Lettre d'Aristée

La lettre d'Aristée à Philocrate est un pseudépigraphe difficilement datable d'avant - 100, relatant de manière légendaire la traduction en grec du Pentateuque[1]. Il constitue sans doute le premier document rapportant les origines de la Bible grecque des Septante et est un excellent reflet de l'état d'esprit du judaïsme alexandrin (ou judaïsme synagogal) de cette époque.

Début de la Lettre d'Aristée à Philocrate. Bibliothèque apostolique vaticane, XIe siècle.
Traduction latine, avec un portrait de Ptolémée II à droite. Bibliothèque d'État de Bavière, circa 1480.
Lettre d'Aristée Édition bilingue gréco-latine d'Oxford de 1692.

Contenu

Aux termes de la lettre, Démétrios de Phalère, fondateur et responsable de la bibliothèque d'Alexandrie, propose au roi macédonien d'Égypte Ptolémée II Philadelphe de faire traduire les textes religieux juifs, afin de les inclure dans ses collections. Il suggère de s'adresser au grand prêtre juif, Éléazar II (en), et de lui demander six hommes par tribu, afin de réaliser la traduction. Ptolémée accepte et le projet est mis en œuvre. Dans sa lancée, il fait libérer tous les esclaves juifs d'Égypte.

Éléazar II (en), contacté, sélectionne 72 habitants de Jérusalem « maîtres dans les lettres judaïques, mais aussi adonnés à la culture hellénique ». Ceux-ci voyagent jusqu'à Alexandrie où le roi les reçoit et se prosterne par sept fois devant les rouleaux de la Loi. S'ensuit un banquet qui dure sept jours, au cours duquel le roi interroge chacun des 72 traducteurs.

Enfin, les traducteurs se retirent dans l'îlot de Pharos qui ferme le port d'Alexandrie, où ils travaillent durant 72 jours. Lecture en est faite devant la cour de Ptolémée et l'assemblée des Juifs alexandrins. Il est convenu que le texte ne devra pas être modifié, Démétrios s'exclamant même que la traduction « vient de Dieu ».

L'auteur

La lettre est adressée par un dénommé Aristée (nom donné par Flavius Josèphe, Antiquités juives, XII, 12–118) à son frère Philocrate. L'auteur se présente comme un Grec, adepte de la religion olympique.

C'est une élucubration d'un juif anonyme qui se met dans la peau d'un Hellène pour paraître impartial dans l'expression de son admiration à l'endroit des choses juives. La lettre serait antérieure aux persécutions d'Antiochos IV Épiphane, roi séléucide, quand la paix régnait encore en Israël sous son père, Antiochos III dit le Grand.

En 1522, Luis Vives (In XXII libros de Civitate Dei Commentaria), suivi par Humphrey Body en 1685 (Contra historiam Aristeæ de LXX. interpretibus dissertatio) montrent qu'il s'agit en fait d'un pseudonyme. L'auteur est un Juif alexandrin, d'où le nom conventionnel de « pseudo-Aristée » qui lui est donné. Il ne faut pas le confondre avec Aristée, historien, auteur d'un Sur les Juifs dont Eusèbe de Césarée a préservé des extraits, ni avec Aristée d'Argos, un partisan du roi Pyrrhus.

Flavius Josèphe adapte et développe le récit conté par la lettre d'Aristée dans le livre XII des Antiquités juives[2].

La Septante dans le Talmud

Un passage du Talmud rapporte deux récits de la traduction de la Bible hébraïque à Alexandrie[3] :

« On raconte que cinq anciens traduisirent la Torah en grec pour le roi Ptolémée, et ce jour fut aussi grave pour Israël que le jour du veau d’or, car la Torah ne put être traduite convenablement. On raconte également que le roi Ptolémée rassembla 72 anciens, il les plaça dans 72 maisons, sans leur révéler l’objet de ce rassemblement. Il vint voir chacun et leur dit : “Écrivez-moi la Torah de Moïse votre maître”. L’Omniprésent inspira chacun, et ils traduisirent de la même manière. »

Édition

Notes et références

  1. Arnaud Sérandour in Introduction à l'Ancien Testament, sous la direction de Thomas Römer, Éditions Labor et Fides, 2009
  2. André Pelletier, Flavius Josèphe adaptateur de la lettre d'Aristée
  3. Traité Scribes, chapitre 1, lois 7.
  4. Recension sur le site Persée.

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe

Liens externes

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