Rachat de Dunkerque

Le rachat de Dunkerque a lieu en 1662 lorsque Louis XIV rachète la ville à son cousin Charles II d'Angleterre.

Prélude

Espagnole depuis 1559, la ville de Dunkerque est assiégée du par l'armée française de Louis II de Bourbon-Condé qui s'en empare le . Le maréchal de Rantzau est nommé gouverneur de la ville. Le , Dunkerque est à nouveau espagnole.

Le , le maréchal Henri de Turenne entame le siège de la ville pour le compte de Louis XIV. Dix-neuf jours plus tard, le , une coalition franco-anglaise menée par Turenne et William Lockhart, neveu d'Oliver Cromwell, remporte la bataille des Dunes.

Le , Dunkerque se rend aux Français. Le soir même, conformément au Traité de Paris signé un an plus tôt, Louis XIV remet la ville à Cromwell[1]. La « folle journée » venait de se dérouler : Dunkerque qui était espagnole le matin, française à midi, devient anglaise le soir.

Le traité des Pyrénées de confirme la possession anglaise de Dunkerque, qui passe aux mains de Charles II, après la Restauration anglaise de 1660.

La vente

En 1662, Charles II est à court d'argent. Edward Hyde de Clarendon, chancellier d'Angleterre, lui conseille de vendre Dunkerque qui coûte au royaume plus d'un million de livres par an[2].

Godefroi d'Estrades ancien ambassadeur en Allemagne, Hollande et Angleterre est chargé des négociations pour la France. Clarendon lui suggère qu'il pourrait céder la ville pour douze millions de livres[3]. D'Estrades qui a été gouverneur de Dunkerque et connaît bien la ville lui répond qu'il ne dépasserait pas deux millions. Il faut cependant faire vite, car en Angleterre, l'idée de céder Dunkerque à la France est loin de faire l'unanimité. Le Conseil privé envisage plutôt de mettre le sort de la ville entre les mains du Parlement ou de la vendre à l'Espagne ou à la Hollande. Clarendon propose alors sept millions de livres.

Le , par l'intermédiaire de d'Estrades, Louis XIV fait connaître son dernier mot: Ce sera quatre millions dont deux au comptant, puis deux millions sur les deux années suivantes. Le , n'ayant pas reçu de réponse d'Estrades annonce qu'il quitte les négociations. Un accord est finalement trouvé pour cinq millions de livres, à la conditions de céder également Mardyck et les fortifications entre Bergues et Dunkerque.

Le , à Londres, la vente est enfin conclue. « La ville de Dunkerque avec ses vieilles et ses nouvelles fortifications, avec les matériaux et munitions qui s'y trouvaient ainsi que Mardyck et les forts entre Dunkerque et Bergues » sont remis à la France. La nouvelle est ressentie comme une trahison. Le parlement qui craint que le fameux repaire des corsaires dunkerquois ne ruine le commerce, tente en vain d'interdire aux troupes d'embarquer[4], mais le courrier arrive trop tard. Le les dernières troupes anglaises quittent Dunkerque. Les troupes françaises entrent le lendemain.

Le [5], Louis XIV en personne, vient prendre possession de la ville. Il est reçu par Godefroi d'Estrades, nouveau gouverneur de Dunkerque[6].

Conséquences

Sébastien Le Prestre de Vauban entreprend aussitôt de fortifier la ville et développe son port qui devient le plus grand port de guerre du royaume[7]. Dès 1670, Louis XIV encourage la reprise de la course à Dunkerque.

Devenu impopulaire à la suite de la vente de Dunkerque, Clarendon tombe rapidement en disgrâce. Il est dépouillé de toutes ses biens et banni par le parlement. Il se retire en France et meurt à Rouen, le .

Sources

Notes et références

  1. Pierre Goubert, Mazarin, p. 409.
  2. L'acquisition de Dunkerque et de Mardyck par Louis XIV, page 236
  3. Augustin Jal, Abraham Du Quesne et la marine de son temps, Volume 1, H. Plon, (lire en ligne), p. 283
  4. Henri Carré, Henriette de France : Reine d'Angleterre (1609-1669), Frédérique Patat,
  5. Alfred Emmanuel Roergas de Serviez, Histoire de Colbert, Debécourt, (lire en ligne), p. 149
  6. Abraham Du Quesne et la marine de son temps... (lire en ligne), p. 288
  7. Gérard Demarcq, Dunkerque 1 000 ans d'histoire, Cambrai/Dunkerque, Le Téméraire / Office du tourisme, coll. « Histoire des villes », , 48 p. (ISBN 2-908703-11-4), p. 29
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