Renée Gailhoustet

Renée Gailhoustet, née le à Oran, est une architecte française, célèbre pour ses réalisations en matière de logement social en banlieue parisienne.

Renée Gailhoustet
Présentation
Naissance
Oran, Algérie française
Nationalité France
Activités Architecte, urbaniste, enseignante
Architecte-conseil de l'État
Architecte en chef de la ville d'Ivry-sur-Seine
Diplôme DPLG en 1961
Formation École nationale supérieure des beaux-arts, atelier Marcel Lods
Entourage familial
Famille Jean Renaudie

Biographie

Fille de Maurice Gailhoustet, comptable puis directeur adjoint du journal L'Écho d'Oran, Renée Gailhoustet suit des études littéraires à Paris, en classe préparatoire puis à la Sorbonne où elle obtient une licence de lettres. Militante aux Jeunesses communistes à l'université, c'est par conviction qu'elle décide de bifurquer vers l'architecture[1].

Elle entre à la fin de l'année 1952 à l'École nationale supérieure des beaux-arts, dans l'atelier de Marcel Lods, André Hermant et Henri Trezzini, le seul qui à l'époque accepte les femmes[1]. Elle y fait la rencontre de Jean Renaudie, avec qui elle entame une relation qui durera jusqu'en 1968 et dont elle a deux filles. Fin 1958, elle quitte cet atelier pour intégrer l'atelier extérieur de Jean Faugeron. Elle est diplômée en 1961 sur un projet de tour de logements en semi-duplex : dès cette époque, elle est une des rares architectes à s'intéresser aux problématiques du logement social[2].

Elle entre dans l'agence de Roland Dubrulle en 1962 et se voit confier le projet de rénovation d'Ivry-sur-Seine[3]. En 1968, la Tour Raspail est édifiée. Elle conçoit ensuite les tours Lénine, Casanova et Jeanne Hachette, ainsi que la cité Spinoza[4],[5]. Elle devient finalement architecte en chef de la ville en 1969. C'est dans ce cadre qu'elle invite Jean Renaudie à réfléchir avec elle sur le plan masse de la rénovation. Il obtient ici ses premières commandes en tant qu'architecte indépendant après son départ de l'atelier de Montrouge.

Dans ses réalisations, Gailhoustet rejette le principe de séparation des fonctions qui règne dans les grands ensembles sans pour autant vouloir revenir à la ville traditionnelle. S'appuyant sur les réflexions des architectes du Team X, notamment l'équipe de Georges Candilis, Alexis Josic et Shadrach Woods chez qui elle a travaillé, et sur les propositions inédites de Renaudie construites à Ivry, elle préconise au contraire la différenciation et l'imbrication des espaces[6],[7].

Elle fonde sa propre agence en 1964 et collabore avec de nombreuses municipalités communistes de proche banlieue[8] parisienne ainsi qu'à La Réunion. Elle est nommée architecte-conseil de l'État pour le département de la Nièvre.

Elle enseigne à l'École spéciale d'architecture de 1973 à 1975.

Récompenses

Décoration

Principales réalisations

Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)

  • 1963-1968 : tour d'habitation Raspail, avec commerces et atelier municipal, labelisée « patrimoine du XXe siècle »[11]
  • 1966-1970 : tour d'habitation Lénine, avec commerces et atelier
  • 1966-1973 : ensemble Spinoza, avec bibliothèque enfantine, centre médico-psycho-pédagogique, foyer pour jeunes travailleurs, locaux d’activités et crèche
  • 1968-1970 : kiosques Lénine et Raspail
  • 1971-1982 : Le Liégat, ensemble de logements à terrasses, locaux d’activités
  • 1971-1973 : tour d'habitation Casanova, avec foyer pour personnes âgées, locaux d’activités
  • 1972-1975 : tour d'habitation Jeanne Hachette, avec commerces, locaux d’activités, labelisée « patrimoine du XXe siècle »[11]
  • 1971-1986 : ensemble de logements à terrasses Marat, avec commerces, supermarché

