Rudolf Weigl
Rudolf Stefan Jan Weigl (, Prerau – , Zakopane) est un biologiste polonais et l'inventeur du premier vaccin efficace contre le typhus européen. Il a fondé l'Institut Weigl à Lwów en Pologne (maintenant Lviv en Ukraine), où il menait ses recherches sur le vaccin[1]. Ce fut là que, pendant la Shoah, il abrita des Juifs au risque de se faire tuer par les Nazis ; ses vaccins étaient aussi transportés en contrebande à l'intérieur du ghetto local ainsi que dans le ghetto de Varsovie, permettant de sauver des vies innombrables parmi les Juifs[2].
Pour les articles homonymes, voir Weigl.
Naissance |
Prerau (Margraviat de Moravie) |
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Décès |
Zakopane (Pologne) |
Nationalité | polonaise |
Institutions | Institut Weigl |
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Diplôme | Université Jan Kazimierz de Lwów |
Renommé pour | Découverte du vaccin contre le typhus européen |
Biographie
Né à Prerau, Rudolf Weigl est issu d'une famille autrichienne. Après le décès de son père dans un accident de vélo quand il était petit, sa mère Elisabeth Kroesel épousa Józef Trojnar, professeur de lycée polonais, et s'installa avec sa famille à Jasło en Pologne. Plus tard, la famille déménagea à Lwów, où Weigl obtint son diplôme en 1907 du département de biologie à l'université Jan Kazimierz de Lwów. Il y suivit les enseignements des professeurs Benedykt Dybowski (1833 – 1930) et Józef Nusbaum-Hilarowicz (1859 – 1917). Après la fin de ses études, Weigl devint assistant de Nusbaum et reçut son habilitation en 1913 au département de zoologie comparative et d'anatomie[1].
De 1918 à 1920 Weigl a travaillé dans un laboratoire militaire à Przemyśl, avant d'être nommé professeur de biologie à l'Université de Lwów. Dans l'entre-deux-guerres, il acquiert une renommée mondiale grâce à ses travaux.
Après l'invasion des troupes soviétiques en , il poursuit les activités de l'Institut dans le Lvov soviétique désormais occupé. La production de vaccins contre le typhus est massivement augmentée. Après l'invasion allemande de la ville le , les nouveaux occupants abattent 25 professeurs de l'université, y compris l'ancien Premier ministre et mathématicien polonais Kazimierz Bartel. En raison du danger croissant pour sa propre vie, Weigl se déclare prêt à continuer à travailler, mais refuse de signer la Deutsche Volksliste (dont le but était de classer les habitants des territoires occupés allemands en catégories de désirabilité). Les Nazis s'intéressèrent de près à ses recherches. Au cours des quatre années suivantes, Weigl dirigea l'Institut de recherche sur le typhus et le virus de Lvov, une branche de l'Instituts für Fleckfieber – und Virusforschung du Haut Commandement de l'Armée à Cracovie. Dans ce contexte, il sauva la vie de nombreuses personnes (le nombre est estimé à plusieurs milliers) en qualifiant leur travail « d'important pour l'effort de guerre ». Parmi les employés figuraient des professeurs d'université polonais tels que Stefan Banach, Bronisław Knaster et Władysław Orlicz. Les employés nourrissaient de leur sang des poux infectés et le sérum était extrait des intestins des insectes. Parmi les rescapés se trouvaient aussi des Juifs, comme son collègue de science naturelle et sociologue Ludwik Fleck. Ainsi, Weigl employa et protégea des intellectuels polonais, des Juifs et des membres de la résistance polonaise. Grâce à la contrebande, ses vaccins sauvèrent des vies innombrables dans les ghettos de Lwów et de Varsovie jusqu'à ce que l'Institut soit fermé par les forces de l'Union soviétique après l'offensive de 1944[3].
Weigl vint à Cracovie en 1945. Il reçut la chaire de l'Institut de microbiologie générale à l'Université Jagellon de Cracovie et, plus tard, la chaire de biologie à la Faculté de médecine de Poznań. La production du vaccin demeura à Cracovie dans les années qui suivirent et jusqu'à aujourd'hui. Le nouveau régime lui proposa également des installations de fabrication de vaccins à Moscou. Son refus de s'impliquer dans le régime socialiste lui fut dommageable[4]. Il mourut, brisé et oublié[4], le [1].
