Pseudomonarchia daemonum
La Pseudomonarchia daemonum (Pseudomonarchie des démons) est un traité en latin écrit à la Renaissance qui présente une nomenclature de la hiérarchie des démons infernaux, leurs attributs, et le moyen de les conjurer.
Le Praestigiis daemonum
La Pseudomonarchia daemonum apparaît pour la première fois en 1577, en appendice de la cinquième édition du De praestigiis daemonum du médecin Johann Weyer. La première édition, dont le titre complet est De Praestigiis daemonum et Incantationibus ac Venificiis, date de 1563. Elle fut traduite en français dès 1567 par le médecin Jacques Grévin sous le titre Cinq livres de l'imposture et tromperie des diables, des enchantements et sorcelleries[1]. L'existence des démons et le problème de la sorcellerie furent largement débattus dans la seconde moitié du XVIe siècle. Le traité de Weyer qui avait été l'élève de Cornélius Agrippa, est un vigoureux plaidoyer contre le Malleus Maleficarum (1487) de l'inquisiteur Heinrich, tentant de séparer la magie réellement maléfique et la sorcellerie assimilée à une pathologie mentale, la folie ou la mélancolie. L'ouvrage de Weyer fut largement réédité et traduit. En 1580 le juriste français Jean Bodin le condamna pour des raisons juridiques dans sa Démonomanie des sorciers[2].
La Pseudomonarchia daemonum
Dans son avis au lecteur, Weyer explique qu'il veut montrer les folies délirantes des magiciens par un exemple parmi d'autres de leurs traités (comme Liber officiorum spirituum, seu Liber dictus Empto. Salomonis, de principibus et regibus daemoniorum (Livre des offices des esprits, ou le livre dit Empto. Salomon au sujet des princes et des rois des démons)) [3]. Il présente des analogies avec un autre texte, en français, dont on connaît un manuscrit datant du XVe siècle ou plus probablement de la seconde moitié du XVIe siècle, le Livre des esperitz[4], qui liste 46 démons, dont 35 se retrouvent dans la Pseudomonarchia daemonum, identifiables sinon par leur nom déformés, du moins par leurs attributs et fonction[3]. Il s'agit donc probablement de deux versions d'une tradition plus ancienne, dont on peut trouver des traces dès le XIIIe siècle, et dont les exemples connus les plus anciens remontent au XVe siècle[3].
L'ouvrage décrit 69 démons, mais il est probable qu'il a été amputé du début concernant Lucifer, Belzébuth et Satan, ainsi que Oriens un des quatre démons des points cardinaux[3]. Le texte donne de nombreux détails sur l'apparence et les fonctions des démons, ainsi que sur leur origine : une vingtaine sont des anges déchus, ayant appartenu à certains des neuf ordres d'anges définis par le Pseudo-Denys l'Aréopagite (Chérubins, Trônes, Dominations, Puissances...), que certains espèrent rejoindre après avoir purgé leur peine – ils commandent chacun un certain nombre de légions comprenant chacune 6666 démons (en référence à 666, le nombre de la bête de l'Apocalypse[3]).
L'ouvrage fut traduit en anglais en 1584 par Reginald Scot dans sa Discoverie of witchcraft. Le livre a été écrit avant les premières copies connues de la Petite clef de Salomon et présente avec elle certaines différences. Dans la Pseudomonarchia daemonum, il y a 69 démons (et non 72), et l'ordre comme les caractéristiques varient. Ainsi, les démons Vassago, Seere, Dantalion et Andromalius ne sont pas présents dans la liste des démons, tandis que le démon Pruflas y est ajouté. L'ouvrage n'attribue pas de sceaux aux démons, au contraire de la Petite clef de Salomon.
Certaines éditions de l'ouvrage ne semblent mentionner que 68 démons en raison d'une erreur typographique attribuant le numéro 38 deux fois (à Pucel et Furcas).
Collin de Plancy dit de cet écrit que c'est un « traité curieux des lamies et l'inventaire de la fausse monarchie de Satan »[5].
Les 69 démons
- Bael
- Aguarès
- Marbas
- Pruflas
- Amon
- Barbatos
- Buer
- Gusoyn
- Botis
- Bathym
- Pursan
- Eligos
- Loray
- Valefor
- Morax
- Ipes
- Naberius
- Glasya-Labolas
- Zepar
- Byleth
- Sytry
- Paimon
- Bélial
- Bune
- Forneus
- Roneve
- Berith
- Astaroth
- Foras
- Furfur
- Marchocias
- Malphas
- Vepar
- Sabnac
- Asmodée
- Tap
- Chax
- Pucel
- Furcas
- Murmur
- Caym
- Raum
- Halphas
- Focalor
- Vinea
- Bifrons
- Samigina
- Zagan
- Orias
- Volac
- Gremory
- Decarabia
- Amdusias
- Andras
- Andrealphus
- Oze
- Aym
- Orobas
- Vapula
- Cimeries
- Amy
- Flauros
- Balam
- Alocer
- Saleos
- Vual
- Haagenti
- Phoenix
- Stolas
Bibliographie
- Jean-Patrice Boudet, Les who's who démonologiques de la Renaissance et leurs ancêtres médiévaux, Médiévales, 44 (2003), en ligne
- (en) George Mora, Benjamin G. Kohl Witches, devils, and doctors in the Renaissance: Johann Weyer, De praestigiis daemonum volume 73 de Medieval & Renaissance Texts & Studies , 1991
- Johann Weyer, Pseudomonarchia daemonum, (lire en ligne)
Articles connexes
Notes et références
Notes
Références
- sur Googlebooks
- http://serials.infomotions.com/bmmr/bmmr-9510-williams-witches.txt
- Jean-Patrice Boudet, Les who's who démonologiques de la Renaissance et leurs ancêtres médiévaux, Médiévales, 44 (2003), en ligne
- MS. Cambridge, Trinity College O.8.29, folios 179-182vo
- Dictionnaire Infernal, Collin de Plancy, article Wierus
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