Sénedj

Sénedj est un roi de la IIe dynastie pendant la période thinite. Il est possible qu'il soit le successeur d'Ouneg, les avis des spécialistes étant très partagés. Manéthon l'appelle Séthenès et lui compte quarante et un ans de règne. Le papyrus de Turin lui compte cinquante-quatre ans de règne. Les égyptologues aujourd'hui le voient (pour ceux qui le comptent comme un roi à part entière) avec un règne de neuf / dix ans.

Sénedj

Statuette en bronze en forme du roi agenouillé
Période Époque thinite
Dynastie IIe dynastie
Fonction roi
Prédécesseur Ouneg
Dates de fonction -2735 à -2724 (selon J. von Beckerath)
-2700 à -2690 (selon J. Málek)
Successeur Sneferka

On situe son règne de -2700 à -2690 (J. Málek)[1].

Attestations

Sources contemporaines ou de l'Ancien Empire

La seule inscription connue probablement contemporaine du règne de Sénedj a été trouvée en 1909 par l'égyptologue Uvo Hölscher, qui a participé aux fouilles du temple de Khéphren et Mykérinos à Gizeh. Hölscher a trouvé un petit éclat de diorite à paroi mince et polie, qui appartenait autrefois à un bol plat. Une inscription incisée donne la lecture : Le roi de Haute et Basse-Égypte, Sénedj. L'inscription va de droite à gauche et dépasse la ligne de cassure, mais le nom du roi reste reconstructible. Le précieux artefact a été publié en 1912[2].

La source suivante se référant au roi Sénedj remonte au début ou au milieu de la IVe dynastie. Le nom, écrit dans un cartouche, apparaît dans l'inscription sur une fausse porte appartenant au mastaba du grand prêtre Shery à Saqqarah. Shery avait les titres de « surveillant de tous les prêtres-ouâb du roi Péribsen dans la nécropole du roi Sénedj », « surveillant des prêtres du ka du roi Sénedj » et « serviteur du Dieu Sénedj ». Le nom de Sénedj est écrit sous une forme archaïque et placé dans un cartouche, ce qui est un anachronisme, puisque le cartouche lui-même n'a été utilisé qu'à la fin de la IIIe dynastie[3],[4]. L'égyptologue Dietrich Wildung désigne deux autres prêtres et parents possibles de Shery, qui ont également participé au culte funéraire de Sénedj : Inkef et Siy[5].

Sénedj est également mentionné dans le papyrus papyrus Berlin 3038, qui contient des prescriptions médicales et des thérapies pour de nombreuses maladies. L'une d'entre elles donne des instructions pour traiter les crampes aux pieds et se termine par l'affirmation que la recette de la pommade provient d'un livre de récipients. Ce livre est censé provenir de l'époque du roi Den (Ire dynastie). Le roi Sénedj aurait reçu le livre en cadeau d'héritage[6].

La dernière mention du nom de Sénedj apparaît sur une petite statuette en bronze en forme du roi agenouillé portant la couronne blanche de Haute-Égypte et tenant des encensoirs dans ses mains. De plus, la figurine porte une ceinture qui porte le nom de Sénedj gravé au dos[7],[8].

L'égyptologue Peter Munro a écrit un rapport sur l'existence d'une inscription de sceau de terre montrant le nom du cartouche Néfer-Sénedj-Rê, qu'il croit être une version de Sénedj[9]. Mais comme la découverte n'a jamais été photographiée ni dessinée et que l'objet présumé s'est perdu entre-temps, l'affirmation de Munro est fortement remise en question par de nombreux chercheurs[8].

