Rue Prechter

La rue Prechter (en alsacien : Fischergässel) est une voie de Strasbourg située dans le quartier de la Krutenau. Orientée d'ouest en est, elle va du quai des Pêcheurs à la rue Fritz-Kiener[1], d'où elle se prolonge par la rue de la Tour-des-Pêcheurs. Au premier tiers de son parcours, elle est rejointe au nord par la rue des Bains[2].

Rue Prechter

Entrée de la rue Prechter depuis le quai des Pêcheurs
Situation
Coordonnées 48° 34′ 59″ nord, 7° 45′ 32″ est
Pays France
Collectivité territoriale Collectivité européenne d'Alsace
Ville Strasbourg
Début quai des Pêcheurs
Fin rue Fritz-Kiener

Histoire et origine du nom

À partir du XVe siècle elle est d'abord désignée comme une nouvelle rue dans le quartier de la Krutenau : Nuwe gasse in Krutenowe (1400, 1484, 1544, 1587), puis Neugasse (1681[3]).

Au XVIIIe siècle on trouve la dénomination « Aux barraques de Prechter », en référence aux douze maisonnettes (Die zwölf Prechterhäusslein) construites entre 1555 et 1558 à destination des familles pauvres[3].

On relève ensuite d'autres appellations : rue Neuve quai des pêcheurs (1792 et 1817), rue du (1793), rue du 12 Prairial (1794), Neue Gasse (1847), rue des Pêcheurs (1856, 1918), Fischergasse (1872), rue des Pêcheurs (1918[1]).

En 1929 un changement de dénomination est sollicité par des propriétaires de la rue afin d'en finir avec la réputation sulfureuse de celle-ci[4]. Proche de la caserne Saint-Nicolas et de la caserne des Pêcheurs, la rue était en effet devenue à la fin du XIXe siècle un lieu de prostitution abritant treize des quinze maisons de tolérance de Strasbourg[5].

Plaque bilingue, en français et en alsacien.

En 1930 Le Conseil municipal la renomme « rue Prechter », en hommage à la puissante famille de banquiers-marchands originaire de Haguenau qui joua un grand rôle à Strasbourg au XVIe siècle[6].

Au moment de l'occupation allemande en 1940, la rue Prechter reprend l'appellation antérieure, Fischergasse, avant de recouvrer son nouveau nom en 1945[1].

À partir de 1995, des plaques de rues bilingues, à la fois en français et en alsacien, sont mises en place par la municipalité lorsque les noms de rue traditionnels étaient encore en usage dans le parler strasbourgeois[7]. Le nom de la rue est ainsi sous-titré Fischergässel.

Maisons Prechter

Par la volonté testamentaire d'Elisabeth Schaffner, exprimée en 1550, son mari Balthasar Koenig, avec sa fille et son gendre Guillaume Prechter, fait construire douze maisonnettes destinées à être louées pour un loyer modique à des personnes pauvres, un chantier qui s'achève en 1558. À l'origine les maisons appartiennent à la fondation Prechter[5].

Ces habitations sociales, entièrement dédiées au logement à l'exclusion de toute activité professionnelle, étaient toutes construites sur le même principe, avec un soin particulier apporté au confort et au traitement des façades. Elles sont dotées d'un étage et d'un comble aménagé, d'un petit jardin et d'une cave. Dans le contexte de la Réforme, ces réalisations se veulent une contribution des familles fortunées du patriciat strasbourgeois au « bien-être de la société urbaine », visant la réinsertion du pauvre dans la vie sociale. Cependant une longue inscription en façade des édifices ne manque pas de rappeler le nom et la charité des fondateurs[8].

Une enquête historique et archéologique menée par Maxime Werlé à la fin du XXe siècle a permis d'établir combien d'unités subsistaient parmi les douze constructions d'origine. Le no 8, qui avait d'abord retenu l'attention du chercheur car elle était promise à la démolition, réunissait en réalité deux maisonnettes. D'autres édifices plus ou moins bien conservés ont été repérés entre les nos 10 et 20 : un au 10, deux au 16 et deux au 18, soit sept au total[8].

Le no 16 a été démoli pour faciliter l'accès à l'École supérieure des arts décoratifs[1]. Les nos 8 et 10 sont les seuls à subsister dans un état proche de celui de la construction[5].

Notes et références

  1. Maurice Moszberger (dir.), « Prechter (rue) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 170-171 (ISBN 9782845741393)
  2. Moszberger, Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, op.cit., p. 154
  3. (de) Adolphe Seyboth, « Fischergasse. Rue des Pêcheurs », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 228-229
  4. Gabriel Braeuner, Dominique Lerch (et al.), De la prostitution en Alsace : histoire et anecdotes, Le Verger, 1997, p. 147-154 (ISBN 9782908367751)
  5. « Prechter (rue) : neue Gass am Fischerstaden » (Maisons de Strasbourg. Étude historique sur les maisons de Strasbourg entre le XVIe et le XXe siècle)
  6. Moszberger, Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, op.cit., p. 513
  7. « L'alsacien a droit de rue à Strasbourg », Libération, 31 mars 1995, [lire en ligne]
  8. Maxime Werlé, « La fondation d'une maison des pauvres au milieu du XVIe siècle à Strasbourg : histoire et archéologie des zwölf Prechterhäusschen », Cahiers alsaciens d'histoire et d'archéologie, t. XLII, 1999, p. 141-166, compte-rendu de Pierre Garrigou Grandchamp, Bulletin monumental, 2001, 159-3, p. 261, [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

  • Maurice Moszberger (dir.), « Prechter (rue) », in Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, Le Verger, Barr, 2012 (nouvelle éd. révisée), p. 170-171 (ISBN 9782845741393)
  • Frédéric Piton, « Maisons Prechter », Strasbourg illustré, ou panorama pittoresque, historique et statistique de Strasbourg et de ses environs, 1855, p. 27-28
  • (de) Adolphe Seyboth, « Fischergasse. Rue des Pêcheurs », in Das alte Strassburg, vom 13. Jahrhundert bis zum Jahre 1870 ; geschichtliche Topographie nach den Urkunden und Chroniken, Strasbourg, 1890, p. 228-229
  • Adolphe Seyboth, « Rue des Pêcheurs », Strasbourg historique et pittoresque depuis son origine jusqu'en 1870, L'Imprimerie alsacienne, 1894, p. 643-644
  • Maxime Werlé, Étude de la maison 8, rue Prechter à Strasbourg et des “Zwölf Prechterhaüschen” (1550-1558), Université Strasbourg 2, 1998, 122 p. + 40 p. de pl. (mémoire de maîtrise)
  • Maxime Werlé, « La fondation d'une maison des pauvres au milieu du XVIe siècle à Strasbourg : histoire et archéologie des zwölf Prechterhäusschen », Cahiers alsaciens d'histoire et d'archéologie, t. XLII, 1999, p. 141-166, compte-rendu de Pierre Garrigou Grandchamp, Bulletin monumental, 2001, 159-3, p. 261, [lire en ligne]
  • « Strasbourg : 16, rue Prechter », Archéologie médiévale, t. 30-31, éditions du CNRS, 2000-2001, p. 385

Articles connexes

Liens externes

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