ces élèves, originaires de la même région et parlant breton, restaient toujours entre eux, les autres séminaristes ayant pris l'habitude de désigner leur groupe « les Ploug ». En ville aussi, ils se promenaient en groupe et pour tous c'était aussi les « ploug ». Avec le temps, « Ploug » serait devenu « Plouc » et serait passé dans le domaine public.[réf. nécessaire]

L'origine de « plouc » pourrait aussi être rattachée au terme anglais « ploughman » (laboureur en français), de « plough » (charrue). On note aussi qu'en picard, un « plouc » est un gros paysan, équivalent du laboureur ou « coq de village » de l'Ancien Régime. Le terme « plouc » existe aussi en argot en Belgique francophone, pour désigner un soldat sans grade, sans la référence bretonne[6].

Le terme « plouc » a été choisi comme titre de roman par différents auteurs, comme Youenn Coic ou Jean Rohou (dans son livre Fils de ploucs[7], ce livre évoquant les mutations de la Bretagne). Plus tard, le livre de Charles Williams Fantasia chez les ploucs a été porté à l'écran en 1971 par Gérard Pirès, avec comme acteurs principaux Lino Ventura et Mireille Darc.

Mot dérivé

  • Plouquistan ou Ploukistan (avec le suffixe -stan), pays ou région fictive, habitée par les ploucs ; désignation péjorative de la région la plus fruste ou paysanne d'un pays[8][réf. à confirmer].

Notes et références

  1. Constance Lemans, Les Bretons et leurs associations à Paris entre les deux guerres, Anagrammes, , p. 29
  2. Favereau 2000, p. 774.
  3. Selon le dictionnaire de l'Académie française
  4. https://www.cnrtl.fr/definition/plouc
  5. Louis Ferdinand Céline, "Mort à crédit", 1936, page 373.
  6. https://fr.m.wiktionary.org/wiki/plouc
  7. Jean Rohou, Fils de ploucs, Éditions Ouest-France, tome 1 (ISBN 2-7373-3452-7), 2005 et tome 2 (ISBN 2737354579), 2006
  8. Définition de « Plouc » sur le Dictionnaire vivant de la langue française, dvlf.uchicago.edu (consulté le 16 mai 2015).

Annexes

Bibliographie

  • Charles Williams, Fantasia chez les ploucs, Folio, Paris, 1956 (rééd. 2000), 293 p. (ISBN 978-2-0703-0391-5)
  • Claude Javeau, Esquisse d'une histoire naturelle du plouc, Éditions Talus d'approche, Soignies, 2000.
  • Francis Favereau, « Ploucs », dans Alain Croix et Jean-Yves Veillard, Dictionnaire du patrimoine breton, Rennes, Apogée, , p.774.
  • Youenn Coïc, Les ploucs ou la révolte des bagaudes, l'Harmattan, Paris, 2004, (ISBN 978-2-8580-2125-3).
  • Jean Rohou, Fils de ploucs, éd. Ouest-France, Rennes, 2 tomes, 2005 et 2007.
  • Constance Lemans, Les Bretons et leurs associations à Paris entre les deux guerres, Anagrammes, , p. 29
  • Jean Romain et Stéphane Berney, Ploukitudes, essai, Editions Slatkine, Genève, 176 pages, 2017.

Article connexe

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