Autres

  • 1975-1986 : quartier de la Maladrerie à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) avec logements à terrasses, résidence pour personnes âgées, ateliers d’artistes, commerces, labelisé « patrimoine du XXe siècle »[12],[11]
  • 1977-1986 : Îlot 8 avec logements à terrasses, galerie commerciale, locaux d’activités, ZAC Basilique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
  • 1978-1985 : ensemble de logements, locaux d’activités de la ZAC Paul Bert à Villejuif (Val-de-Marne)
  • 1985- 1993 : ensemble de logements et supermarché à Gentilly (Val-de-Marne)
  • 1985-1994 : maison de quartier Jacques Brel à Romainville (Seine-Saint-Denis)
  • 1986-1989 : logements à terrasses et varangues de Sainte-Thérèse, Baudelaire, La Possession (La Réunion)
  • 1986-1989 : ensemble Rico-Carpaye de logements à terrasses et varangues, école maternelle, ZAC de la Plaine des Galets, Le Port (La Réunion)
  • 1988-1991 : réhabilitation et extension des ateliers de la ZAC Montjoie à la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)
  • 1989-1993 : collège Jean Jaurès de Montfermeil (Seine-Saint-Denis)
  • 1993-1995 : logements, ZAC du centre-ville à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis)

Publications

  • Des racines pour la ville, éd. de l'Épure, 1998, 151 p.
  • Éloge du logement, éd. Massimo Riposati, 1993, 95 p.
  • Le Panoramique et l'observatoire de la ville, éd. Ne Pas Plier, 2000
  • Renée Gailhoustet et Gérard Grandval : le , conférence animée par Bruno Vayssière, éd. du Pavillon de l'Arsenal, coll. « Architectes repères, repères d'architectures », 1998, 59 p.

Expositions

Plusieurs expositions ont été consacrées à son œuvre (ainsi qu'à celle de Jean Renaudie) à Ivry, la dernière à l'occasion du festival d'architecture La tête dans les étoiles[13],[14] en 2016.

Notes et références

  1. Bénédicte Chaljub, Renée Gailhoustet : Une poétique du logement, Éditions du Patrimoine. Centre des monuments nationaux, .
  2. « Marc Barani et Renée Gailhoustet, médaillés de l'Académie d'architecture », Architecture Mouvement Continuité, (lire en ligne).
  3. Alain Faujas, « Peut-on faire mieux sans dépenser plus ? », Le Monde, (lire en ligne).
  4. « Renée Gailhoustet lauréate de la médaille d'honneur 2018 de l'Académie d'architecture », sur oph-ivry.fr.
  5. « L’architecte du centre-ville d’Ivry et de la Maladrerie d’Aubervilliers couronnée à 90 ans », Le Parisien, (lire en ligne).
  6. Isabelle Rey-Lefebvre, « Les immeubles des années 1970, et leurs avantages, sont revenus en grâce pendant le confinement », Le Monde, (lire en ligne).
  7. Philippe Trétiack, « Renée Gailhoustet reçoit le Grand Prix de Berlin », Le Quotidien de l'art, no 1649, (lire en ligne).
  8. Collectif, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber et Béatrice Didier, Le Dictionnaire universel des créatrices, Paris, Éditions des femmes, , 5022 p. (ISBN 978-2-7210-0651-6, lire en ligne).
  9. L'architecte britannique d’origine iranienne Farshid Moussavi, présidente du jury 2022, souligne :
    « Les réalisations de Renée Gailhoustet vont bien au-delà de ce qui est produit partout aujourd’hui en tant que logement social ou abordable. Son travail fait preuve d’un fort engagement social qui rassemble la générosité, la beauté, l’écologie et l’inclusion. »
    Voir sur lemoniteur.fr.
  10. Promue au grade de commandeur le  ; voir : Arrêté du 23 mars 2017 portant nomination et promotion dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  11. « Label patrimoine du XXe siècle », sur DRAC Île-de-France (consulté le ).
  12. Voir la notice sur le site de l'Atlas du patrimoine du 93.
  13. Présentation sur le site du journal municipal Ivry ma ville.
  14. Présentation sur le site de la CAUE94.

Annexes

Ouvrages sur l'architecte

  • Jacques Lucan, France Architecture 1965-1988, éd. Electra-Le Moniteur, 1989, p. 59-61
  • Bénédicte Chaljub, La Politesse des maisons. Renée Gailhoustet, architecte, éd. Actes Sud, coll. « L'Impensé », 2009

Autres publications

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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