Ried (région naturelle)
Les dénominations ried [ʁid] et bruch s'appliquent à des régions de prés inondables ou de forêt galerie à la végétation luxuriante en pays tempérés. Le Petit Ried, au nord de Strasbourg, et le Grand Ried, au sud, ont été modelés par les divagations du Rhin dans sa zone d'épandage, avant sa canalisation (voir « grand canal d'Alsace »).
La forêt rhénane proprement dite (forêts de la Robertsau et du Neuhof) est constituée du Weichholzauenwald (« forêt alluviale à bois tendre ») et du Hartholzauenwald (« forêt alluviale à bois dur »). Le Weichholzauenwald se situe dans les Gründe [Note 1] en zone inondable et est pauvre en espèces (saules, peupliers noirs, etc.) tandis que le Hartholzauenwald se trouve sur les Köpfe (partie plus élevée) et est d'une grande richesse faunistique et floristique [1].
Les mille hectares du ban de la commune de Rhinau (Bas-Rhin) situés sur la rive droite du Rhin constituent le dernier exemple de forêt galerie tempérée en Europe occidentale.
Toponymie
Le mot ried[2] a été apporté par les différents dialectes alsaciens et souabes. La prononciation alsacienne de "ried" est l'équivalent de "rid" avec un simple i long, parfois très long.
Le terme « ried » semble dérivé de l'alémanique « rieth »[Note 2], qui signifie jonc (roseau).
Géographie
- Le Petit Ried s'étend de la forêt de la Robertsau, à Strasbourg, jusqu'à Lauterbourg
- Le Grand Ried est délimité à l'est par le Rhin, à l'ouest par l'Ill, au nord par Strasbourg et au sud par Colmar[3].
- le Ried gris dont celui de Sélestat,
- le Ried noir,
- Le Ried brun.
- Le Ried blond, bande étroite en rive gauche du Rhin, de Strasbourg au sud de Mulhouse.
- Le Ried de Rouffach se situe au sud de Colmar.
- Le Bruch de l'Andlau[4]ou Ried d'Orschwihr, à l'ouest, entre l'Ehn et l'Andlau est un Ried particulier.
- La plaine alluviale du Taubergießen dans le Bade-Wurtemberg, qui fait partie du ban de Rhinau est également un Ried.
Aménagement du Rhin
Avant son aménagement, le Rhin était composé de nombreux bras de rivière entourant des îles. Le Rhin déposait des alluvions sur une large zone d'épandage et rechargeait la nappe phréatique rhénane, ou s'y alimentait en fonction des saisons. Le Rhin est aujourd'hui canalisé, ce qui rend le fleuve navigable et a permis de construire des usines hydroélectriques, au détriment de ses géomorphologie et dynamique fluviales.
L'hydroélectricité de la plupart des barrages est entièrement attribuée à la France[5]. Seuls les deux barrages construits le plus récemment, à savoir Gambsheim (F) - Freistett (D) et Iffezheim (D) - Beinheim (F), tous deux situés en aval de Strasbourg dans le Petit Ried, produisent une électricité partagée par moitié entre les deux États. En pratique, le barrage de Gambsheim alimente le réseau français, tandis que le barrage d'Iffezheim alimente le réseau allemand. Le barrage d'Iffezheim a été équipé d'une cinquième turbine en 2013.
Ornithologie
Le fossé du Rhin, et partant le Ried, se situe sur un couloir majeur de migration des oiseaux (l'autre couloir se trouvant plus à l'ouest, sur la Manche et l'Atlantique)[6].
Géologie
Au Miocène, l'ur-Aar[Note 3] se jette dans le Danube. Au Pliocène moyen, l'ur-Aar se jette dans le Rhône au travers du Doubs. Ce n'est qu'à la fin du Pliocène, quand la barrière formée par le Kaiserstuhl saute, que l'Aar rejoint le Rhin, ce qui explique la présence d'alluvions alpines dans le Ried au Quaternaire[7].
