Pont Boulet
Le pont Boulet est un pont routier de type bow-string en béton armé franchissant le Vidourle, fleuve côtier qui sépare les départements de l'Hérault et du Gard. Il a été ouvert à la circulation en 1927 et porte le nom de Pierre Boulet qui batailla pour sa construction.
Pont Boulet | |
Pont Boulet, face Nord. | |
Géographie | |
---|---|
Pays | France |
Région | Languedoc-Roussillon |
Département | Hérault |
Commune | Marsillargues |
Coordonnées géographiques | 43° 40′ 01″ N, 4° 10′ 58″ E |
Fonction | |
Franchit | le Vidourle |
Fonction | Traversée pour piétons, cycles et véhicules. |
Caractéristiques techniques | |
Type | pont bow-string |
Longueur | 120 m |
Largeur | 4,5 m |
Matériau(x) | Fer, chaux, ciment |
Construction | |
Construction | 30 mars 1925 - 4 avril 1927 |
Inauguration | 29 septembre 1927 |
Mise en service | 4 avril 1927 |
Entreprise(s) | maison Veuve Charles Vidal |
Localisation
Le pont Boulet franchit le Vidourle, entre les communes de Marsillargues dans l’Hérault à l'ouest et d'Aimargues dans le Gard à l'est. Il est construit entre l'ancien barrage au Nord (servant pour l'usine hydroélectrique côté Hérault et pour le moulin à eau côté Gard) et l'ancien pont au Sud.
Histoire
Au XIIIe siècle, il n’existe que quatre solutions pour effectuer le passage d’une berge à l'autre:
- Franchir le Vidourle à gué, pratique possible uniquement en période de basses eaux.
- Passer sur le barrage reliant les moulins, il fallait d’une part que le niveau de l’eau le permette mais aussi d’autre part, que les propriétaires des moulins en accordent le droit aux habitants
- Jusqu'au début du XXe siècle, utiliser une barque ou un bac à traille, cette solution bien que précaire reste dépendante au caprices du fleuve.
- Faire le détour par le pont de Lunel, ce qui pouvait prendre plusieurs heures et jusqu’en 1790, il fallait s'y acquitter d'un droit de passage.
En 1824[1] est construit un passage routier à gué se nommant « les passes », à l'emplacement de l’ancien gué.
Ce passage était constitué d'un pont de trois petites arches sur lequel passait une route submersible, les arches, permettant de gravir la berge côté Aimargues. Ce pont va amener un réel progrès mais qui restera insuffisant. En période de montée des eaux, cette route submersible était infranchissable. Les passes sont étroites, glissantes et donc dangereuses. Pendant plus d'un siècle, de nombreux accidents, parfois dramatiques, sont à déplorer. Aujourd’hui, cet ancien pont existe toujours mais est difficile d’accès.
En 1865, le chemin de fer arrive à Marsillargues ce qui entraîna la construction d'un pont. Exclusivement réservé au passage des trains, ce pont ne résout rien au problème rencontré par les Marsillarguois pour franchir le Vidourle en période de montée des eaux. À l'approche du XXe siècle, Marsillargues n’a toujours pas de vrai pont routier.
À cette époque, la quasi-totalité des habitants de Marsillargues vit essentiellement de la culture de la vigne. Sur près de 5000 hectares plantés, près de la moitié se trouve sur la rive gauche, côté Aimargues. Comme la période des vendanges coïncide avec la saison de montée des eaux du fleuve, les viticulteurs se trouvent dans l'impossibilité de rentrer leur récolte en utilisant les passes et doivent faire un détour par le pont de Lunel.
Pierre Boulet, qui fut sans doute lassé de se plier aux caprices du Vidourle va, pendant près d'un quart de siècle, se battre contre toutes les institutions pour faire construire un pont. À chaque élection municipale, cantonale ou législative, il cherche à convaincre les candidats de la nécessité d’un tel ouvrage. En 1913 il crée avec d'autres propriétaires le Syndicat du Pont ayant pour but de récolter des fonds nécessaires à la construction de celui-ci.
