Sukshma sharira

Sukshma sharira ou encore sūkṣmaśarīra[1] (IAST ; devanāgarī : सूक्ष्मशरीर) est un terme sanskrit et un concept[N 1] de la philosophie hindoue défini dans la Taittirīya Upaniṣad[N 2] il y a plus de 2500 ans. Sūkṣmaśarīra correspond au niveau subtil, physiologique, psychologique et intellectuel de l'individualité humaine ou de la créature (jīva). Il se compose de trois enveloppes ou fourreaux (kośa) qui vont du moins subtil au plus subtil ou encore du plus épais au moins épais. Dans la philosophie de l'Advaita Vedānta, ces enveloppes sont autant de degrés d'asservissement ou d'ignorance[N 3] (avidyā) qui éloignent par identification l'individu de sa nature réelle qui est pure conscience d'être et félicité (saccidānanda).

Sūkṣmaśarīra et Sāṃkhya

Dans la Sāṃkhya Kārikā composée par Īśvarakṛṣṇa, sūkṣmaśarīra ou liṅga śarīra est composé [N 4] des tattva suivants[2]:

auxquels s'ajoutent les treize principes suivants :

C'est le liṅga śarīra qui fait le lien entre deux vies successives qui peuvent s'exprimer dans des mondes distincts (loka).

Sūkṣmaśarīra et Vedānta

Dans le Vedānta et plus particulièrement dans l'Advaita Vedānta, le corps ou le corpuscule subtil est constitué de[N 5]:

  • cinq souffles vitaux primaires (Prāṇas) à savoir[1]:
  1. apāna : le flux d'excrétion,
  2. udāna : le flux d'élévation,
  3. prāṇa : la respiration,
  4. samāna : la digestion,
  5. vyāna : le souffle vital.

À cela s'ajoutent les treize principes (tattva) énumérés plus haut auquel on ajoute citta[N 6]. Le Vedānta décompose sūkṣmaśarīra en trois enveloppes ou fourreaux

Description des enveloppes

Dans le Vedānta, sūkṣmaśarīra est composé de trois enveloppes ou fourreaux. La description de ces enveloppes (kośa) se trouve dans la section Brahmānanda Valli de la Taittirīya Upaniṣad. On la trouve également dans d'autres textes plus tardifs de la philosophie indienne tel le Tattva Bodha attribué à Ādi Śaṅkara. Par ordre du plus grossier au plus subtil on a[N 7].  :

  • Prāṇamayakośa ou l'enveloppe faite de vitalité qui anime le corps physique et concerne l'aspect physiologique. Dans l'Advaita Vedānta, cette enveloppe est composée des cinq souffles vitaux primaires (Prāṇa)[N 8] et des cinq karmendriya.
  • Manomayakośa ou l'enveloppe composée de pensées et d'émotions constituant l'aspect psychologique. Dans l'Advaita Vedānta, celle-ci est constituée de manas, de citta et des cinq jñānendriya.
  • Vijñānamayakośa ou l'enveloppe faite d'intelligence concernant la logique, le raisonnement, la discrimination ou le jugement et est en rapport avec l'intellect. Dans l'Advaita Vedānta, celle-ci est constituée de buddhi, Ahaṃkāra et des cinq jñānendriya.

Notes

  1. Il ne faut pas confondre ce concept hindou avec les conceptions de certaines philosophies ésotériques ou spiritualistes occidentales qui mettent l'accent sur la notion de corps subtils associés à différents plans dits d'évolution.
  2. Taittirīya Upaniṣad fait partie du groupe des Upaniṣad principales (Mukhya Upaniṣad) et a été commentée par Ādi Śaṅkara.
  3. Dans la philosophie de l'Advaita Vedānta la théorie des kośa est à associer aux trois états de veille (jāgrat), rêve (svapna) et sommeil (suṣupti).
  4. Il s'agit ici du corps ou du corpuscule subtil rudimentaire, c'est-à-dire considéré dans sa phase initiale de création. Voir à ce propos l'ouvrage The Sankhya káriká, or, Memorial verses on the Sánkhya philosophy, Volume 46 de Henry Thomas Colebrooke à la page 129
  5. Voir le texte sanskrit Tattva Bodha attribué à Ādi Śaṅkara
  6. Buddhi, manas, ahaṃkāra et citta correspondent dans le Vedānta à l'organe interne appelé « Antaḥkaraṇa ».
  7. La description des enveloppes selon le point de vue de l'Advaita Vedānta et donnée dans l'ouvrage Vedanta for beginners de Sivananda
  8. Lorsque sūkṣmaśarīra et associé au corps grossier ou physique (Sthūlaśarīra), il faut alors tenir compte des cinq souffles vitaux secondaires (vāyu)

Références

  1. The Sanskrit Heritage Dictionary de Gérard Huet
  2. The Sankhya káriká, or, Memorial verses on the Sánkhya philosophy, Volume 46. Henry Thomas Colebrooke. Éd. Printed for the Oriental translation fund of Great Britain and Ireland, by S. Collingwood, 1837, page 128 et 129.

Voir aussi

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