Sources postérieures

Sénedj est présent chez Manéthon dans les listes royales de l'époque ramesside mais, dans ces dernières, son cartouche est écrit différemment suivant les listes :

Liste d'Abydos Table de Saqqarah Canon royal de Turin Manéthon
Senedj

Snḏ
Senedj
Snḏ
Senedj
Snḏ-...
Séthenès

Identité

Le nom d'Horus de Sénedj reste inconnu. Une inscription sur la fausse-porte de Shery pourrait indiquer que Sénedj est identique au roi Seth-Péribsen et que le nom Sénedj a été apporté dans les listes de parents, parce qu'il n'était pas permis de mentionner un nom de Seth[10],[11]. D'autres égyptologues, comme Wolfgang Helck et Dietrich Wildung, n'en sont pas si sûrs et croient que Sénedj et Péribsen étaient des souverains différents. Ils soulignent que l'inscription de la fausse-porte porte les noms des deux rois de manière strictement séparés l'un de l'autre. De plus, Wildung pense que Sénedj a fait don d'une chapelle d'offrande à Péribsen dans sa nécropole[12],[13]. Cette théorie est à son tour remise en question par Helck et Hermann Alexander Schlögl, qui pointent du doigt les sceaux d'argile du roi Sekhemib trouvé dans la zone d'entrée de la tombe de Péribsen, ce qui pourrait prouver que c'est Sekhemib, et non Sénedj, qui a enterré Péribsen[14].

Règne

Des égyptologues tels que Wolfgang Helck, Nicolas Grimal, Hermann Alexander Schlögl et Francesco Tiradritti croient que le roi Ninetjer, troisième souverain de la IIe dynastie, a laissé un royaume qui souffrait d'une administration étatique trop complexe et que Ninetjer a décidé de diviser l'Égypte pour la laisser à ses deux fils (ou, au moins, deux successeurs choisis) qui gouverneraient deux royaumes séparés, dans l'espoir que les deux dirigeants pourraient mieux administrer les États[15],[16]. En revanche, des égyptologues comme Barbara Bell pensent qu'une catastrophe économique telle qu'une famine ou une sécheresse de longue durée a affecté l'Égypte. Par conséquent, pour mieux résoudre le problème de l'alimentation de la population égyptienne, Ninetjer divisa le royaume en deux et ses successeurs fondèrent deux royaumes indépendants jusqu'à ce que la famine touche à sa fin. Bell cite les inscriptions de la pierre de Palerme, où, selon elle, les archives des crues annuelles du Nil montrent des niveaux constamment bas pendant cette période[17],[18].

L'hypothèse de Bell est aujourd'hui réfutée par des égyptologues tels que Stephan Johannes Seidlmayer, qui a corrigé les calculs de Bell. Seidlmayer a montré que les crues annuelles du Nil étaient aux niveaux habituels à l'époque de Ninetjer jusqu'à la période de l'Ancien Empire. Bell avait oublié que les hauteurs des crues du Nil dans l'inscription en pierre de Palerme ne prennent en compte que les mesures des nilomètres autour de Memphis, mais ailleurs le long du fleuve. Toute sécheresse durable peut donc être exclue[19].

Il n'est pas clair non plus si Sénedj partageait déjà son trône avec un autre souverain, ou si l'État égyptien était divisé au moment de sa mort. Toutes les listes connues comme la table de Saqqarah, le Canon royal de Turin et la liste d'Abydos énumèrent un roi Ouadjenes (peut-être Nebty-Ouneg) comme prédécesseur de Sénedj. Après Sénedj, les listes royales diffèrent les unes des autres en ce qui concerne les successeurs. Alors que la table de Saqqarah et le Canon royal de Turin mentionnent trois rois avant le dernier roi de la IIe dynastie (Néferkarê/Âaka Ier, Néferkasokar et un nom en lacune), la liste d'Abydos les ignore et mentionne un roi Djadjay (identique au roi Khâsekhemoui). Si l'Égypte était déjà divisée lorsque Sénedj gagna le trône, des rois comme Sekhemib et Péribsen auraient régné en Haute-Égypte, tandis que Nebty-Ouneg, Sénedj, et des rois dont les noms auraient été retranscrits à l'époque ramesside comme étant Néferfarê/Âaka, Néferfasokar et un nom en lacune, auraient régné en Basse-Égypte. Le roi Khâsekhemoui mit fin à la division de l'Égypte[20].

