Président de la république arabe d'Égypte

Le président de la république arabe d'Égypte est le chef d'État de l'Égypte et le commandant suprême des Forces armées égyptiennes depuis l’instauration de la fonction le .

Président de la république arabe d'Égypte
(ar) رئيس جمهورية مصر العربية

Armoiries de l'Égypte.


Titulaire actuel
Abdel Fattah al-Sissi
depuis le

Création
(en tant que président de la République d'Égypte)
Mandant Suffrage universel direct
Durée du mandat 6 ans, renouvelable une fois consécutivement
Premier titulaire Mohammed Naguib
Résidence officielle Palais d'el-Orouba (Le Caire)
Site internet www.presidency.gov.eg

Mohammed Naguib est le premier des présidents de la république d'Égypte de 1953 à 1954.

Gamal Abdel Nasser est président de 1956 à 1970. Ses successeurs sont Anouar el-Sadate (1970-1981), Soufi Abou Taleb (1981) et Hosni Moubarak (1981-2011).

Le Conseil suprême des forces armées, organe chargé d'assurer l'intérim du poste de président est mis en place le après la démission de Hosni Moubarak, il est remplacé par Mohamed Morsi élu le . Adli Mansour devient président de la République à titre provisoire à partir du après la destitution de Morsi, survenue le au soir. Le , Abdel Fattah al-Sissi lui succède après sa victoire à la présidentielle le .

Selon la Constitution de 2014, il est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans. Il est rééligible une fois consécutivement. De 2011 à 2019, le président était élu pour quatre ans.

Origine

Le roi Farouk en 1948.

En 1919, un an après la fin de la Première Guerre mondiale et alors que l’Égypte est sous mandat britannique, les Égyptiens se révoltent contre le Royaume-Uni. Cela provoque l'indépendance de l’Égypte en 1923 mais les troupes britanniques restent en place[1].

Le , le roi Farouk succède à son père Fouad Ier mais continue à accepter la présence britannique. C'est ainsi que les attentats et les actions terroristes se multiplient dans le pays dans le but d'évacuer les forces d’occupation[1] .

Au fil du temps, un mouvement contestataire se met en place à partir de début 1952. C'est ainsi qu'une faction de l'armée égyptienne, n'acceptant pas cela, décide de mettre fin au règne de Farouk. C'est ainsi que le , le roi est renversé par l'armée et remplacé par son jeune fils de six mois, Fouad II. Le gouvernement est limogé et le général Mohammed Naguib, chef des officiers libres qui ont organisé le coup d'État, est désigné dans un premier temps Premier ministre puis président de la République le après l'abolition de la monarchie[1].

Élection

En Égypte, le président de la République est élu pour un mandat de six ans renouvelable une fois consécutivement.

De 1971 à 1980, le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. De 1980 à 2011, il est élu pour un mandat de six ans, renouvelable. Enfin, de 2011 à 2019, il est élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois consécutivement.

Avant la réforme constitutionnelle de 2005, le président était élu par au moins deux tiers des membres de l'Assemblée du peuple pour un mandat de six ans, renouvelable indéfiniment et au suffrage universel indirect[2]. Ensuite, les électeurs étaient appelés à valider cette désignation lors d'un référendum[2]. À partir de 2005, le président est élu au suffrage universel après un référendum[3].

Liste des présidents de la République

Légende (partis politiques)

Note : le tableau ci-dessous montre les dates de mandats avec les gouvernements respectifs des chefs de l'État. Les dates de la dernière ligne (« Mandat électoral ») font référence à la date des élections (s'il y en a eu), qui ont validé le mandat.

