SCALP-EG

Le SCALP-EG (acronyme de « Système de croisière conventionnel autonome à longue portée » et d'« Emploi général »), anciennement « Arme de précision tirée à grande distance », est un missile de croisière développé fin 1994 par Matra et British Aerospace puis fabriqué par MBDA[2]. La version britannique est baptisée Storm Shadow. Cette arme est conçue pour frapper l'ennemi dans son territoire profond jusqu'à près de 400 km selon le président de la République François Hollande et même 560 km selon la Royal Air Force[3],[4], quelle que soit la défense aérienne, grâce à sa furtivité qui le rend presque indétectable, y compris par les avions radars AWACS[2].

Pour les articles homonymes, voir Scalp.

SCALP-EG
Présentation
Type de missile missile de croisière
Constructeur MBDA
Coût à l'unité 850 000 [1]
Déploiement 2002
Caractéristiques
Moteurs Microturbo TRI 60-30, de 5,7 kN poussée
Masse au lancement 1 300 kg
Longueur 5,10 m
Envergure 2,85 m
Vitesse 1 163 km/h (Mach 0,80)
Portée Jusqu'à 560 km
Altitude de croisière 30 m
Charge utile 450 kg, charge creuse en tandem (de type « BROACH »)
Guidage inertiel, topographique, radar et infrarouge, GPS
Précision métrique
Détonation impact
Plateforme de lancement avion

Il fait partie, avec l'ASMPA, l'Apache et le MdCN, des missiles de croisière utilisés par l'armée française.

Le SCALP-EG

Le SCALP-EG est une arme stratégique conventionnelle qui permet de frapper des cibles de grande importance, loin dans le dispositif adverse.

Il est emporté par le Mirage 2000, le Rafale et le Panavia Tornado.

Caractéristiques

Maquette d'un Storm Shadow.

Le missile a une masse de 1 300 kg, un diamètre maximal de m et une envergure de m. Sa portée, officiellement de 250 km, est en fait supérieure à 300 km et proche de 400 km — selon les déclarations du Président de la République, François Hollande[5] —, et permet un tir à distance de sécurité. Ce missile de type « tire et oublie » est programmé avant le lancement : une fois largué, sa cible ne peut pas être modifiée, et il ne peut être ni contrôlé ni autodétruit. Sa mission est préparée au sol, en définissant sa cible et les zones de défense adverse. Le missile suit une route de façon quasi-autonome, en vol à basse altitude en suivant le relief en utilisant le GPS et le recalage altimétrique.

À proximité de son objectif, le missile remonte jusqu'à une altitude optimale, permettant d'identifier au mieux la cible. Sa coiffe est éjectée pour permettre l'utilisation de sa caméra infrarouge à haute résolution, lui permettant d'identifier la cible. Si le missile ne parvient pas à identifier la cible prévue et qu'il existe un risque de dommages collatéraux, il peut alors décider de s'écraser dans une zone déserte.

La charge militaire BROACH comporte une première charge pénétrante pour traverser le sol et le blindage d'un bunker, suivie d'une charge principale dont l'explosion peut être retardée. Il est destiné à la destruction de cibles à haute valeur stratégique telles que les centres de commandement et de communication, les bases aériennes, les ports et les centrales électriques, les centres de stockage de munitions, etc.

Historique

British Aerospace et Matra étaient opposés à McDonnell Douglas, Texas Instruments/Short Brothers, Hughes/Smiths Industries, Daimler-Benz Aerospace/Bofors, GEC-Marconi et Rafael dans une compétition organisée par le ministère britannique de la défense, intitulée CASOM (Conventionaly Armed Stand Off Missile). Le BAe/Matra SCALP-EG/Storm Shadow fut sélectionné le . Un contrat de développement et de production fut signé le , alors que Matra et BAe avaient achevé la fusion de leurs activités missilières pour former Matra BAe Dynamics. La France commanda 500 missiles SCALP-EG en .

Le premier tir réussi entièrement guidé du missile SCALP-EG/Storm Shadow eut lieu à la fin du mois de décembre 2000, depuis le CEL de Biscarosse, en France. Le missile avait été largué depuis un Mirage 2000N. Le premier tir anglais eut lieu le depuis un Tornado. Au Royaume-Uni, le Storm Shadow est entré en service dans la Royal Air Force en 2002. En France, le SCALP-EG est entré en service sur Mirage 2000D en 2005 puis sur Rafale Air et Marine dans l'Armée de l'Air et la Marine Nationale[6].

En France et au Royaume-Uni, le SCALP-EG bénéficiera d'un programme de rénovation. À l'origine, on estimait que, concernant les forces françaises, 400 missiles seraient mis à niveau par MBDA et réceptionnés entre 2018 et 2021, mais la loi de programmation militaire 2014-2019 ne prévoit désormais que 100 exemplaires modernisés dans un programme commun avec le Royaume-Uni. Le contrat pour cette rénovation, d'une valeur de 146 millions de livres sterling pour un nombre non spécifié de missiles, a été signé en [7].

Carrière opérationnelle

Tornado GR4 de la RAF, porteur de deux missiles Storm Shadow sous le fuselage. Sous ses ailes se trouvent deux réservoirs largables, aux dimensions assez proches.

Il a subi son baptême du feu avec succès avec la Royal Air Force pendant l'opération liberté irakienne (Operation Iraqi Freedom), en 2003, dans l'escadron 617.

