Raid aérien sur Ouadi Doum
Le raid aérien sur Ouadi Doum fut effectuée par des avions français, le , contre la base aérienne libyenne de Ouadi Doum dans le nord du Tchad, pendant le conflit tchado-libyen. Un second bombardement est effectué le [1].
Date | 16 février 1986 |
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Lieu | Ouadi Doum, Tchad |
Issue | Aéroport rendu inutilisable |
Libye | France |
Général Jean-Jacques Brun |
Batailles
Coordonnées 18° 31′ 42″ nord, 20° 11′ 20″ estContexte
Dans un accord conclut en Crète en entre les présidents libyen et français, Mouammar Kadhafi et François Mitterrand, il avait été convenu que les forces françaises et libyennes devraient toutes deux quitter le Tchad, qui fut ensuite divisé au niveau du 16e parallèle avec les Libyens et les rebelles du GUNT gardant le nord et les Français et le gouvernement tchadien tenant le sud. Mais alors que la France respecta les accords, quittant le Tchad en 1984, la Libye réduisit seulement ses forces armées, maintenant 5 000 hommes dans le pays.
Lorsque les forces du GUNT, sur ordre de Kadhafi, attaquèrent le sud du Tchad en , violant le 16e parallèle, la réaction française fut immédiate: l’opération Épervier débuta le . Elle amena un millier de soldats français au Tchad, et un raid aérien fut préparé. Le premier mouvement fut de regrouper à Bangui environ quinze Mirage F1 et Jaguar.
L'objectif de l'opération était d'endommager la piste d'atterrissage de Ouadi Doum dans le nord du Tchad, une piste de 3 800 mètres de long, construit par les Libyens entre et . Ouadi Doum avait une grande importance stratégique, car il n’était possible aux bombardiers libyens d’attaquer la capitale du Tchad, N'Djamena, qu’à partir de celle-ci.
Plus importante encore étaient les aspects politiques de la frappe: Ouadi Doum était un symbole de la duplicité libyenne. Le gouvernement français entendait par cette action envoyer un message à leurs alliés africains, prouvant leur détermination à faire face à l'expansion libyenne.
Frappe
Après plusieurs répétitions, le , onze Jaguars - sept armés de 12 BAP-100, quatre de quatre bombes de 250 kg - de l'Escadron 1/11 Roussillon escortés par quatre Mirage F1 de la 5e escadre de chasse[2] quittèrent la base aérienne de Bangui pour Ouadi Doum, qui accueille alors des hélicoptères Mil Mi-24 et des avions à hélice SF.260 à 1 600 km pour ce qui est nommé l'opération Tryonix, un douzième Jaguar équipé de BAP-100 tombe en panne au décollage[3]. Quand les avions français attaquèrent, ils volaient très près du sol, empêchant les radars libyens et les missiles sol-air libyens de détecter les avions jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Les avions effectuèrent un seul passage sur la cible, larguant une quarantaine de bombes BAP 100 et de bombes classiques de 250 kg sur la piste d'atterrissage, l’endommageant gravement et la rendant temporairement inutilisable. L’attaque dura moins d'une minute[4].
Cinq avions ravitailleurs en vol C-135F décollant de Libreville et de Bangui[4], un Breguet Atlantic servant de poste de commandement au général Jean-Jacques Brun qui a conçu l'opération, un hélicoptère de manœuvre et d'assaut de SA330 Puma pour la recherche et sauvetage et 2 C-160 Transall ravitailleurs de secours stationnés à N’Djamena et à Bangui sont également mobilisés[5].
Réactions
Peu après, le ministre de la Défense français, Paul Quilès, a annoncé que la piste de Ouadi Doum avait été rendu inutilisable. Les réactions politiques en France furent toutes favorables au gouvernement, à l'exception de celle du Parti communiste français. En ce qui concerne les réactions étrangères, François Mitterrand reçut le soutien des États-Unis et, comme cela fut précisé lors du sommet de la francophonie qui eut lieu à Paris du 17 au , de la plupart des pays africains.
La première réaction de Kadhafi fut de prétendre que la piste d'atterrissage était utilisée uniquement à des fins civiles et que l'attaque avait causé la mort de neuf civils. Mais la meilleure preuve de la détermination de Kadhafi vint le lendemain du raid quand un Tupolev Tu-22 libyen attaqua l'aéroport de la capitale tchadienne N'Djamena à partir de Koufra[6]. Restant sous la couverture radar française en volant à basse altitude au-dessus du désert durant plus de 1 100 km, il accéléra à plus de Mach 1, grimpa à 5 030 m et largua trois bombes lourdes. En dépit de la vitesse et de l’altitude très importantes, l'attaque fut extrêmement précise: deux bombes frappèrent la piste, une détruisit la voie de circulation, et l'aérodrome resta fermé pendant plusieurs heures[7],[8]. Le bombardier rencontra des problèmes techniques lors de son voyage de retour. Des avions de reconnaissance et d'alerte précoce américains basés au Soudan suivirent des appels de détresse envoyés par le pilote du Tu-22 qui s’écrasa probablement avant d'atteindre sa base à Aozou (peut-être touché par les canons bitubes de la DCA qui tirèrent à l'aéroport de N'Djamena)[9].
Voir aussi
- Borkou-Ennedi-Tibesti, région où se situait la base
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ouadi Doum air raid » (voir la liste des auteurs).
- Karim Djemaï, « Le 3/3 commémore les 30 ans de Ouadi Doum », sur Armée de l'air, (consulté le ).
- Point Fixe : 2014-2015, vol. 12, , 340 p. (lire en ligne), p. 232.
- « Ouadi-Doum », sur LES VIEILLES TIGES D'HIER ET DE DEMAIN!, (consulté le ).
- Arnaud Delalande, « De Manta à Epervier : opérations aériennes au-dessus du Tchad », sur Aéro Histo, (consulté le )
- « L’attaque de Ouadi Doum ( 1ère partie) », sur 11e escadre de chasse, (consulté le ).
- Laurent Zecchini, « Vive controverse sur le bombardement de l'aéroport de N'Djamena. », Le Monde, (lire en ligne).
- Cooper, Bishop and Hubers Air Enthusiast No. 117, p. 54–55.
- Zaloga, Steven J. "Tupolev Tu-22 'Blinder' and Tu-22M Backfire". World Air Power Journal, Volume 33 Summer 1998. Aerospace Publishing, 1998. p. 82. (ISBN 1-86184-015-2)
- The Citizen, Ottawa, Page A7, , 18 February 1986
Bibliographie
- Patrick Facon, Les guerres du tiers-monde, Editions ATLAS, (ISBN 2-7312-1199-7)
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