Portrait Nom
(naissance-mort)
Dates du mandat

Mandat électoral
Gouvernement Parti politique Autres fonctions occupées
pendant le mandat
Notes et faits marquants
1 Mohammed Naguib
(1901–1984)
Naguib I ; Nasser I ; Naguib II ; Nasser II Indépendant Premier ministre Premier président après le renversement de la monarchie[4]. Démissionne en 1954 sous la pression de l'armée.
2 Gamal Abdel Nasser
(1918-1970)
Nasser II ; Sabri ; Mohieddin ; Sulayman ; Nasser III Union socialiste arabe Premier ministre Le colonel Nasser renverse le général Naguib le et le remplace à la tête de l'État en qualité de président du Conseil de commandement révolutionnaire jusqu'au où il devient président de la République. Élu président en 1956[5], date de l'adoption de la constitution[6]. Nationalise le canal de Suez en 1956[7], provoquant une crise internationale. Créé la République arabe unie (1958) avec la Syrie[8] et participe à la guerre des six jours en 1967[9], qu'il perdra. Meurt subitement en 1970[10].
1956, 1965
3 Anouar el-Sadate
(1918–1981)
Fawzi ; Sedki ; Sadate I ; Hejazi ; Salem ; Khalil ; Sadate II Parti national démocratique Premier ministre Succède à Nasser en 1970[11]. Fait adopter une nouvelle constitution en 1971[12]. Participe à la guerre du Kippour en 1973[13] puis signe un accord de paix avec Israël (camp David)[14]. Assassiné par un soldat islamiste en 1981[15].
1970, 1976
Soufi Abou Taleb
(1925–2008)
Moubarak Parti national démocratique Président de l'Assemblée du Peuple Succède à Sadate en 1981 en tant que président par intérim.
4 Hosni Moubarak
(1928-2020)
Moubarak ; Mohieddin ; Ali ; Mahmoud ; Sedki ; al-Ganzouri I ; Ebeid ; Nazif ; Chafik I ; II Parti national démocratique Premier ministre Succède à Sadate en 1981[16]. Réélu en 1987, 1993, 1999 et 2005[17]. Démissionne en 2011 quelques mois avant la fin de son mandat pendant la révolution égyptienne de 2011[18].
1981, 1987, 1993, 1999, 2005
Mohamed Hussein Tantawi
(1935-2021)
Chafik I ; II ; Charaf I ; II ; al-Ganzouri II s-p Création du Conseil suprême des forces armées, organe transitoire chargé d'assumer les pouvoirs du chef de l'État[19]. Il est présidé par Mohamed Hussein Tantawi jusqu'au [20].
Président du
Conseil suprême des forces armées
5 Mohamed Morsi
(1951-2019)
Qandil I ; II Parti Liberté et Justice Élu en 2012[21]. Premier président démocratiquement élu[22] et issu des Frères musulmans. Fait adopter par référendum une nouvelle constitution[23] controversée[24] fin 2012. Destitué par un coup d'état le [25], après un mouvement de protestation de grande ampleur organisé à l'occasion du premier anniversaire de sa prise de fonction[26].
2012
Adli Mansour
(né en 1945)
el-Beblawi ; Mahlab I Indépendant Président de la Cour constitutionnelle suprême Président de la Cour constitutionnelle suprême, il est désigné par l'armée le pour succéder à Mohamed Morsi, renversé par l'armée[27]. Prête serment le lendemain[28]. Propose un référendum pour remplacer la constitution adoptée sous son prédécesseur en [29], constitution finalement adoptée[30].
6 Abdel Fattah al-Sissi
(né en 1954)
En fonction
Mahlab I ; II ; Ismaïl ; Madbouli
Indépendant Ministre de la Défense de Mohamed Morsi depuis le [31], il renverse ce dernier lors d'un coup d'État[32] et est considéré comme le dirigeant de fait de l'Égypte durant la présidence de Mansour[33]. Il remporte l'élection présidentielle de face à Hamdine Sabahi[34]. Réélu en 2018[35],[36].
2014, 2018

Le a lieu la première élection présidentielle[5]. Dès la première élection, Nasser est l'unique candidat à la présidentielle. À sa mort, ses successeurs Sadate et Moubarak font de même jusqu'en 2005.

En 2005, la première élection présidentielle pluraliste a eu lieu[37].

