Pont de Neuilly

Le pont de Neuilly est un pont routier (RN 13) et ferroviaire (ligne 1 du métro) qui traverse la Seine entre Neuilly-sur-Seine (sur la rive droite), Courbevoie et Puteaux (sur la rive gauche), dans le département français des Hauts-de-Seine[1]. Face au quartier d'affaires de La Défense, il est dans l'alignement de l'axe historique parisien.

Pour les articles homonymes, voir Pont de Neuilly (homonymie).

Pont de Neuilly

Le pont de Neuilly avec une rame de la ligne 1 du métro.
Géographie
Pays France
Région Île-de-France
Département Hauts-de-Seine
Commune Neuilly-sur-Seine, Courbevoie et Puteaux
Coordonnées géographiques 48° 53′ 12″ N, 2° 15′ 17″ E
Fonction
Franchit Seine
Fonction Pont routier et ferroviaire
Itinéraire Route nationale 13
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-Seine
Géolocalisation sur la carte : Île-de-France
Géolocalisation sur la carte : France

Avant le pont

À l'origine se trouvait un gué à ce niveau de la Seine, qui prolongeait une voie romaine reliant Montmartre au mont Valérien. En 1140, l'abbé Suger y fait établir un bac, ce qui contribue au développement d'un village de pêcheurs et d'un petit port, à l'origine de Neuilly (alors Port Nully en latin), voie d'accès obligée pour relier Paris à la Normandie[2].

Le pont Henri

Le vers 17 h, jour de pluie, le carrosse d'Henri IV et de Marie de Médicis, entraîné par la chute de deux des chevaux, tombe du bac traversant la Seine à Neuilly au retour du château de Saint-Germain-en-Laye. La reine et les trois enfants royaux, qui ont tous moins de quatre ans, sont remontés du fond de l'eau in extremis par le roi lui-même et les hommes de sa suite[3],[4]. En conséquence, Henri IV fait construire un premier pont de bois de seize arches dans le prolongement de l'actuelle rue du Pont[5], le pont Henri[4]. Pour le traverser, il faut s'acquitter d'un droit de péage. En 1638, une crue emporte le pont, qui est alors reconstruit avec quatorze arches et garni de croix de bois[2].

« Quelques années avant sa mort », date rapportée a posteriori par certains biographes au , Blaise Pascal, se rendant comme à son habitude aux fêtes de Neuilly, y a un accident[6]. Les chevaux de sa voiture plongent par-dessus le parapet et celle-ci manque de peu de les suivre. Heureusement, l'attelage se rompt et la voiture reste en équilibre sur le bord du pont. Pascal et ses amis s'en sortent, mais Pascal a un malaise et reste inconscient pendant quinze jours[7]. Ce serait l'événement déclencheur qui lui fera toujours sentir un vide « à son côté gauche »[6], le vertige moral face au vide métaphysique étant par ailleurs une question récurrente dans la pensée de Pascal.

Le pont de pierre

Dessins d'ingénieur. Plan des travaux du pont de Neuilly en novembre 1768.

Le premier pont étant jugé trop fragile, un nouveau projet voit le jour. Le deuxième pont, un pont de cinq arches de pierre en anse de panier de 219 mètres de long, est conçu par l'ingénieur Jean-Rodolphe Perronet, le fondateur de l'École des ponts et chaussées[8], avec l'aide d'Antoine de Chézy et Pierre-Antoine Demoustier[2]. Il est construit dans le prolongement de l'avenue de Neuilly (l'axe historique, donc un peu plus au sud que l'ancien pont) et inauguré le 22 septembre 1772 en présence du roi Louis XV qui le traverse. Les finitions durent jusqu'en 1780, année où le pont de bois est détruit.

Hubert Robert, Le décintrement du pont de Neuilly, le 22 septembre 1772.

Au XIXe siècle, l'arrivée du tramway conduit à certaines modifications du pont[2]. Lors de la Commune de Paris, des combats ont lieu devant le pont : 40 000 fédérés, commandés par Bergeret, Eudes et Duval, sont repoussés.

Entre 1935 et 1942, ce pont, devenu inapte à l'augmentation du trafic, est progressivement reconstruit. L'architecte Bigot commence à diriger les travaux[2].

Le nouveau pont métallique

En 1942, le pont métallique est inauguré au même endroit. Réalisé par l'architecte Louis-Alexandre Lévy et l'entreprise Daydé en remplacement du pont de pierre, il est soudé par des arcs métalliques et repose sur des culées en maçonnerie de pierre de taille. Sa largeur fait 35 mètres, contre 13 pour le pont de pierre[2].

De 1988 à 1992, le pont est élargi[9] dans le cadre du prolongement de la ligne 1 du métro jusqu'à La Défense[2]. Pour des raisons d'économies, il est en effet décidé que le métro franchira la Seine sur le pont en occupant son terre-plein central. Afin de maintenir un espace suffisant pour les autres usagers, le pont est élargi par la création de trottoirs en encorbellement.

L'ouvrage comprend en fait deux ponts : le premier d'une portée de 67 mètres entre Neuilly et l'île de Puteaux et le second d'une portée de 87 mètres entre l'île de Puteaux et Courbevoie. Une statue de Jean-Rodolphe Perronet se dresse au pied du pont sur la pointe orientale de l'île de Puteaux.

Le pont est constitué des deux voies du métro, encadrées de chaque côté par quatre voies de circulation automobile, bordées au nord et au sud par de larges trottoirs. De chaque côté, un escalier monumental, situé au milieu du pont, permet un accès pour les piétons à l'île de Puteaux.

Lors d'un comptage effectué en 2007 à l’aide de boucles DIRIF[10], le trafic moyen journalier annuel s'est élevé à 161 340 véhicules[11].

Notes et références

  1. Le pont de Neuilly
  2. Panneau historique devant le pont de Neuilly.
  3. Antoine de Nervèze, Discours sur le malheur que le Roy et la Royne ont failly en passant l'eau au pont de Neuilly, le... 9 juin 1606 sur les cinq heures du soir.
  4. J. Lebeuf, Histoire de la banlieue ecclésiastique de Paris, p. 86, Prault, Paris, 1754.
  5. « Neuilly en chronologie », sur neuillysurseine.fr (consulté le ).
  6. P. Faugère, Lettres, opuscules et mémoires de Madame Perier et de Jacqueline, sœurs de Pascal, et de Marguerite Perier sa nièce, p. 470, Auguste Vaton, Paris, 1845.
  7. « Biographie de Blaise Pascal », sur bookine.net (consulté le ) : « Le philosophe hypersensible, terrifié par la proximité de la mort, s’évanouit et reste inconscient durant quinze jours. ».
  8. Description des projets et de la construction des ponts de Neuilli, de Mantes, d'Orléans, de Louis XVI, etc, Jean-Rodolphe Perronet, 1788
  9. Revue Chemins de fer éditée par l'Association française des amis des chemins de fer (AFAC), no 1991/3, page 27.
  10. Direction interdépartementale des routes d'Île-de-France, devenue depuis le la direction régionale et interdépartementale de l'Équipement et de l'Aménagement (DRIEA)
  11. [PDF]Carte du trafic routier des Hauts-de-Seine, consultée le 11 septembre 2010.

Voir aussi

Articles connexes

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