Porfirio Lobo

Porfirio « Pepe » Lobo Sosa, né le à Trujillo, est un homme d'État hondurien, président de la République du au . Membre du Parti national (droite), il est élu le , plusieurs mois après le déclenchement d'une grave crise politique et le coup d'État du 28 juin 2009.

Porfirio Lobo Sosa

Porfirio Lobo en 2010.
Fonctions
Président de la République du Honduras

(4 ans)
Élection
Vice-président María Antonieta Guillén Vásquez de Bográn
Prédécesseur Roberto Micheletti Baín (de facto)
Manuel Zelaya Rosales
Successeur Juan Orlando Hernández
Président du Congrès national du Honduras

(4 ans)
Prédécesseur Rafael Pineda Ponce
Successeur Roberto Micheletti
Biographie
Nom de naissance Porfirio Lobo Sosa
Date de naissance
Lieu de naissance Trujillo (Honduras) (Honduras)
Nationalité hondurienne
Parti politique Parti national du Honduras
Diplômé de Université de Miami
Université Patrice-Lumumba (Moscou)
Profession Exploitant agricole
Religion Catholicisme

Présidents de la République du Honduras

Pepe Lobo n'est reconnu explicitement ni par l'Union européenne, ni par le Mercosur ainsi que la plupart des pays d'Amérique latine. Les États-Unis, Panama et la Colombie reconnaissent le nouveau président tandis que d'autres pays tels que le Venezuela contestent la légitimité du scrutin[1].

Biographie

Élu député du Congrès national sur les listes du Parti national depuis 1990, il est président de celui-ci entre 2002 et 2006. Il est arrivé deuxième lors de l'élection présidentielle de 2005 qui vit la victoire de Manuel Zelaya (Parti libéral), remportant 46 % des votes.

Président de la République

Élection présidentielle de 2009

Il a soutenu le coup d'État contre Zelaya en , et le remplacement par le Parlement du chef d'État élu par Roberto Micheletti (Parti libéral). Candidat du Parti national à l'élection présidentielle du , il l'emporte face au libéral Elvin Santos, avec 55 % des suffrages[2]. Cette élection était teintée d'une forte abstention, environ 55 %, mais l'abstention était aussi forte lors des précédentes élections présidentielles, quand Zelaya avait battu Lobo[3]. Elle n'a pas été reconnue par le Mercosur et son organisation a été contestée[4], bien que soutenue par l'administration Obama.

Relations extérieures

Le , il signe un accord avec le président de la République dominicaine Leonel Fernández pour autoriser l'ancien président déchu Manuel Zelaya à revenir au Honduras. En échange, Leonel Fernandez a invité tous les pays d'Amérique du Sud à reconnaître le gouvernement de Porfirio Lobo[5]. Le retour de Zelaya a lieu 17 mois plus tard, le . L'expulsion manu militari de Zelaya en soutenue par les États-Unis avait provoqué l'isolement géopolitique du Honduras dans la zone OEA[6]. En , il ne participe pas au sommet Union européenne-Amérique latine, plusieurs pays de la zone LATAM menaçant de boycotter l'événement s'il s'y présentait. En , à la suite de sa visite officielle en république dominicaine, le président argentin Nestor Kirchner annula sa visite dans ce même pays pour affirmer son opposition à Pepe Lobo[7]. Porfirio Lobo est reçu par le président Barack Obama à la Maison-Blanche le [8].

Politique intérieure

Le projet de l’économiste américain Paul Romer, consistant à construire des « villes privées » sur des portions du territoire national où la quasi-totalité des réglementations reviendraient aux investisseurs et non à l’État hondurien est accepté par le gouvernement de Porfirio Lobo. La Constitution nationale est modifiée en ce sens . Dans l’hypothèse où un gouvernement ultérieur souhaiterait revenir sur ce projet, un décret établit : « Les systèmes institués dans les RED [régions spéciales de développement] doivent être (...) approuvés par le Congrès national avec une majorité qualifiée des deux tiers », sachant que « ce statut constitutionnel ne pourra être modifié, interprété ou cassé que par la même majorité, après consultation par référendum de la population habitant la RED ». La direction de la Banque interaméricaine de développement (BID) s'est montrée enthousiasmé et a promis de le soutenir[9]. À la suite d'une plainte déposée pour « trahison à la patrie » auprès de la Cour suprême de justice par des opposants au projet, celui-est finalement déclaré anticonstitutionnel et rejeté par la Cour[10].

Le Honduras devient en 2012 le seul pays au monde à interdire la pilule du lendemain[11],[12].

En , un engin explosif est projeté dans l'une des propriétés de Porfirio Lobo où il se trouvait avec sa femme et ses 3 enfants, ne blessant personne[13]. La présidence de Porfirio Lobo n'a pas permis de mettre un terme aux problèmes de violence que connaît le pays, où le taux d'homicides reste en 2013 le plus élevé au monde[14].

