Séisme du 23 novembre 1980 en Irpinia
Le séisme du en Irpinia a comme épicentre Conza della Campania dans la province d'Avellino, en Italie méridionale.
Séisme du 23 novembre 1980 en Irpinia | |
![]() Carte des intensités du séisme. | |
Date | à 19 h 34, heure locale |
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Magnitude | 6,9 |
Intensité maximale | X (désastreuse) |
Épicentre | 40° 54′ 50″ nord, 15° 21′ 58″ est |
Régions affectées | Conza della Campania, ![]() |
Victimes | 2 735 morts, 8 850 blessés |
Magnitude
Le dimanche à 19 h 34, heure locale, la secousse principale (6,9 sur l'échelle de Richter) se déclenche, suivie au bout de 40 secondes d'une deuxième secousse de magnitude 5. L'ensemble dure près d'une minute et demie.
Le tremblement de terre est ressenti dans tout le pays. Il touche majoritairement la Campanie, la Basilicate et les Pouilles.
Bilan
Bilan humain
Le en milieu d'après-midi, huit cents morts sont recensés. Le gouvernement déclare la Basilicate et la Campanie en état de catastrophe naturelle.
Le au soir, on annonce deux cent mille réfugiés. C'est l'hiver, il pleut, il neige, il gèle, la boue envahit tout. Six jours après la catastrophe, on dénombre plus de deux mille morts.
Les journaux italiens s'en émeuvent et La Repubblica titre le : « Il y a plus de trois mille morts, pour les vivants, l'aide manque. » Le même jour, Il Mattino titre : « Faites vite ! Pour sauver ceux qui sont encore vivants et aider ceux qui n'ont plus rien. »
Le bilan définitif est, d'après la protection civile, de 2 735 morts[1] et d'environ 8 850 blessés. Environ 300 000 personnes sont sans abri.
Province | Superficie totale | Communes touchées | Morts | Blessés |
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Avellino | 2 871,64 km2 | 119 | 1 762 | 3 993 |
Benevento | 2 070,63 km2 | 3 | 32 | |
Caserta | 2 639,3 km2 | 45 | 12 | 139 |
Naples | 1 171,13 km2 | 87 | 131 | 1 501 |
Salerne | 4 922,55 km2 | 109 | 674 | 2 468 |
Potenza | 6 546 km2 | 64 | 153 | 715 |
Bilan matériel
Le tremblement de terre a touché de nombreux villages de montagne isolés. Sant'Angelo dei Lombardi, 14 000 habitants au moment des faits, est détruit à 80 %. Le toit de l'église de Balvano (province de Potenza) s'effondre alors qu'on y célèbre la messe. Une faille longue de trente kilomètres court de Sant'Angelo à Balvano.
Conséquences politiques
Organisation des secours
Les secours sont longs à arriver et le ravitaillement fait vite défaut.[2] Les réfugiés manquent d'eau, de couvertures, de vivres et de médicaments et entrent alors en dissidence[1].
Si les secours ont beaucoup tardé, c'est sans doute parce que l'on ne connaît pas rapidement l'épicentre et donc la région la plus touchée. De plus, il est difficile d'accéder aux villages car les routes sont encombrées, et, souvent, les ponts, voire les tunnels, ont été endommagés par les secousses.
Enfin, les conditions météorologiques freinent aussi les secours, notamment les vols en hélicoptère, parfois réalisés dans des conditions extrêmes.
Crise politique
Le séisme provoque une crise politique dans le pays. Le président de la République Sandro Pertini intervient à la télévision. Le préfet d'Avellino est limogé. Le ministre de l'Intérieur présente sa démission, laquelle est refusée. La lenteur des secours est dénoncée entre autres par Bettino Craxi. Le secrétaire du PCI pour la province Michele D’Ambrosio dénonce les prix très excessifs pratiqués sur des produits de première nécessité ; on parle de tasse de café payée cinq cents lires.
Très vite, les pays étrangers se mobilisent. D'après la protection civile, les États-Unis (où vivaient beaucoup d'immigrés de la région) donnent 70 millions de dollars. L'Allemagne, 32 millions. Les dons et les secours arrivent de toutes parts. Le gouvernement italien paie le voyage aux émigrés originaires de la région. On comptabilise près de 500 milliards de lires de dons venant de l'étranger. Les sinistrés appellent ceux qui les avaient secourus les « anges du tremblement de terre » (Gli angeli del terremoto).
C'est à la suite de cet événement que fut créée en Italie la protection civile (en italien protezione civile).
Influence de la mafia
La reconstruction n'a été que partielle. En effet, une partie des subventions octroyées pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre aurait été détournée par la Camorra, une mafia napolitaine.
Le chef maffieux Raffaele Cutolo use de sa proximité avec une partie du monde politique et des services secrets pour obtenir d’importants contrats de travaux publics, lesquels sont attribués à des entreprises contrôlées par ses hommes de confiance[3].
Plus de vingt-cinq ans plus tard, certains vivent encore dans les préfabriqués de l'époque.
Soutien de personnalités
Le , le pape Jean-Paul II se déplace et survole la zone sinistrée[2].
Entre 1979 et 1981, Andy Warhol est l'invité du collectionneur et galeriste napolitain Lucio Amelio (1931-1994). Ce dernier lui fait rencontrer à Naples Joseph Beuys, puis il compose une suite de quatorze toiles autour du Vésuve et trois tableaux pour l'exposition « Terrae Motus » (1984), où soixante-six artistes furent invités à créer des œuvres en hommage aux victimes du tremblement de terre du [4].
Notes et références
- Arnaud Strina. L’évolution de la société italienne contemporaine face à la catastrophe : l’exemple du séisme de l’Aquila en 2009. Sociologie. Université Côte d’Azur, 2020. Français. NNT : 2020COAZ2008. tel-03105743
- Marc Semo, « Plusieurs milliers de morts-La lenteur des secours suscite de nombreuses protestations " Faites vite " »
, sur Le Monde, (consulté le )
- « Raffaele Cutolo, chef sanguinaire de la mafia napolitaine, est mort », Le Monde.fr, (lire en ligne)
- Maria Franchini, Dictionnaire insolite de Naples., Paris, Cosmopole, , p.13
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
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