Sépulture

On ne sait pas où Sénedj a été enterré. Toby Wilkinson suppose que le roi aurait pu être enterré à Saqqarah. Pour étayer ce point de vue, Wilkinson fait remarquer que les prêtres mortuaires d'autrefois n'ont jamais été enterrés très loin du roi pour qui ils avaient pratiqué le culte mortuaire. Wilkinson pense que l'une des grandes galeries méridionales du complexe funéraire du roi Djéser (IIIe dynastie) était à l'origine la tombe de Sénedj[21].

Titulature

Notes et références

  1. Autres avis de spécialistes : -2735 à -2724 (J. von Beckerath)
  2. Uvo Hölscher, Georg Steindorff, Das Grabdenkmal des Königs Chephren (= Veröffentlichungen der Ernst von Sieglin Expedition in Ägypten, 1st Volume), Hinrischs'sche Buchhandlung, Leipzig, 1912, p. 106ff.
  3. Auguste Mariette, Les mastabas de l’Ancien Empire, Paris, 1885, p. 92–94.
  4. Werner Kaiser, « Zur Nennung von Sened und Peribsen in Sakkara », dans : Göttinger Miszellen, no 122, 1991, p. 49–55.
  5. Dietrich Wildung, Die Rolle ägyptischer Könige im Bewußtsein ihrer Nachwelt (= Münchener Ägyptologische Studien. Bd. 17), Deutscher Kunstverlag, München / Berlin, 1969, p. 44-47.
  6. Wolfhart Westendorf, Erwachen der Heilkunst: die Medizin im alten Ägypten, Artemis & Winkler, 1992, (ISBN 3760810721), p. 48.
  7. Wolfgang Helck, Untersuchungen zur Thinitenzeit, (Ägyptologische Abhandlungen, Volume 45), Otto Harrassowitz, Wiesbaden, 1987, (ISBN 3-447-02677-4), p. 103-106
  8. Dietrich Wildung, Die Rolle ägyptischer Könige im Bewusstsein ihrer Nachwelt, Part I (Münchener Ägytologische Studien 17), Deutscher Kunstverlag, München/Berlin, 1969, p. 45.
  9. Peter Munro, « Nefer-Senedj-Ra », dans : Orientalia, volume 57, 1988, p. 330.
  10. Kenneth Anderson Kitchen, Ramesside Inscriptions, p. 234–235.
  11. Jürgen von Beckerath, Handbuch der ägyptischen Königsnamen, Deutscher Kunstverlag, München/Berlin, 1984, (ISBN 3-422-00832-2), p. 171.
  12. Wolfgang Helck, Untersuchungen zur Thinitenzeit, p. 105-106.
  13. Dietrich Wildung, Die Rolle ägyptischer Könige im Bewusstsein ihrer Nachwelt, p. 45.
  14. Hermann Alexander Schlögl, Das Alte Ägypten, p. 77-78 & 415.
  15. Nicolas Grimal, A History of Ancient Egypt, Wiley-Blackwell, Weinheim, 1994, (ISBN 978-0-631-19396-8), p. 55.
  16. Francesco Tiradritti & Anna Maria Donadoni-Roveri, Kemet: Alle Sorgenti Del Tempo, Electa, Milano, 1998, (ISBN 88-435-6042-5), p. 80–85.
  17. Barbara Bell, « Oldest Records of the Nile Floods », dans : Geographical Journal, no 136, 1970, p. 569–573
  18. Hans Goedicke, Journal of Egypt Archaeology, no 42, 1998, p. 50.
  19. Stephan Johannes Seidlmayer, Historische und moderne Nilstände: Historische und moderne Nilstände: Untersuchungen zu den Pegelablesungen des Nils von der Frühzeit bis in die Gegenwart, Achet, Berlin, 2001, (ISBN 3-9803730-8-8), p. 87–89.
  20. Hermann Alexander Schlögl, Das Alte Ägypten: Geschichte und Kultur von der Frühzeit bis zu Kleopatra, Beck, Hamburg, 2006, (ISBN 3-406-54988-8), p. 77-78 & 415.
  21. Toby Alexander Howard Wilkinson, Early Dynastic Egypt, Routledge, London/New York, 1999, (ISBN 0-415-18633-1), p. 88 - 89.

Liens externes

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