Recadrage (image)
Le recadrage, ou rognage, est l'opération qui consiste à supprimer une partie périphérique d'une image dans le but de l'améliorer (meilleur cadrage, accentuation du sujet, suppression de défauts ou du vignettage, etc.), de l'adapter à un usage autre que celui pour lequel elle a été réalisée, ou de modifier son format.
L'opération peut se faire numériquement au moyen d'un logiciel de retouche d'image. Le procédé s'applique à la photographie, au graphisme et à la vidéo.
Les photographies destinées à la presse sont la plupart du temps recadrées, afin d'illustrer au mieux le sujet qu'elles accompagnent et de s'intégrer à la mise en page[1].
Le droit d'auteur européen considère le cadrage comme une propriété essentielle de l'œuvre. Le recadrage, comme toute autre modification, ne peut se faire qu'avec l'accord de l'auteur, quelles que soient les conditions de la cession des droits patrimoniaux sur l'image. Cependant, l'usage dans la presse est de mentionner l'acceptation par l'auteur des recadrages effectués pour des raisons éditoriales ou documentaires[2].
Controverse
Henri Cartier-Bresson y était totalement opposé et faisait tirer ses photographies avec une fine bordure noire indiquant bien qu'elles n'étaient pas recadrées[3]. De même Richard Avedon avec ses 4x5[réf. souhaitée]. D'autres photographes comme Eugene Smith considéraient le travail d'agrandissement et de recadrage comme partie intégrante de la création de l'image[réf. souhaitée].
La controverse entre les photographes qui considèrent l'image comme un instantané dont on doit préserver tous les caractères[4] et ceux qui l'envisagent comme un projet graphique, qui se poursuit après la prise de vue, s'est développée avec des réflexions théoriques, qui renvoient aux conceptions classiques, où l'idée domine et le travail se prolonge et se reprend jusqu'à sa meilleure fin, opposées aux idées romantiques, centrant l'œuvre sur la personnalité de l'artiste et le vertige de l'instant. Pour les classiques, une composition est réussie lorsque l'idée seule paraît ; pour les romantiques, une bonne image exprime avant tout la personnalité de l'artiste. Ces réflexions se superposent à celles sur la virtuosité technique nécessaire pour obtenir un cliché exploitable sans recadrage.
Peinture et dessin
En peinture, le « cadre » désigne l'encadrement. Le terme recadrage serait ambigu et n'est pas courant. On parle de « diminution »[5].
La peinture d'église est assez souvent rognée ou agrandie avec une bande plus ou moins sommairement peinte, afin de s'adapter exactement à la nouvelle chapelle où elle doit être accrochée. Il est arrivé que des propriétaires estiment plus l'encadrement que la peinture, et rognent celle-ci pour la faire rentrer dans le cadre.
On rogne un tableau pour le scinder en plusieurs autres plus petits, plus faciles à placer et à vendre. On a ainsi pu démanteler un portrait de groupe en plusieurs portraits individuels, éliminant par la même occasion un personnage que l'on veut éviter de commémorer.
On rogne aussi les tableaux pour changer leur forme, du rectangle à l'ovale ou à la lunule de dessus de porte, ou pour éliminer une partie détériorée.
En dessin, le rognage d'une feuille est assez courant, pour isoler une étude ou un croquis à mettre en valeur ou pour assembler des feuilles de formats divers dans un album.
Annexes
Bibliographie
- Jean-Christophe Béchet et Pauline Kasprzak, Petite philosophie pratique de la prise de vue photographique, Creadiseditions, (présentation en ligne)
Articles connexes
Notes et références
- Albert Plécy, Grammaire élémentaire de l'image, Marabout, (1re éd. 1962), p. 267sq.
- « Droit et fonction documentaire – 10 : Le recadrage des images », sur les-infostrateges.com (consulté le ).
- Henri Cartier-Bresson, « L'instant décisif », dans Images à la sauvette, Steidl, (1re éd. 1952)fac-simile de l'édition originale
- Bernard Jolivalt, « Le cadrage définitif », sur bernardjolivalt.blog.lemonde.fr, (consulté le ) ; Béchet et Kasprzak 2014, p. 30.
- Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin, Vocabulaire typologique et technique, Paris, Editions du patrimoine, , 1249 p. (ISBN 978-2-7577-0065-5), p. 281.
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