Principes de Yogyakarta

Les principes de Yogyakarta sont une série de principes, compilés en un unique texte, portant sur l’application du droit international des droits de l'homme en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre pour la protection et pour l'interdiction absolue de la discrimination contre les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres et insersexues (LGBTI).

Les principes s’inspirent de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, et entendent assurer l’application effective à ces catégories de personnes en prévoyant des obligations pour les États. Pour cela, le texte comporte une série d’assertions consistant en des droits qui devraient être garantis aux personnes LGBTI (par exemple : « Personne ne sera soumis à de la pression pour dissimuler, supprimer ou nier son orientation sexuelle ou son identité de genre »), et une série d’injonctions faites aux États pour assurer le respect de ces droits (par exemple : « mettre en place des programmes ciblés afin d’apporter un soutien social à toutes les personnes subissant une transition ou une réassignation de sexe »).

Ce document ne constitue pas, en lui-même, une règle de droit : les principes ne sont pas opposables ni n’ont de caractère contraignant. Cependant, ils ont inspiré certains instruments de droit international, ainsi que les motivations de certaines cours et tribunaux et les lois internes à plusieurs États[1].

Rédaction

Principes de 2006

Les principes ont été rédigés par la commission internationale de juristes et un groupe de 29 experts, qui en sont les signataires, à l'université Gadjah Mada dans la ville indonésienne de Yogyakarta du 6 au . Parmi les signataires, figurent notamment :

Après leur signature, les principes ont été présentés au Conseil des droits de l’homme des Nations unies le , où ils ont reçu le soutien officiel[pas clair] d’un groupe de 54 pays[Lesquels ?]. En conséquence, l’Assemblée générale des Nations unies a énoncé la Déclaration relative à l'orientation sexuelle et l'identité de genre le .

Guide à destination des activistes de 2010

En août 2010, Le Guide à destination des activistes sur les principes de Yogyakarta a été publié[2] et traduit en d'autres langues que les langues officielles des Nations unies[3] à l'attention des activistes et des défenseurs des droits de l'homme.

« Principe de Yogyakarta plus 10 »

En 2017, un groupe d'experts se réunit au Palais Eynard, à Genève (Suisse), pour mettre à jour les Principes de Yogyakarta et, notamment, les rendre plus inclusifs des droits des personnes transgenres et non-binaires. Cette rencontre aboutit à la publication des « Principes de Yogyakarta + 10 » (« PY + 10 »), édités par l’organisation privée « Service international pour les droits humains (en) » et l’ONG Amnesty International[4],[5]. Parmi les nouveaux principes, le no 30 affirme le « droit à la protection de l'état », le no 31 le « droit à la reconnaissance légale » et le no 38 le « droit de pratiquer, protéger, préserver et jouir la diversité culturelle »[6].

Énoncé des principes

Les principes sont composés d'un préambule et de 29 principes et recommandations. L'autorité du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et de la convention sur le droit international des droits de l'homme sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre y est affirmée. Le principe selon lequel « Tous les droits humains sont universels, intimement liés, interdépendants et indivisibles », tel qu'adopté par la Déclaration et programme d'action de Vienne, est cité dans le premier principe. À la suite de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, l'abrogation de l'idée d'infériorité ou de supériorité de l'un sur l'autre sexe, et d'un rôle stéréotypé des hommes et des femmes est mise de l'avant[7] « [L]e droit de décider librement et de manière responsable de tout ce qui a trait à l[a] sexualité y compris la santé reproductive, sans coercition, discrimination ou violence »[7] y est affirmé. Les principes précisent les normes juridiques internationales obligatoires auxquelles les États doivent se conformer[8]. L'interdiction de toutes les formes du trafic d'êtres humains[9], d'être sans domicile fixe[10], et de la violence domestique y est formulée, de pair avec la pertinence d'un travail de sensibilisation pour assurer le recul des comportements sociaux discriminatoires.

Le Préambule contient des définitions sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. L'orientation sexuelle y fait référence à la capacité qu'a chacun de ressentir une profonde attirance émotionnelle, affective et sexuelle envers des individus de sexe opposé, de même sexe ou de plus d'un sexe, et d'entretenir des relations intimes et sexuelles avec ces individus. L'identité de genre y fait référence à l'expérience intime et personnelle du genre profondément vécu par chacun, à la conscience personnelle du corps (qui peut impliquer, si consentie librement, une modification de l'apparence ou des fonctions corporelles par des moyens médicaux, chirurgicaux ou autres) et d'autres expressions du genre, y compris l'habillement, le discours et les manières de se conduire.

Une des recommandations stipule que « les cours régionales des droits humains intègrent de façon soutenue les principes précédemment énoncés qui sont pertinents par rapport au traité des droits humains qu'elles interprètent, dans le droit jurisprudentiel qu'elles développent concernant l'orientation sexuelle et l'identité de genre », autant que les devoirs de l'Organisation des Nations unies et de la communauté internationale.

Valeur juridique et reconnaissance internationale des principes

Dans un document d’information du intitulé « Droits de l'homme et identité de genre », le commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l'Europe cite les principes de Yogyakarta et recommande aux États membres du Conseil d’adopter des législations permettant leur mise en œuvre. En particulier, les recommandations portent sur la suppression des conditions préalables de stérilisation ou autre traitement médical obligatoire avant un changement de nom et sexe légalement reconnu, sur le remboursement par les régimes publics d’assurance-maladie des procédures de réattribution sexuelle ou d’hormonosubstitution.

Le à Istanbul, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) décide de ne pas ajouter les principes de Yogyakarta à l'ordre du jour de la 22e réunion annuelle du comité[11],[12]. Proposée par Marie Arena, déléguée de la Belgique, la proposition n'a pas réussi à obtenir les 2/3 des voix requises pour être discuté.

Références

  1. Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Droits de l’homme et identité de genre, (lire en ligne), p. 6 :
    « Bien que n’étant pas une norme internationale officielle, ces principes sont d’ores et déjà mentionnés par des organes de l’ONU et des tribunaux de différents pays ; de nombreux gouvernements s’en inspirent également pour élaborer leur politique »
  2. Lancement du Guide des Principes de Jogjakarta pour les militants (OutRight Action International)
  3. Yogyakarta Principles in Action, Unofficial Translation.
  4. (en-US) « Les Principes de Jogjakarta plus 10 – Yogyakartaprinciples.org » (consulté le )
  5. « Présentation des principes de Yogyakarta plus 10 », sur Fédération genevoise des associations LGBT, (consulté le )
  6. Principes de Yogyakarta plus 10
  7. Le préambule
  8. Introduction aux principes de Yogyakarta
  9. Le principe 11
  10. Le principe 15
  11. « 24 items approved for Istanbul Agenda », sur osce.org (consulté le ).
  12. http://www.oscepa.org/documents/all-documents/annual-sessions/2013-istanbul/declaration/1802-istanbul-declaration-fre

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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