Saison 1923-1924 de la Juventus FC

La saison 1923-1924 du Foot-Ball Club Juventus est la vingt-deuxième de l'histoire du club, créé vingt-sept ans plus tôt en 1897.

Foot-Ball Club Juventus
Saison 1923-1924
Généralités
Président Edoardo Agnelli
Entraîneur Jenő Károly
Résultats
Championnat 5e du groupe A des éliminatoires
26 points (11V-4N-7D)
37 buts pour, 27 contre
Meilleur buteur Federico Munerati (9)

Maillots

Domicile


Chronologie

Le club piémontais prend part ici à la 24e édition du championnat d'Italie (appelé à l'époque la Première division, ancêtre de la Serie A), premier championnat juventino de l'ère Agnelli.

Historique

Edoardo Agnelli, le nouveau propriétaire du club, dont il prend lui-même la présidence.

Au cours de cette nouvelle saison, le Foot-Ball Club Juventus franchit un nouveau cap avec les Agnelli[1], celui d'une ère nouvelle, avec de nouveaux objectifs, comme se réimposer dans le haut du football italien, pour enfin obtenir un scudetto qui lui fait défaut depuis la saison 1905.

En effet, le , le club est acheté par Edoardo Agnelli[2],[3], industriel piémontais passionné de football, et héritier de l'empire de l'automobile FIAT (On raconte qu'à l'époque où jouait à la Juventus le défenseur Antonio Bruna, il avait du mal à la fois à concilier son statut de joueur au club et celui d'employé à l'usine FIAT[4], son patron ne l'autorisant pas à partir s'entraîner[5]. Sandro Zambelli, alors à l'époque un des trois coprésidents bianconeri, serait partit voir directement le fondateur et président de la FIAT Giovanni Agnelli[6]. Après l'approbation d'Agnelli à laisser s'entraîner le joueur, on dit que ce fut entre autres cet événement qui donna l'idée au fils de Giovanni, Edoardo, de racheter le Foot-Ball Club Juventus quelques années plus tard[6]).

« Je suis reconnaissant d'avoir accepté comme un honneur la présidence, mais j'espère ne pas vous décevoir en vous confessant que je n'ai aucunement l'intention de juste l'accepter en tant que titre honorifique […]. Nous devons nous efforcer de bien faire, mais en nous rappelant qu'une chose bien faite peut toujours être mieux faite. »

 Extrait du discours d'investiture d'Edoardo Agnelli au moment d'être élu président du Foot-Ball Club Juventus. Turin, le [7].

L'industriel s'investit beaucoup, aide financièrement la société en y injectant dès le départ beaucoup d'argent (Il assure les joueurs du club d'être régulièrement payés, avec en prime, une automobile offerte aux joueurs), et entreprend tout de suite de profonds changements au niveau de l'administration du club, s'installant à sa tête à la place de Gino Olivetti, président du club depuis 3 ans[8]. Souhaitant une équipe professionnelle et mieux structurée, il dote pour la première fois de l'histoire bianconera le club d'un entraîneur professionnel, avec l'arrivée du hongrois Jenő Károly, ancienne gloire du championnat hongrois en tant que joueur (Károly avait signé un contrat de 2500 lires, ainsi qu'une semaine de congé payé, et éventuellement une prime de 10 000 lires en cas de victoire du championnat).

L'arrivée d'Edoardo au sommet du club fut commenté dans une édition du magazine consacré à la société, Hurrà Juventus :

« Doté d'une fervente intelligence, d'une grande affabilité et de beaucoup d'expérience, du monde, de la vie, du travail qu'il a pu acquérir en collaborant activement à la direction des grandes entreprises avec son illustre père, le sénateur Giovanni Agnelli ; expert passionné de toutes sortes de sports, grand pilote automobile, directeur de la Società Torinese per la Corse dei Cavalli, président honoraire du Groupe Sportif FIAT, il apporte à notre société, avec son travail précieux, un nom qui illuminera une des plus hautes gloires sportives italiennes, une des plus merveilleuses créations de l'intelligence et du travail humain, gloire du sport, gloire du travail. »

 Hurrà Juventus, juillet 1923[9].

Avec l'arrivée de ce nouveau projet sportif, l'équipe voit donc quelques grands noms du football italien rejoindre le club piémontais. De nombreux joueurs viennent étoffer l'effectif bianconero, avec le gardien de but Romolo Sartoris, ainsi que les défenseurs Giorgio Bigatto, Angelo Ferrara, la vedette internationale Virginio Rosetta (un des premiers joueurs professionnels d'Italie, qui signa un contrat de 6000 lires mensuelles avec le club) puis Eugenio Venditti. Au milieu de terrain, on note les arrivées de Giovanni Albera, Cusari, Silvio Perotti et Steffanoni (ces deux derniers faisant leur retour au club), puis en attaque de Francesco Audisio, Giorgio Gambino, Mazza III et enfin de Pietro Pastore.

