Remparts de Guérande
Les remparts de Guérande sont des fortifications qui entourent la cité médiévale de Guérande, dans le département français de la Loire-Atlantique. Le monument est inscrit au titre des monuments historiques en 1877 (remparts), 1889 (portes) et 1943 (promenades)[1].
Type | |
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Fondation |
XIVe siècle |
Propriétaire |
Commune |
Patrimonialité |
Pays | |
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Région | |
Département | |
Commune |
Coordonnées |
47° 19′ 38″ N, 2° 25′ 38″ O |
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Présentation
La cité médiévale de Guérande est l'une des rares à avoir conservé ses remparts dans leur intégralité. C'est aussi l'une des mieux conservées de France. Elle a été peu remaniée depuis sa phase de construction principale (au XVe siècle) et très peu « restaurée » au XIXe siècle.
Elle comprend actuellement 10 tours, 4 portes, dont deux flanquées de tours, et une poterne (ouverte au XIXe siècle), reliées par une courtine, sur une longueur de 1,434 kilomètre (pour comparaison : l'enceinte intérieure de la cité de Carcassonne mesure 1,250 km).
Les portes
L'enceinte fortifiée est percée de 4 portes d'entrée :
- Porte Saint-Michel : Châtelet signalé vers 1350, réaménagée vers 1440-1450, la couverture est mise en place au XVIIe siècle. Restaurée au XIXe siècle. À l'origine, la porte était occupée par le « capitaine de cité », c'est-à-dire le représentant militaire du duc de Bretagne dans la ville. Le premier est Guillaume du Verger, nommé en 1343 par Jean, comte de Montfort qui le charge de construire une muraille autour de la ville qu'il venait de reprendre à l'amiral Louis d'Espagne qui l'avait ravagée. Après la réunion du duché à la couronne de France en 1532, le capitaine de cité prend le nom de gouverneur. La Révolution française chassera le dernier d'entre eux et installera une prison dans la porte Saint-Michel. L'édifice n'étant pas adapté à cette fonction, la municipalité installera sa mairie, jusqu'à son aménagement dans un bâtiment plus grand et mieux adapté. Le châtelet « musée des Amis de Guérande », fondé en 1928, qui regroupe une collection intéressante de coiffes et de costumes traditionnels de la presqu'île, ainsi que des collections archéologiques et le Trésor de la Collégiale Saint-Aubin de Guérande. Cette porte domine la place du marché au Bois, sur laquelle les foires aux bestiaux se tenaient.
- Porte Vannetaise[2] : XIIIe siècle. C'est un des éléments les plus anciens de l'enceinte, elle est de style « philippien »[3]. Certains auteurs avancent l'hypothèse que cette porte était un des éléments du « Château », ou Logis fortifié servant de résidence aux ducs de Bretagne, d'autres, qu'elle était liée à la résidence de l'évêque de Nantes appelée « l'évêché ».
- Porte de Saillé : XVIe siècle. Comme pour la porte Bizienne (plus récente), la porte de Saillé n'est constituée que d'une simple ouverture apparemment peu fortifiée, en fait les fortifications extérieures en terre, arasées au XVIIIe siècle, assuraient cette fonction défensive. Les formes angulaires et rectilignes de la porte de Saillé montrent que l'édifice n'était pas du tout adapté aux progrès de l'artillerie alors que depuis longtemps, les architectes avaient pris l'habitude de construire des tours rondes afin de dévier les tirs de canon. En fait, la porte de Saillé était davantage une porte d'apparat, construite à une époque (XVIe siècle) où Guérande n'avait en réalité plus à craindre de sièges. Le mur d'enceinte entre la Porte de Saillé et la Poterne du Tricot, est daté selon certains auteurs du XIIe siècle[4] et constituerait donc l'élément subsistant le plus ancien de la première enceinte de Guérande.
- Porte Bizienne : les historiens supposent que le nom de cette porte tire son origine d'un notable de Guérande. C'est l'élément le plus récent de l'enceinte fortifiée.
- Les tours de l'enceinte : l'enceinte fortifiée possède 7 tours: la tour Saint-Jean (début du XVe), la tour Sainte-Catherine (s'est effondrée au début de 1818, aujourd'hui disparue), la tour de l'Abreuvoir (1460-1470), la tour de la Gaudinais (milieu XVe), la tour de Kerbernet (milieu XVe), la tour Sainte-Anne (milieu XVe) et la tour théologale.
Boulevard et douves
L'enceinte fortifiée n'était pas le seul élément défensif dont disposait la cité.
- Le mail ou boulevard, construit à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle, situé entre la porte Saint-Michel et la porte de Saillé pour la partie encore conservée, constituait une première ligne de défense, en renfort des remparts devenant de moins en moins efficaces avec le développement de l'artillerie d'attaque, et permettait de plus d'y déployer des canons. Son aspect actuel résulte des aménagements du duc d'Aiguillon qui l'a fait rehausser et transformer en promenade arborée. Cette butte tire son nom du mail, un ancêtre du croquet et sport que pratiquaient les gentilshommes.
