Qi Baishi
Qi Baishi (齐白石 - 齊白石; pinyin: Qí Báishí) ou Qi Huang, né le à Xiangtan (pinyin: Xiāngtán), province du Hunan, en Chine et mort le à Pékin, est un artiste peintre chinois. À la différence de la majorité des peintres célèbres dans la Chine impériale, ce n'est pas un lettré de formation. Autodidacte, aimant profondément le coin de terre où il était né, il sut apporter une vigueur nouvelle à la peinture-lettrée traditionnelle comme s'il avait su lui insuffler la fraîcheur et la spontanéité de sa jeunesse campagnarde.
Pour les articles homonymes, voir QI (homonymie).
齐白石
Naissance | |
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Nom dans la langue maternelle |
齊白石 |
Nationalité |
Chine chinois |
Activité | |
Mouvement | |
Enfant |
Biographie
Qi Baishi est né en 1864 dans une famille paysanne modeste du sud du district de Xiāngtán (湘潭) dans la province du Hunan au centre de la Chine. Il ne put aller à l'école communale qu'à l'âge de huit ans et dut interrompre ses études à peine un an plus tard en raison de sa mauvaise santé[1]. Sa fragilité l'empêchant de travailler dans les champs, il apprit le métier de charpentier. Son penchant artistique le fit se spécialiser dans la gravure sur bois.
Comme c'était l'habitude à l'époque, ses parents achetèrent une « petite belle-fille » (童養媳, ) de 12 ans à une famille pauvre en tant que bonne-à-tout-faire puis pour la marier avec leur fils âgé à ce moment de 11 ans. Leur premier enfant vint 7 ans plus tard.
À vingt ans, son intérêt pour la peinture fut éveillé par un manuel, le Précis de peinture du Jardin du grain de moutarde, dont il fit une copie très soigneuse. Il put ensuite se former à la peinture et à la calligraphie auprès d'artistes locaux : Un peintre-lettré, Hu Qinyuan (胡沁园) lui apprit la calligraphie, et un portraitiste, Xiao Zhuanxin, lui enseigna la technique des portraits. À l'âge de 27 ans, ses qualités de dessinateur, lui permirent de faire vivre sa famille en s'établissant comme portraitiste[2]. Il se forma aussi à la poésie classique et à la gravure de sceaux.
Mais Qi Baishi a toujours eu la volonté de progresser dans son art et pour profiter des immenses possibilités du vaste empire chinois, il entreprit dans les années 1902-1909, une série de voyages à travers le pays. Pour étudier les maîtres de la calligraphie, il visita la Forêt de stèles à Xi'an, ou les stèles des Wei du Nord à Pékin, et pour s'imprégner des paysages célèbres du Sud (Míngshān dàchuān 名山大川, montagnes célèbres et grands fleuves), il voyagea à Guilin. Il visita aussi Canton, le Viêt Nam, Shanghai, Suzhou et Nankin. Lors de ses périples, ses rencontres avec les artistes et les œuvres l'amenèrent à adopter de nouveaux modèles, comme Zhu Da dit aussi Bada Shanren (1626-1705), Jin Nong (1687-1764), ou Xu Wei (1521-1593) pour la peinture et Zhao Zhiqian (1829-1884) pour la gravure sur sceau. Ces influences marquent l'évolution de son style vers plus de simplicité.
À son retour dans son pays natal, il acheta une ancienne et grande demeure qu'il rénova. Il planta de nombreux arbres autour de sa maison et éleva des poissons, oiseaux et une foule d'autres petites bestioles qui fournirent les sujets pleins de vie de ses peintures. Il adorait observer abeilles, mantes, libellules, grillons et cigales puis avec le pinceau les mettre en scène sous une feuille ou sur une branche.
À cette époque l'Empire chinois s'écroulait dans de violents soubresauts liées à différentes invasions et la République était proclamée en 1912. Une période d'instabilité s'ensuivit où les « Seigneurs de la guerre » s'affrontaient entre 1916 et 1928 pour dominer le Nord de la Chine.
Pour fuir les violences, il décida de s'installer à Pékin en 1917.
Dans la capitale, il rencontra Chen Shizeng (陈师曾), un éminent peintre issu d'une grande famille de lettrés, qui l'encouragea à poursuivre sa recherche de la simplicité et de l'expressivité à la manière de Bada Shanren, Jin Nong et Wu Changshuo. C'est lui surtout qui joua un rôle décisif pour faire reconnaître son talent. Chen Shizeng qui avait longtemps étudié au Japon, présenta ses œuvres à une exposition à Tokyo. Toutes ses peintures furent vendues et deux furent sélectionnées pour être exposées à Paris. Le regard un peu distant des esthètes chinois changea alors radicalement.
À 55 ans, Qi Baishi avait trouvé un style personnel fait de grâce et de simplicité qui lui ouvrit les portes du succès. Encouragé par Chen, il créa le style « fleurs rouges et feuillage d'encre » (红花墨叶, ) qui consistait à employer des couleurs vives en contraste avec les noirs et gris du lavis.
Conformément aux mœurs de l'époque, lui qui s'était marié à l'âge de 11 ans, prit une nouvelle concubine, Hu Baoshang, « Précieuse perle », âgée de 18 ans. Il eut d'elle quatre garçons de plus et plusieurs filles. Pour son dernier né, il avait 78 ans.