Selon l'agence mexicaine Consulta Mitofsky, la popularité de Porfirio Lobo en 2012 n'est que de 14 %, ce qui ferait de lui le deuxième dirigeant le plus impopulaire d’Amérique latine après la présidente costaricienne Laura Chinchilla[15].

Corruption

Les années de pouvoir de Porfirio Lobo sont fortement marquées par des scandales de corruption affectant son administration. L'un des plus notables étant celui de l'Institut hondurien de la sécurité sociale, dont le directeur, nommé par le gouvernement, avait détourné des sommes représentant l'équivalent de plus d'un an de budget de l'institut en collaboration avec les vice-ministres de la Santé et du Travail[16].

Le débute le procès aux États-Unis de Juan Antonio Tony Hernández Alvarado, ex-député et frère du président du Honduras Juan Orlando Hernández, arrêté à l'aéroport de Miami en . Juan Antonio est accusé de trafic de drogue - plus spécifiquement d'avoir exporté plusieurs tonnes de cocaïne vers les États-Unis - de possession d'armes, et d'être lié aux meurtres de deux narcotrafiquants rivaux en 2011 et 2013[17],[18] ; le scandale devient politique car le président Juan Orlando Hernández et son prédécesseur l'ex-président Porfirio Lobo sont soupçonnés d'avoir utilisé l'argent de la drogue pour financer leurs campagnes électorales de 2009 et 2013[18].

Son nom apparait en 2021 dans les Pandora Papers. Lui-même, son épouse et leur fils y sont cités comme les propriétaires d’entreprises enregistrées dans des paradis fiscaux. Certaines ont été créées alors qu'il était président du Honduras[19].

Vie privée

En , Fabio Lobo, le fils de Porforio Lobo, est accusé par la justice américaine de trafic de cocaïne du Honduras vers les États-Unis sur la période de 2009-2014 (période de présidence de son père) et risque une peine de prison ad vitam æternam[20].

En , le Conseil national anti-corruption demande l'ouverture d'une enquête au sujet de détournements de fonds publics réalisés sur des achats de matériels scolaires et dont aurait bénéficié Rosa Elena de Lobo, épouse de Porforio Lobo, et son secrétaire privé. L'ex-première dame est également sous le coup d'accusations pour falsification de documents[21]. Elle est incarcérée en pour avoir détourné quatre millions de dollars de l’État vers son compte personnel. C'est la première fois au Honduras qu'une personnalité de haut-rang est placée en prison pour corruption. Une demi-douzaine de propriétés du couple présidentiel pourrait être saisie par les autorités judiciaires[22].

Notes et références

  1. Patrick Bèle, Pepe Lobo accède à la présidence du Honduras, Le Figaro, 27 janvier 2010
  2. (en) Roy Carroll, « Honduras elects Porfirio Lobo as new president », sur Theguardian.com,
  3. Voting to move onwards and upwards, the economist, 5-11 décembre 2009, p. 16 et 43-44.
  4. Poursuite des agitations au Honduras, communiqué de la présidence du Conseil de l'Union européenne du 28 novembre 2009
  5. « Le président Lobo signe un sauf-conduit pour Manuel Zelaya », sur Rfi.fr,
  6. Patrice Gouy, « Retour triomphal de Manuel Zelaya au Honduras », sur Rfi.fr,
  7. (en) Marc Lacey, « Latin America still divided over coup in Honduras », sur Nytimes.com
  8. (en) « Statement by the Press Secretary on the Visit of President Porfirio Lobo of Honduras », sur Whitehouse.gov,
  9. Maurice Lemoine, « Villes privées dans la jungle », sur Le Monde diplomatique,
  10. « Honduras : Le paradis néolibéral des « villes modèles » ne verra pas le jour »,
  11. « Honduras », Routard.com, (lire en ligne)
  12. « Honduras : une pilule du lendemain au goût amer », sur Geopolis
  13. (en) « Porfirio Lobo, Honduran President, And Family Unharmed After Device's Explosion Outside Home », sur Huffingtonpost.com
  14. Patrice Gouy, « Le Honduras bat les records de criminalité », sur Rfi.fr,
  15. « Chinchilla en sótano de popularidad en América Latina - Radio La Primerísima », sur www.radiolaprimerisima.com (consulté le )
  16. (es) « Gestión de Lobo marcada por los escándalos »
  17. (es) AFP, « Hermano del presidente de Honduras, a juicio en EU por narcotráfico », sur jornada.com.mx, La Jornada, (consulté le )
  18. Angeline Montoya, « Le frère du président hondurien jugé pour trafic de drogue à New York », sur lemonde.fr, Le Monde, (consulté le )
  19. (es) « Vicepresidente, exmandatario y alcalde envueltos en “Papeles de Pandora” en Honduras », sur El Comercio Perú,
  20. (en) Tracy Connor, « Ex-Honduran President Porfirio Lobo's Son Charged in Drug Scheme », sur Nbcnews.com,
  21. teleSUR - SB, « Investigarán a esposa de expresidente hondureño Porfirio Lobo »
  22. « Honduras: une ex-première dame sous les verrous », RFI, (lire en ligne, consulté le )
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