Au cours de la période quaternaire, alors que la subsidence de la vallée du Rhin se poursuit[8], les alluvions constituées de sable et de graviers d'origine vosgienne mais avant tout alpine, comme nous l'avons vu plus haut, s'accumulent pour atteindre une épaisseur qui va de 75 m à Strasbourg à 250 m à Neuf-Brisach, en passant par 150 m à la hauteur de Mulhouse [9]. Les sables vosgiens présentent une forte teneur en tourmaline, tandis que les sables alpins, majoritaires, sont caractérisés par une association de minéraux lourds spécifiques (hornblende verte, épidote et grenat) [10].
De par leur porosité, ces roches meubles abritent la plus grande nappe phréatique d'Europe. Le volume d'eau est estimé à 300 milliards de mètres cubes[11] (dont 35 milliards rien que pour l'Alsace[12]). De nombreuses gravières s'y sont implantées, ce qui fait de l'Alsace une des toutes premières régions de France pour la production de matériaux de construction, cependant que le sable constitue une matière première en voie d'épuisement[13].
Les sources phréatiques portent le nom de Donnerloch[14],[Note 4]. Les rivières phréatiques s'appellent les Giessen[Note 5].
Notes et références
Notes
- Mot de la même famille que l'anglais (en) ground
- Mot apparenté à l'anglais reed qui signifie roseau.
- En allemand, le préfixe ur- signifie ancien. En anglais, ce préfixe allemand est aussi utilisé (cf. English words prefixed with ur- sur le Wiktionnaire).
- Cela se traduit par trou de tonnerre en français.
- L'allemand gießen est apparenté au latin fundere (fusum), d'où proviennent les mots français fondre et fusion - voir (de) gießen sur dwds.de
Références
- L'Alsace et les Vosges. Yves Sell. Delachaux et Niestlé. Page 200. (ISBN 2-603-01100-6)
- « Les Rieds », sur geol.alsace.free.fr (consulté le )
- Élisabeth Bonnefoi, Alsace, coups de cœur : Sites et monuments remarquables, spécialités, curiosités insolites, Rennes, Éditions Ouest France, , 112 p. (ISBN 978-2-7373-6785-4), p. 80
- « France, le trésor des régions », sur tresordesregions.mgm.fr (consulté le )
- Traité de Versailles sur mjp.univ-perp.fr; voir article 358.
- Le Traité RUSTICA des Oiseaux du Jardin, page 61.
- Deutschlands Süden de Joachim Eberle, Bernhard Eitel, Wolf Dieter Blümel et Peter Wittmann. Editions Springer, 3e édition. (ISBN 978-3-662-54380-1)
- (de) Fracture du Rhin Supérieur sur kaiserstuhl.eu
- Jean-Claude Gall, Alsace, des fossiles et des hommes (ISBN 2-7165-0655-8)
- Jean-Paul von Eller, Vosges Alsace guides géologiques régionaux .
- Les bords du Rhin, Découverte nature, Éditions Ouest-France
- La nappe d’Alsace sur sigesar.brgm.fr
- Le sable, une ressource en voie d'épuisement sur reporterre.net, site de Reporterre; le sable éolien n'est pas adapté aux besoins de la construction.
- Nos rieds sur crdp-strasbourg.fr
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Didier Carbiener, Chroniques naturelles des forêts de Strasbourg, Conservatoire des sites alsaciens, 2000, (ISBN 2-9510712-1-3)
Liens externes
- Observatoire de la nappe phréatique d'Alsace sur le site Aprona
- Galets du Rhin sur le site de l'Association Strasbourgeoise des Amis de la Minéralogie 67
- Carte du Ried sur le site de l'Observatoire des Zones humides.
- La nappe d'Alsace sur sigesar.brgm.fr
- Les alluvions rhénanes et vosgiennes sur sigesar.brgm.fr
- Les rivières phréatiques sur riedbleu.free.fr
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