En 1927, à l'âge de 63 ans, il commença à enseigner la peinture traditionnelle à l'Académie des Beaux Arts de Pékin.
Sa créativité artistique ne tarit pas avec l'âge puisque c'est entre 80 et 90 ans, qu'il produisit ses œuvres les plus achevées. La maîtrise technique de son art lui permit de donner des peintures pleines de fraîcheur et de vigueur jusqu'au terme de sa vie.
En 1946, deux expositions entièrement dédiées à ses œuvres se tinrent à Shanghai et Nankin. Il rencontra Chiang Kai-shek.
Qi Baishi, le dernier grand peintre-lettré traditionnel avec Wu Changshuo, ne fut cependant pas inquiété avec l'arrivée des communistes au pouvoir[3]. Son origine modeste joua bien sûr en sa faveur mais aussi ses peintures de fleurs et d'oiseaux furent interprétées comme des descriptions de la vie quotidienne des gens du peuple. En 1953, il fut élu à la présidence de l'Association des artistes chinois et député à l'Assemblée nationale populaire. En 1956 il obtint le prix international de la Paix octroyé par The World Peace Council.
Qi Baishi s'éteignit à 93 ans, le , à Pékin.
Œuvre
À la différence de beaucoup d'artistes de son temps qui cherchèrent à s'inspirer de la peinture européenne ou japonaise, Qi Baishi puisa son inspiration dans la plus pure tradition chinoise.
Ses œuvres conservent les traits de la peinture traditionnelle des lettrés en ce qu'elles combinent la poésie, la calligraphie, la peinture et l'art du sceau. Mais elles s'en écartent sur le plan thématique et en matière de moyens d'expression. Les sujets préférés de Qí Báishí sont les scènes de la vie rurale, les outils aratoires, les légumes, les oiseaux et les insectes.
Il rompit avec la tradition de marquer la modestie avec des bambous ou la délicatesse avec des orchidées. Il ne chercha jamais à représenter une réalité insaisissable, avec l'attitude hautaine des peintres-lettrés affichant un détachement des contingences.
L'originalité de Qí Báishí se trouve dans l'énergie de son pinceau et dans son audace à rehausser ses encres de touches de couleurs parfois très vives. Il excelle dans l'évocation du monde simple de la campagne et saisit avec une étonnante vivacité la vie grouillante des mares avec leurs grenouilles, libellules, poissons et autres crevettes. Il sait mettre en scène parfois avec une touche d'humour la vie de ces petites bestioles. Son style vigoureux le rapproche de Bada Shanren mais sans le côté amer et satirique de ce dernier.
Il fit preuve d'une audace remarquable en créant le style « fleurs rouges et feuillage d'encre » (红花墨叶, hónghuā mòyè) qui consistait à employer des couleurs vives en contraste avec les noirs et gris du lavis. L'effet fut comparable à celui du fauvisme en Europe, vigoureux et décoratif[1]. La peinture chinoise lui doit certainement cette prise de conscience du rôle des couleurs.
Qi Baishi savait aussi marier les dessins à l'encre précis et des taches de couleurs aux contours indécis. Par exemple un dessin minutieux d'insecte accompagné de fleurs de style « Sans os » (没骨画, mògǔ huà), fait de couleurs vives ou d'encre éclaboussée.
Qi Baishi n'est pas né dans une famille aisée. Jeune, il ne put recevoir la formation de lettré mais par une force et une ténacité hors du commun il put au cours d'une longue vie acquérir toutes les compétences d'un peintre-lettré et même mener à un point d'excellence une technique traditionnelle passablement figée.
La production de Qi Baishi est très abondante. Il ne s'arrêtait jamais de peindre sauf nous dit-il quand il fut gravement malade et à la mort de sa mère. On estime à environ 10 000 peintures sa production entre 1930 et 1950.
Lui-même décrivait son évolution en ces termes « J'ai appris la peinture aux doigts dans ma jeunesse, j'ai fait des paysages à partir de trente ans et je me suis spécialisé dans les fleurs, les insectes et les oiseaux sur la quarantaine ».
Il était par ailleurs un expert du zhuanke, la gravure de sceau.
Notes et références
- Encyclopédie Universalis, QI BAISHI
- Musée Cernuschi
- Zhuang Jiayi et Nie Chongzheng, La peinture Chinoise, Témoin muet, mais éloquent, de la civilisation chinoise, China Intercontinental Press, 五洲传播出版社, , 172 p.
Annexes
Bibliographie
- (zh) Chen Fan, Qi Baishi shi wen zhuanke ji (Recueil des écrits et des cachets de Qi Baishi), Hong Kong, 1961.
- Lang Shaojun, Qi Baishi, le Génie Paysan, Editions YOU-FENG, .
- Qi Baishi, Le peintre habitant temporaire des mirages, Éditions Philippe Rey, .
Liens externes
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- Delarge
- Galerie nationale de Finlande
- Musée d'Orsay
- (de) Académie des arts de Berlin
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- WorldCat
- Peintures de Qí Báishí sur Flicker.
- (en) « Qi Baishi - Rouge resplendissant au milieu des feuilles de lotus restantes », International Art Museum of America
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