Le , après la révolution de 2011 qui voit la démission de Moubarak, Mohamed Morsi remporte la première élection présidentielle libre de l'histoire de l'Égypte[21].

Conditions de candidature

Selon l’article 134 de la Constitution[38], le candidat à la présidentielle doit être égyptien et de parents égyptiens, jouir de ses droits politiques et civil, ne pas posséder une autre nationalité et marié à une personne égyptienne.

Déroulement de la campagne et du vote

L’élection doit être organisée au moins quatre-vingt dix jours avant la fin du mandat du président sortant[38].

Frise chronologique

Abdel Fattah al-SissiAdli MansourMohamed MorsiHosni MoubarakSoufi Abou TalebAnouar el-SadateGamal Abdel NasserMohammed Naguib

Observations générales

Longévité :

Décès en cours de mandat :

Anciens chefs d'État encore en vie :

Classement par durée de mandat

RangNomEn joursEn annéesDatesCommentaire
1Hosni Moubarak10 712 jours29 ans, 3 mois et 28 jours41981-2011Démissionne.
2Gamal Abdel Nasser5 797 jours15 ans, 10 mois et 14 jours21954-1970Meurt en fonction (causes naturelles).
3Anouar el-Sadate4 026 jours11 ans et 8 jours31970-1981Meurt en fonction (assassinat).
4Abdel Fattah al-Sissi2 997 jours8 ans, 2 mois et 14 jours62014-...Mandat en cours.
5Mohammed Naguib514 jours1 an, 4 mois et 27 jours11953-1954Démissionne.
6Mohamed Morsi368 jours1 an et 3 jours52012-2013Renversé par un coup d'État.

Mandat

Serment

Selon la Constitution de 2014, le président élu prête serment devant la Chambre des députés en prononçant la phrase suivante :

« Je jure, au nom d'Allah le Tout‐Puissant de préserver loyalement le régime républicain, de respecter la Constitution et la loi, de veiller pleinement aux intérêts du peuple et de sauvegarder l'indépendance de la patrie et l'intégrité de son territoire[38]. »

Limite de mandat

Le président de la république n'est rééligible qu'une seule fois de manière consécutive[38]. De 1971 à 1980 et de 2011 à 2019, le président n'était rééligible qu'une seule fois, et de 1956 à 1971 et de 1980 à 2011, il n'y avait pas de limite de mandat.

Succession

Selon la Constitution de 2012, en cas de vacance du poste de président, le président de la Chambre des représentants assure l'intérim. Si celui-ci est dans l'incapacité d'assurer l'intérim, la charge revient dans l'ordre de succession respectivement président du Conseil consultatif puis au président de la Cour constitutionnelle suprême si aucun des deux cités plus haut ne peut devenir président[39].

Désormais avec l'abolition du Conseil consultatif dans la Constitution de 2014, le président de la Chambre des représentants assure l'intérim ou si celui-ci est dans l'incapacité de devenir président, le président de la Cour constitutionnelle suprême assure l'intérim[38].

Fonctions et pouvoirs

Le président est le chef d'État et le chef de l’exécutif mais aussi le chef suprême des forces armées[38].