Pour l'Armée de l'Air et la Marine Nationale françaises, c'est au cours de l'intervention militaire en Libye de 2011, à l'occasion d'un raid effectué dans la nuit du 23 au , mené par deux Rafale et deux Mirage 2000D partis de France associés à deux Rafale Marine catapultés depuis le porte-avions Charles de Gaulle, que sept missiles de croisière SCALP-EG ont été tirés[1]. Ils ont permis de détruire des dépôts de munitions, des installations de maintenance et le centre de commandement de la base aérienne d'Al-Joufra situés à environ 300 km au sud des côtes libyennes[8]. D'autres raids ont été menés ultérieurement, ayant conduit au total au tir d'au moins 15 munitions[9].

Un missile SCALP-EG a été utilisé par la France dans le cadre de l'Opération Chammal, pour détruire en Irak des bâtiments durcis servant à la fois de quartier général, de centre d’entraînement et de dépôts logistique à Daech, le [10].

Des missiles SCALP ont été lancés le contre une fabrique de roquettes artisanales de Daech en Syrie, par quatre avions Rafale de l'armée française[11].

8 missiles SCALP ont été lancés dans la nuit du 15 au contre un dépôt de l'État Islamique par trois Rafale de la base aérienne projetée (BAP) en Jordanie, quatre Rafale Marine et un avion de guet aérien E-2C Hawkeye du porte-avions Charles de Gaulle[12],[13].

En février 2017, environ 200 missiles ont été tirés par la France et le Royaume-Uni[14].

Dans la nuit du 13 au 14 avril 2018, lors de l'Opération Hamilton, 4 Tornado GR.4 de la Royal Air Force et 5 Rafale de l'Armée de l'air utilisent des missiles de ce type lors d'un raid contre un complexe militaire syrien situé à 24 km a l'ouest de Homs, suspecté d'abriter des armes chimiques[15],[16].

Utilisateurs

Utilisateurs du SCALP-EG en bleu.
Storm Shadow/SCALP EG.

Près de 3 000 commandes. États ayant commandé des SCALP-EG/Storm Shadow[17] :

SCALP Naval

Un missile destiné à la Marine nationale française, dérivé du SCALP-EG et initialement appelé « SCALP-Naval », a finalement pris le nom de Missile de Croisière Naval (MdCN). En 2018, il est en service.

Dans la nuit du au , des FREMM de la Marine nationale française utilisent le MdCN contre un complexe militaire syrien suspecté d'abriter des armes chimiques. Ce raid est la première utilisation opérationnelle du « SCALP Naval ».

Notes et références

  1. Jean-Dominique Merchet, « La facture des missiles de croisière Scalp s'élève (déjà) à plus de neuf millions d'euros », sur www.marianne.net/blogsecretdefense, Marianne, (consulté le ).
  2. Jean-François Desessard, « SCALP, nouvel outil de dissuasion pour la France », sur bulletins-electroniques.com, Ministère des Affaires étrangères français, (consulté le ).
  3. Jean-Marc Tanguy, « Tirs SCALP à "CHAMMAL" », Raids Aviation, , p. 14.
  4. (en) « Royal Air Force Aircraft & Weapons » (consulté le ).
  5. Jean-Marc TANGUY, « Tirs Scalp à "Chammal" », Raids Aviation N°28, , p. 14.
  6. Ministère de la Défense, « SCALP-EG », sur www.ixarm.com (consulté le ).
  7. « C'était pour un coup de com' commun », sur lemamouth.blogspot.fr (consulté le ).
  8. « Libye : Les Rafale tirent des missiles de croisière Scalp », sur www.meretmarine.com, Mer et Marine, (consulté le ).
  9. Jean-Dominique Merchet, « La guerre en Libye coutera entre 300 et 350 millions d'euros », sur https://www.marianne.net/blogsecretdefense/, Marianne, .
  10. Marine Pennetier et Yves Clarisse, « Paris frappe l'EI avec des missiles Scalp pour la première fois », Yahoo ! actualités (via Reuters), (consulté le ).
  11. « Paris détruit un site de Daech en Syrie », Le Figaro, (consulté le ).
  12. « Chammal: 6 Rafale français armés de SCALP participent à un raid aérien massif en Irak (Vidéo) », sur www.defense.gouv.fr, Ministère de la Défense (consulté le ).
  13. Laurent Lagneau, « Irak : Première frappe dans la profondeur effectuée conjointement par des Rafale Air et Marine », sur opex360.com, .
  14. « La France accro à ses Scalp-EG », sur lemamouth.blogspot.fr (consulté le ).
  15. L'armée britannique frappe un complexe militaire près de Homs.
  16. « RAF jets strike chemical weapon facility in Syria - GOV.UK », sur www.gov.uk.
  17. (en)« Scalp EG/Storm Shadow/Black Shaheen », sur missilethreat.com, Missile Threat, (consulté le ).
  18. « SIPRI 2017 », Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI) (consulté le ).
  19. « Engine Support Surges With Rafale Flight Hours, Exports », Defense News, (lire en ligne, consulté le ).
  20. « SCALP-EG », Hellenic Air Force (consulté le ).
  21. (el) « Η πολεμική αεροπορία διαθέτει πύραυλο κρουζ » L'armée de l'air a un missile de croisière »], newsbeast.gr, (lire en ligne, consulté le ).
  22. Tarun Shukla, « India signs $8.9 billion Rafale fighter jet deal with France », Livemint, (lire en ligne).
  23. « Mise à Jour: Le Qatar fait le plein de missiles pour son Rafale », sur menadefense.net, .

Annexes

Articles connexes

Lien externe

  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail de l’aéronautique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.