Beaucoup de citoyens ne partagent pas les convictions de Boulet, mais parmi eux, Auguste Daunis a bien compris le réel progrès qu'apporterait un tel ouvrage en matière de communications mais aussi en termes de développement économique. Daunis, entré très jeune au conseil municipal, est élu maire le . Un mois plus tard, il est élu conseiller général, il abandonne alors son poste de maire mais reste conseiller municipal.
Avant de prendre ses fonctions de conseiller général, il va voir son ami Pierre Boulet, lui promettant de faire tout ce qui est en son pouvoir pour que le pont soit réalisé, son nouveau poste de conseiller général lui ouvrant plus facilement les portes des administrations.
Il fait établir un projet par le service vicinal du département de l'Hérault et il fait par la suite adopter par le conseil municipal de Marsillargues le vote d'une dépense de 300 000 francs auxquels 60 000 francs furent ajoutés par le représentant du syndicat du pont.
Il obtient en présentant le projet aux conseils généraux respectifs de l'Hérault et du Gard un programme de subventions. Enfin, il n'hésite pas à faire le voyage jusqu'à Paris, d'où il revient avec l'obtention d'une subvention ministérielle s'élevant au tiers des dépenses.
Pour Pierre Boulet, le pont marque le résultat de plus de vingt années de persévérance. Le , près de 80 ans après son inauguration, les Marsillarguois ont posé une plaque sur le pont qui porte son nom pour lui rendre hommage.
Construction
L’attribution de ce contrat eut lieu sous forme de concours public auquel participèrent bon nombre d'entreprises et qui fut remporté par une société gardoise : la maison Veuve Charles Vidal de Beaucaire.
Cette entreprise proposa un projet novateur: un pont de type bow-string (bow string signifie « Arc tendu » en anglais).
Le , le premier coup de pioche est donné. Dès le début des travaux, un immense échafaudage est construit. A l’aube de l'année 1926, on commence à ferrailler, coffrer et couler la première arche. Peu après au mois d'août, la première arche est décoffrée, ce qui donne un aperçu de celui qu’on commence à appeler « le nouveau pont ». Les travaux avancent vite et la deuxième arche est terminée. Alors que les ouvriers sont en train de finir le ferraillage de la troisième arche (côté Marsillargues), le niveau du Vidourle monte mais l'ouvrage ne rencontre aucun problème, faisant taire les sceptiques. À peine deux ans après le début des travaux, le pont est ouvert à la circulation le et inauguré le [2].
Quelques chiffres :
C’est un pont de 120 mètres de long, large de 4,5 mètres. Il a fallu 804 stères de bois pour les échafaudages et les coffrages, 300 000 kilos de chaux, 150 000 kilos de fer, 240 000 kilos de ciment, 11 500 journées de manœuvres. Il est construit en 735 jours, soit 2 ans et 5 jours.
Parmi les nombreux ouvriers, se trouvaient des Marsillarguois. Des maçons, des tailleurs de pierre, coffreurs, manœuvres et beaucoup d'autres corps de métier travaillèrent des milliers d'heures de travail pour sa réalisation.
Galerie photo
Photographies du pont Boulet
Photographies de l’ancien passage à gué
Notes et références
- L. CREPIN, « L'histoire du pont », sur marsillargues.info (consulté le )
- L. CREPIN, « L'inauguration du pont », sur marsillargues.info (consulté le )
Références : Archives municipales de la ville de Marsillargues.
Texte extrait du DVD "Marsillargues, le Pays des Saute Vidourle" Déc. 2006, Association" Marsillargues, il était une fois" Florian ARNISSOLLE [Interprétation personnelle ?] [réf. à confirmer]
Voir aussi
- Vidourle
- Rivière cévenole
- Liste des fleuves de France
- Pont bow-string
- Liste des ponts sur le Vidourle
- Portail de l’Hérault
- Portail des ponts