Notes et références

  1. « Événements du 23 juillet 1952 en Égypte », sur Hérodote (consulté le )
  2. « Égypte, système électoral », sur Instiut Médéa (consulté le )
  3. « En Égypte, un référendum contesté entérine l'institution d'un scrutin présidentiel », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  4. « Mohamed Néguib », sur passion-egyptienne.fr (consulté le )
  5. « Nasser président d'Egypte », sur https://www.linternaute.com/ (consulté le )
  6. « L’évolution constitutionnelle en Egypte », sur www.sis.gov.eg (consulté le )
  7. « Nasser nationalise le canal de suez », sur www.linternaute.com/ (consulté le )
  8. « Jour par Jour, République arabe unie », sur www.linternaute.com (consulté le )
  9. « Guerre des Six Jours (5 au 10 juin 1967) », sur tsahal.fr (consulté le )
  10. « Le président Nasser est mort », sur www.live2times.com (consulté le )
  11. « Sadate succède à Nasser à la présidence de l'Egypte », sur www.linternaute.com (consulté le )
  12. « Égypte: Constitution du 11 septembre 1971 », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le )
  13. « Qui a gagné la guerre du Kippour? », sur Euronews (consulté le )
  14. « Signature des accords de camp David entre Israël et l'Égypte », sur Université de Sherbrooke (consulté le )
  15. « Assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate », sur Université de Sherbrooke (consulté le )
  16. Ridha Kéfi, « Moubarak succède à Sadate », Jeune Afrique, (ISSN 1950-1285, lire en ligne).
  17. « Hosni Moubarak, le pharaon déchu », L'Express, (ISSN 0014-5270, lire en ligne).
  18. « Egypte : Moubarak démissionne », sur Tf1.fr (consulté le )
  19. « Egypte en direct: le départ de Moubarak laisse l'armée en première ligne », L'Express, (ISSN 0014-5270, lire en ligne).
  20. « Mohamed Morsi devient le cinquième président de la république d'Egypte », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  21. « Égypte : le Frère musulman Mohamed Morsi élu président », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
  22. « Mohamed Morsi, premier président égyptien démocratiquement élu », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne).
  23. « VIDEOS. Egypte : la Constitution contestée par l'opposition approuvée à 63,8% », Le Parisien, (ISSN 0767-3558, lire en ligne).
  24. « Nouvelle Constitution égyptienne : ces articles qui changent la donne », sur France 24 (consulté le )
  25. « Egypte : le jour où Mohamed Morsi a été destitué », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  26. Hassan Ammar, « Egypte. Manifestations massives contre Morsi », Le Nouvel Observateur, (ISSN 0029-4713, lire en ligne).
  27. « Mohammed Morsi n'est plus président », Le Figaro, (ISSN 0182-5852, lire en ligne).
  28. « Egypte : Adli Mansour, président par intérim, a prêté serment », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  29. « Egypte : le référendum sur la Constitution aura lieu les 14 et 15 janvier », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne).
  30. « Egypte : le référendum sur la Constitution aura lieu les 14 et 15 janvier », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
  31. « Morsi met le maréchal Tantawi à la retraite », L'Express, (ISSN 0014-5270, lire en ligne)
  32. « Morsi destitué : les temps forts de la journée », TV5, (lire en ligne)
  33. « Sissi donné vainqueur », BFM TV, (lire en ligne)
  34. « Sissi élu sans surprise ni réelle concurrence », Le Monde, (ISSN 0395-2037, lire en ligne)
  35. « Égypte : les résultats officiels donnent la victoire d’Abdel Fattah Al-Sissi, réélu président avec 97,08 % des voix », sur lemonde.fr, .
  36. « Égypte : l'élection présidentielle et la consolidation du pouvoir de Sissi », Al HuffPost Maghreb, (lire en ligne, consulté le ).
  37. « Première élection présidentielle de l’histoire de l’Égypte », sur rfi.fr (consulté le )
  38. « Constitution égyptienne du 19 janvier 2014 », sur Université de Perpignan (consulté le )
  39. « Constitution égyptienne du 26 décembre 2012 », sur Université de Perpignan (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Tangi Salaün et Claude Guibal, L’Égypte de Tahrir : Anatomie d'une révolution, 25, bd Romain Rolland, Paris XIV, Éditions du Seuil, , 247 p. (ISBN 978-2-02-105726-3, lire en ligne)
  • Robert Solé, Sadate, , 319 p. (ISBN 978-2-262-04329-2, lire en ligne)
  • Dominique de Roux, Gamal Abdel Nasser, Éditions l'Age d'Homme,
  • Jean-Pierre Estival, Le naufrage de l'Islam politique à l'épreuve du pouvoir : Chronique d'un fiasco annoncé, Paris, L'Harmattan, , 209 p. (ISBN 978-2-343-01948-2)

Articles connexes

Liens externes

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