Hommage
L'Institut Weigl occupe un rôle important dans le film d'Andrzej Żuławski, Troisième partie de la nuit (1971).
En 2003, le professeur Weigl reçut à titre posthume la médaille de Juste parmi les nations décerné par l’État d'Israël[5],[6].
Méthode de production du vaccin
En 1930, après la découverte en 1909 de Charles Nicolle que les poux étaient le vecteur du typhus épidémique et en suivant les travaux faits pour un vaccin d'une maladie très similaire (la Fièvre pourprée des montagnes Rocheuses), Weigl passa à l'étape suivante en développant une technique de production du vaccin en élevant des poux infectés et en les utilisant pour former la base du vaccin. Il affina sa technique pendant les années qui suivirent jusqu'en 1933 où il lança un test à grande échelle.
La méthode se découpait en quatre étapes principales :
- Élever des poux sains, pendant environ 12 jours
- Leur injecter le typhus
- Les élever encore, pendant 5 jours supplémentaires
- Utiliser le broyat des intestins de poux infectés pour composer le vaccin
Texte anglais à traduire :
Growing lice meant feeding them blood, the more human the better. At first he tested his method on Guinea pigs but around 1933 he commenced large-scale testing on humans, feeding the lice on human blood by letting them suck on human legs through a screen. This could cause typhus during the latter phase, when the lice were infected. He alleviated this problem by vaccinating the human "injectors" heavily, which successfully protected them from death (though some did develop the disease)[7]. Dr. Weigl himself developed the disease, but recovered.
The first major application of this vaccine took place between 1936 and 1943 by the Belgian missionaries in China. The vaccine was dangerous to produce and was hard to make on a large scale. Other vaccines were developed over time that were less dangerous and more economical to produce, including the Cox vaccine developed from egg yolk.
Bibliographie
- (en) Arthur Allen, The Fantastic Laboratory of Dr. Weigl: How Two Brave Scientists Battled Typhus and Sabotaged the Nazis, W. W. Norton, 2014.
- (pl) Ryszard Wójcik, Kapryśna gwiazda Rudolfa Weigla, Wydawnictwo Uniwersytetu Gdańskiego, Gdańsk, 2015, (ISBN 978-83-7865-308-0)
Source
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Rudolf Weigl » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
- Waclaw Szybalski, "The genius of Rudolf Stefan Weigl (1883 – 1957), a Lvovian microbe hunter and breeder" ("Le génie de Rudolf Stefan Weigl (1883 - 1957), un chasseur et éleveur de microbes" In memoriam. McArdle Laboratory for Cancer Research, University of Wisconsin, Madison WI 53705, USA
- http://www.humboldt.edu/rescuers/book/Makuch/halina/HStory1.html
- Halina Szymanska Ogrodzinska, "Her Story". Recollections
- (en) Tilli Tansey, History of medicine: Typhus and tyranny, nature.com, 17 juillet 2014
- (en) Rudolf Weigl sur le site Yad Vashem
- Znak Magazine, Righteous from Wroclaw 24.07.2003, from the Internet Archive
- Weigl, at www.lwow.home.pl
Voir aussi
Article connexe
- Ludwik Hirszfeld, microbiologiste, survivant de la Shoah
Liens externes
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- Bibliothèque universitaire de Pologne
- Bibliothèque nationale tchèque
- WorldCat
- (en) Biographie de Weigl (1967) par Stefan Kryński
- (en) Page donnant accès à beaucoup de liens concernant Weigl ainsi que des photographies
- (en) Overview of the experiment--Maintenance of human-fed live lice in the laboratory and production of Weigl's exanthematous typhus vaccine (1999) par Wacław Szybalski
- (en) Ann. Acad. Med. Gedan., 1974, 4, 19-51 par Stefan Krynski, Eugeniusz Becla, et Marian Machel
- (en) Bibliographie sur le typhus et articles sur Weigl, d'après PubMed
- (en) Nominations pour le Prix Nobel entre 1930 et 1939
- (en) Photographies de l'Institut Weigl et petite rétrospective
- (en) How Charles Nicolle of the Pasteur Institute discovered that epidemic typhus is transmitted by lice: reminiscences from my years at the Pasteur Institute in Paris par Ludwik Gross,
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