Politique en opéra

Le politique en opéra concerne les œuvres d'opéra dont le thème principal est lié à la politique.

Histoire

Thème du politique

Dans l'opéra baroque, de nombreux ouvrages traitent d'évènements historiques et mettent en scène des figures politiques non contemporaines. Mais Mozart est l'un des premiers compositeurs à traiter vraiment de politique, par exemple dans Les Noces de Figaro, où le fait de mettre au même niveau le maître et le domestique est pour l'époque une nouveauté, notamment dans le chant des personnages, à même intensité. En 1805, dans Fidelio, Beethoven exalte l'humanisme révolutionnaire qui répond à la récente Révolution française[1].

Influence sur la politique

En 1830, La Muette de Portici, de Daniel-François-Esprit Auber, qui traite d'une révolte à Naples servit de déclencheur à la révolution belge note Alexandre Dratwicki, directeur artistique du Centre de musique romantique : « c'est symptomatique d'une époque où l'opéra français, en raison de son rayonnement international servait de vecteur politique. Il n'était pas rare que les directeurs d'opéra, pour des raisons commerciales, commandent dans l'urgence ou ressortent des carrons des œuvres surfant sur l'actualité chaude ». La pratique se perd dans les années 1870, époque où les régimes politiques changent rapidement et où plusieurs œuvres sont interdites à cause de leurs connotations trop fortes[1].

En 1842, Verdi, dans Nabucco, met en scène les Hébreux luttant contre le tyran Nabuchodonosor. Insidieusement, il répond aux partisans de l'unité italienne[1].

Depuis le XXe siècle

En France, en 2013, Grégoire Hetzel monte La Chute de Fukuyama, un opéra dont le thème sont les attentats du 11 septembre 2001 ; elle est jouée pour la première fois le par l'Orchestre philharmonique de Radio France et raconte le destin de Francis Fukuyama, un intellectuel américain qui avait prédit la « fin de l'histoire » après la chute de l'URSS et qui fut contredit par le drame du World Trade Center. Pour l'écrivain Camille de Toledo, coauteur de cet opéra, « l'opéra est le lieu de la mémoire et du récit collectif. Aujourd'hui, on en a fait le lieu de l'institution. Un art du G8. Il y a quelque chose de formidablement dramatique dans le fait de mettre en scène les politiques dans un espace représentatif du pouvoir ». Toutefois, en France, le thème de la politique est extrêmement rare en opéra et n'est jamais le fait de grandes maisons. Toledo y voit le fait que le système lyrique est « trop institutionnel »[1].

Cela est moins le cas dans les pays anglo-saxons, où John Coolidge Adams a monté en 1987 Nixon in China (sur la rencontre entre le président américain Richard Nixon et le dirigeant chinois Mao Zedong en 1972) et en 1991 The Death of Klinghoffer (au sujet du terrorisme palestinien), ces deux opéras ayant acquis une certaine notoriété[1].

Le directeur de la musique de Radio France, Jean-Pierre Le Pavec, qui a commandé La Chute de Fukuyama a choisi le thème « Musique et pouvoir » pour le festival de Radio France et Montpellier de 2013, où sont notamment présentés Mass de Leonard Bernstein (sur John Kennedy), Madame Sans-Gêne de Umberto Giordano (où apparaît l'empereur Napoléon Ier) et La Vivandière de Benjamin Godard (qui se déroule durant la guerre de Vendée)[1].

En 2013, sort également Aliados[2] du compositeur franco-argentin Sebastian Rivas, qui narre la rencontre entre Margaret Thatcher et Augusto Pinochet en 1999[1].

Notes et références

  1. Thierry Hillériteau, « Quand l'opéra fait chanter les grands de ce monde », Le Figaro, encart « Culture », samedi 15 / dimanche 16 juin 2013, page 29.
  2. « Aliados, Théâtre de Gennevillers »
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