Racism without Racists

Racism without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in the United States[1] est un livre d'Eduardo Bonilla-Silva, professeur de sociologie à l'Université Duke. Il traite de la contradiction entre la cécité à la couleur de peau revendiquée par la plupart des Blancs aux États-Unis, et la persistance d'un système d'inégalités raciales ; il présente le concept de racisme daltonien. Il a été initialement publié par Rowman & Littlefield en 2003 et a depuis été republié quatre fois, le plus récemment en juin 2017[2]. La quatrième édition a été publiée peu après l'élection de Barack Obama, et comprend un nouveau chapitre sur ce que Bonilla-Silva appelle«  le nouveau racisme »[3]. L'ouvrage a reçu des critiques positives dans Science & Society[4], Urban Education[5], Educational Studies[6] et Multicultural Perspectives[7].

Racism without Racists
Auteur Eduardo Bonilla-Silva
Genre Essai sociologique
Version originale
Langue anglais
Éditeur Rowman & Littlefield
Date de parution 2003
Nombre de pages 214
ISBN 978-1-4422-7623-9

Analyse

Alors que l'avènement de Barack Obama à la présidence des États-Unis a pu laisser croire à l'émergence d'une société dite post-racialiste voyant la disparition des inégalités raciales, celles-ci semblent au contraire s'être accrues, comme en témoigne plusieurs signaux : les inégalités économiques croissantes dont le plus fort taux d'expulsions auxquelles ont été confrontés Noirs et Latinos après la crise des Subprimes, et un rapport de patrimoine passé de 4 à 6 entre les deux groupes ; l'incarcération croissante et massive de la population afro-américaine, majoritaire dans les prisons (58 %) pour une population représentant le quart de la population totale, dont l'aspect discriminatoire est illustré par le déséquilibre des contrôles policiers (exemple : 42 % de contrôle et 73 % des arrestations visant les Afro-américains sur une autoroute alors que seuls 15 % des automobilistes appartiennent à des minorités raciales) ; et surtout, les cas de Noirs tués par des policiers pour des motifs futiles se sont multipliés, menant à la création du mouvement Black Lives Matters. Enfin, les tensions raciales s'accroissent avec les tentatives répétées et réussies des conservateurs de porter atteinte au principe de « preclearance » exigeant un accord préalable du gouvernement fédéral avant toute modification d'une loi électorale un acquis du Voting Rights Act obtenu en 1965  ou encore avec les multiples attaques contre la discrimination positive, un autre acquis du mouvement des droits civiques[8].

Ainsi si « les données suggèrent que les attitudes racistes proprement dites sont en voie de disparition », et si « selon le sociologue Eduardo Bonilla-Silva, alors que dans les années 1940 une majorité des blancs soutenaient le principe de la ségrégation raciale, ils n’étaient plus qu’un quart à le faire à partir de 1970 » , la croissance des inégalités montre le caractère paradoxal d'un nouvel ordre racial. Pour lui, ce nouveau racisme «  s’appuie non pas sur des préjugés raciaux explicites (« les Noirs sont intellectuellement inférieurs »), mais sur des cadres cognitifs apparemment neutres  », dont la supposée cécité à la couleur de peau, « qui renforcent néanmoins la hiérarchie raciale, comme le libéralisme abstrait (la primauté de l’individu, la croyance à l’égalité des chances) et le racisme culturel (« les Noirs ne font pas assez d’efforts pour améliorer leur sort », etc.) » Ensuite, ce « racisme neutre » ou racisme daltonien serait « structurel plutôt qu’affectif : il dépend moins de la stigmatisation des minorités, que d’arrangements tendant à préserver le statut de la race privilégiée »[8].

Références

  1. Traduction en français : Le racisme sans les racistes : le racisme indifférent à la couleur et la persistance des inégalités raciales en Amérique, dans Kharoll-Ann Souffrant « Le racisme sans racistes - L’indifférence à la couleur est une hypocrisie », 15 juillet 2016 sur delitfrançais.com.
  2. « Racism without Racists », Rowman & Littlefield (consulté le )
  3. « Racism without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in America, Fourth Edition », Duke University (consulté le )
  4. Bush, « Racism Without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in the United States », Science & Society, vol. 70, no 3, , p. 431–434 (DOI 10.1521/siso.70.3.431)
  5. Ullucci, « Book Review: Racism Without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in the United States », Urban Education, vol. 41, no 5, , p. 533–540 (DOI 10.1177/0042085906291929)
  6. Huang, « Review of Racism Without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in the United States », Educational Studies, vol. 38, no 2, , p. 177–179 (DOI 10.1207/s15326993es3802_9)
  7. (en) Cutler, « A Review of Racism Without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in America (4th ed.) », Multicultural Perspectives, vol. 17, no 4, , p. 235–237 (ISSN 1521-0960, DOI 10.1080/15210960.2015.1088310, lire en ligne)
  8. Berhent 2016.

Bibliographie

  • Michael Behrent, « Aux États-Unis à l’ère d’Obama : un racisme sans racistes ? », dans Catherine Halpern, Identité(s). L'individu, le groupe, la société, Auxerre, Éditions Sciences Humaines, (ISBN 9782361063283, présentation en ligne, lire en ligne), p. 293-300. 
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