Récif corallien mésophotique

Un « récif corallien mésophotique » (ou « récif corallien crépusculaire » ou MCE pour «  mesophotic coral ecosystems ») est un récif situé à une profondeur moyennement éclairé, entre la surface et les grands fonds (méso signifie moyen et photique signifiant relatif à la lumière) [1] , [2]

Richard L. Pyle, spécialiste des récifs coralliens mésophotiques
Dans la zone mésophotique seule la longueur d'onde bleue pénètre l'eau
Stylaster nobilis
faune de la zone mésophotique
Faune de récifs profonds (Finlay's Deep, Cape Peninsula)
Corail de récif profond

On y trouve à la fois des coraux et des algues encore dépendant de la lumière, et des organismes pouvant être trouvés dans les environnements océaniques sombres et plus froids (10 °C). Ils ne peuvent être explorés que par des plongeurs spécialement équipés (recycleurs..), car trop complexes pour être bien explorés par des ROVs ou les robots subaquatiques existants. Au XXIe siècle, l’exploration de ces milieux commence à peine, alors qu’ils constituerait pourtant environ 80 % de l'habitat récifal total[1].

Selon les inventaires faits à Hawaï les récifs profonds présentent un taux d'endémisme bien plus élevé que les récifs de surface ce qui laisse penser que leur biodiversité a été très sous-estimée. Ainsi l’exploration de la zone mésophotique de l'atoll de Kure a révélé que 100 % des poissons qui y étaient présents sont endémiques à Hawaï ; c’est la plus grande proportion d’espèces endémiques jamais documentée dans le monde marin, ce qui pourrait être en partie dû à l'éloignement d'Hawaï ou parce que les récifs profonds, à la différence des récifs de surface n'ont pas été affectés par la montée et la chute des niveaux de la mer pendant les dernières périodes glaciaires[1]. Une équipe pva tester cette hypothèse sur la base d’analyses génétiques d’espèces vivant dans les récifs profonds et peu profonds, afin de voir sir les espèces de surface présentent des indices génétiques de recolonisation à partir des profondeurs ou d’ailleurs depuis 20 000 ans, et si les espèces profondes présentent des divergences génétiques révélatrices[1].

En 2013, des scientifiques ont appelé à protéger « tous les récifs coralliens », et pas seulement les récifs de surface[3].

Profondeurs

Elles varient selon la turbidité de l’eau et sa température.

La zone typique des coraux mésophotiques est de 30 à 40 m, mais elle descend jusqu'à 160 m dans les eaux tropicales et subtropicales les plus limpides .

Dans les régions où l'eau est moins claire, les récifs coralliens mésophotiques peuvent aussi être considérés comme faisant partie d'écosystèmes de coraux d'eau peu profonde.

Une transition verticale douce est fréquente vers les espèces de coraux profonds. Alors que les récifs exposés à la lumière (les 30 mètres supérieurs de la colonne d’eau) sont dominés par les coraux durs et ; ces derniers ne constituent qu’environ 20 % de l'habitat corallien mésophotique[1].

Les explorations entamées par Richard Pyle depuis la fin des années 1990 ont aussi montré que localement des coraux durs semblables aux coraux de surface survivent à des profondeurs de 70 à 90 mètres, qu’on ne soupçonnait pas auparavant. le record de profondeur pour un corail à zooxanthelle Leptoseris hawaiiensis est de 165 m[4]

Enjeux écologiques

Ces coraux pourraient peut-être être une source de « réensemencement » d'espèces de coraux d'eau peu profonde[5] et donc jouer un rôle dans la résilience écologique des récifs coralliens.

Biodiversité

Elle est moins bien connue que celle des coraux de surface ou subsurface. Mais on trouve notamment sur ces récifs de nombreuses espèces de coraux, d’éponges et de certaines algues.

Plus on descend plus les coraux dominants sont des coraux mous qui abritent eux-mêmes une communauté diversifiée d’autres espèces (mollusques, crustacés et autres créature)[1].

Cette zone mésophotique est un écotone ; elle chevauche en partie la zone des coraux de subsurface et celle d'eau profonde qui n’ont plus de zooxanthelles ni d’exigences de lumière.

Recherche

Grâce au développement des ROV et des caméras subaquatiques, l’étude de ces récifs a gagné en importance, également parce qu'ils pourraient être une zone refuge et une source de recolonisation pour des espèces de subsurfaces affectées par la pollution, la surpêche et/ou le réchauffement planétaire.

L’un des pionniers de l’exploration de ces récifs est Richard Pyle, qui a contribué à développer un équipement de plongée spécialisé[1]. Découvreur de plus de 100 nouvelles espèces de poissons, il estime qu’environ 2000 autres poissons pourraient encore y être découverts mais qu’il y a urgence à inventorier et cartographier ce patrimoine au sein de la «bibliothèque de la biodiversité» du monde, « avant que les espèces ne soient perdues par les impacts humains à long terme comme le changement climatique et la surpêche »[1]. Il faut aussi comprendre comment ces espèces vivent, interagissent et se reproduisent. et survivent dans un environnement où la photosynthèse n’est plus la première source de biomasse[1].

Notes et références

  1. Kenneth R. Weiss (2017) « Naturalist Richard Pyle explores the mysterious, dimly lit realm of deep coral reefs »; Science mag, 02 mars 2017
  2. Kenneth R. Weis (2017) Into the Twilight Zone, Science 03 Mar 2017:Vol. 355, Issue 6328, pp. 900-904 DOI: 10.1126/science.355.6328.900
  3. Bridge, T. C., Hughes, T. P., Guinotte, J. M., & Bongaerts, P. (2013). Call to protect all coral reefs. Nature Climate Change, 3(6), 528-530
  4. Samuel Kahng (2006) « The deepest, zooxanthellate scleractinian corals in the world? » ; Article (PDF) in Coral Reefs 25(2):254-254 • January 2006 DOI: 10.1007/s00338-006-0098-5
  5. Baker, E.K., Puglise, K.A., Harris, P.T., 2016. Mesophotic Coral Ecosystems — A lifeboat for coral reefs? The United Nations Environment Programme and GRID-Arendal, Nairobi and Arendal, 98 pp.http://www.grida.no/publications/mesophotic-coral-ecosystems/

Voir aussi

bibliographie

Articles connexes

Lien externe


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