- Les douves, sèches à l'origine, ont été creusées entre le Mail et les remparts pour renforcer les fortifications. Elles entouraient autrefois entièrement l'enceinte fortifiée. Elles ont cependant été en partie bouchées à cause de l'odeur qu'elles dégageaient (une partie des habitants y jetaient leurs déchets). Une partie a cependant été conservée entre la porte Bizienne et la tour Saint-Anne.
Historique
Moyen Age
À la suite du sac de Guérande par les troupes de Louis de La Cerda en 1342 dans le cadre de la guerre de succession de Bretagne, la cité entreprend de reconstruire les fortifications dès l'année suivante en 1343. Les fondations de la nouvelle enceinte reprennent des portions antérieures. Les travaux dureront plus d'un siècle et demi et seront les derniers de grande ampleur sur l'enceinte. Seules quelques portions conservent l'état antérieur en élévation, au niveau de la porte de Saillé, ou de la porte vannetaise qui ont été réaménagés par ces travaux.
XVIIIe siècle
Les premiers aménagements paysagers ont été réalisés par Emmanuel-Armand de Wignerod Du Plessix Richelieu, duc d'Aiguillon, lieutenant général de Bretagne de 1753 à 1765, avec des plantations d'ormes, le comblement des douves, l'arasement des boulevards et l'aménagement du mail, donnant avec la croissance des arbres un charme très romantique qui amènera Balzac, Zola, Flaubert et beaucoup d'autres à résider ou visiter la cité au XIXe siècle.
Durant la Révolution française, les troupes royalistes assiègent Guérande et tirent un boulet de canon en direction des remparts (entre la poterne du Tricot et la porte de Saillé). Ce sera le dernier tir de canon entendu à Guérande mais le tir avait créé une brèche. Afin de reboucher les remparts, les Guérandais décidèrent de récupérer les pierres composant les différents calvaires de la région. Aujourd'hui très reconnaissable à sa couleur de pierre différente du reste des remparts, cette partie de l'enceinte est appelée « la courtine des calvaires ».
XIXe siècle
En 1818, la tour Sainte-Catherine s'effondre. Un riverain, Monseigneur Mascarène de la Rivière (alors propriétaire du manoir du Tricot) demande alors à la municipalité d'ouvrir une porte privative à ses frais afin d'entrer directement dans son manoir sans avoir à traverser la ville. La municipalité accepte à condition de pouvoir reboucher la porte si nécessaire. Dès la mort du seigneur, la municipalité décide finalement de la reboucher car les Guérandais prennent alors conscience de l'intérêt de ce patrimoine et son classement dans les premiers inventaires des monuments historiques.
À la fin du XIXe siècle, la municipalité décide de percer les remparts d'une cinquième ouverture qui deviendra plus tard la poterne du Tricot. L'idée était de permettre à la ville de se développer en dehors de ses murs. Cependant, la ville affronte à cette période une crise du sel et n'éprouve pas le besoin de se développer au-delà. Constatant son inutilité, la municipalité rebouche l'ouverture quelques années plus tard à l'exception d'une poterne car les Guérandais de la rue du Tricot avaient pris l'habitude d'emprunter cette ouverture.
XXe siècle
L'enceinte a fait l'objet de restaurations récentes (depuis les années 1970) pour la consolider et restituer les éléments d'élévations confirmés. Les ormes atteints par une épidémie et morts dans les années 1980, n'ont pas été remplacés par d'autres essences. Seuls ceux plantés sur le Mail, classés Monument historique, ont été remplacés par des nouveaux ormes résistants à la maladie.
XXIe siècle
Aujourd'hui, seulement une partie des remparts a été restaurée : les travaux sont en effet très coûteux (environ 2 000 € par mètre linéaire). Une partie est néanmoins possible d'accès dans le cadre du musée de la porte Saint-Michel ou via les visites guidées proposées par l'office de tourisme de Guérande.
Galerie
- Tour Saint-Jean
- Les remparts et la Tour de la Gaudinais
- Les remparts
Annexes
Bibliographie
- Alain Gallicé et al. (photogr. Patrick Riffaud), Guérande, Le Mans, éditions Création et recherche, coll. « Carré Patrimoine », , 31 p. (ISBN 2-910853-13-6).
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives à l'architecture :
Références
- « Remparts », notice no PA00108626, base Mérimée, ministère français de la Culture
- La « rue vannetaise » était appelée jusqu'au début du XIXe siècle : « rue de l'Évéché »
- architecture militaire de l'époque de Philippe Auguste, non équipée de canonnières à l'origine, mais d'archères
- Gallicé 2000.
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