Le FBC Juventus commence donc cette saison du championnat d'Italie 1923-1924 (en italien Prima Divisione 1923-1924) en commençant dans le groupe A des éliminatoires (en italien Eliminatorie Girone A) de la Ligue nord lors des phases régionales.

Les Turinois de Jenő Károly (gauche), le premier entraîneur de l'histoire bianconera.

Les piémontais de la Juve commencent leur premier match avec de nombreuses ambitions, et s'imposent lors de leur premier match sous la période Agnelli lors d'un derby contre l'Inter Milan à domicile sur le score de 2-0 (buts de Grabbi et Munerati) le dimanche . Les bianconeri enchaînent ensuite avec une série de deux défaites avant de battre lors de la 4e journée Casale par 3 à 2 (avec des buts de Pastore et Grabbi ainsi qu'un penalty de Gianfardoni). Les turinois poursuivent ensuite leur chemin, malgré une décision judiciaire comportant sur 3 matchs (tous trois remportés par les juventini sur le terrain) comptant pour les 8, 9 et 10e journée ou les adversaires (Modène, Genoa et Padoue) furent tous désignés vainqueurs sur tapis vert par 2 à 0, à la suite d'un problème avec un des joueurs de la Juve, Virginio Rosetta (problème qui fut surnommé l'Affaire Rosetta[10]). Malgré ce désagrément, la Juve ne perdra ensuite plus un seul match de la saison, démarrant l'année 1924 à domicile avec un nul un but partout contre Livourne (but de Munerati) le 27 janvier. L'équipe enchaîne ensuite deux victoires consécutives puis une défaite 1 but à 0 contre Novare lors de la 15e journée. C'est le dimanche 2 mars que la Juventus remporte sa plus grosse victoire avec un 4 buts à 1 à Turin contre le Sampierdarenese (grâce à deux doublés de Grabbi et Munerati), avant d'enchaîner avec 2 nuls puis 2 succès. Le dernier match de la saison, comptant pour la 22e journée à Milan, voit la Juve et l'Inter se séparer, quant à eux, sur le score de 2-2 (buts bianconeri de Perotti et de Gilli).

Les bianconeri terminent leur première saison avec un vrai entraîneur, avec un total de 26 points, remportés grâce à 11 victoires, 4 matchs nuls et 7 défaites, insuffisants pour dépasser ce stade, la Juventus finissant à la 5e place, à égalité de points avec Alexandrie.

Bien que sur le plan purement sportif au niveau des résultats, cette première saison sous l'égide de la puissante famille Agnelli reste une déception, elle n'en reste néanmoins pas en réalité un semi-échec, car sans la pénalité de 9 points en moins infligée au club, l'effectif aurait terminé à la première place du classement, signe de bon augure pour les suivantes.

Socialement, ce fut désormais à partir de cette période charnière de l'histoire du club, que l'équipe resta traditionnellement dirigée par des aristocrates du nord-italien[11], mais soutenue entre autres par des classes plus populaires (comme les ouvriers des usines FIAT par exemple), devenant ainsi un des symboles de l'italianité[12]. Cette fusion fut à l'origine du désormais Style Juventus: « élégance, professionnalisme, et mentalité de vainqueur ».

Déroulement de la saison

Éliminatoires groupe A

dimanche
1re journée
Juventus 2 - 0 Inter Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Pinasco
Grabbi 4e
Munerati 55e
dimanche
2e journée
Livourne 3 - 2 Juventus Livourne
Arbitre : Vagge
Paolini 34e
Montelatici 65e 78e
1re Audisio
20e Pastore
dimanche
3e journée
Juventus 0 - 1 Brescia Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Zennaro
30e Bonardi
dimanche
4e journée
Casale 2 - 3 Juventus Casale Monferrato
Arbitre : Vagge
Mattea 85e
Blando 88e
Pastore
(pen.) Gianfardoni
92e Grabbi
dimanche
5e journée
Juventus 2 - 0 Novare Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Bistoletti
44e Munerati
90e Pastore
dimanche
6e journée
Alexandrie 3 - 1 Juventus Alexandrie
Arbitre : Pinasco
Banchero 11e 83e[13]
Bay 49e
37e Audisio
dimanche
7e journée
Sampierdarenese 2 - 3 Juventus Sampierdarena
Arbitre : Pasquinelli
Carzino II 53e 71e (pen.) 6e 10e 66e Pastore
dimanche
8e journée
Juventus 0 - 2[14] Modène Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Gera
dimanche
9e journée
Juventus 0 - 2[15] Genoa Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Panzeri
dimanche
10e journée
Padoue 2 - 0[16] Juventus Padoue
Arbitre : Ortali
dimanche
11e journée
Virtus Bologne 0 - 3 Juventus Bologne
Arbitre : Poderini
20e Rosetta
70e Grabbi
86e (pen.) Gianfardoni
dimanche
12e journée
Juventus 1 - 1 Livourne Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Venegoni
Munerati 18e 43e Innocenti II
dimanche
13e journée
Brescia 0 - 2 Juventus Stadium di Viale Venezia, Brescia
Arbitre : Pasquinelli
Rosetta
Munerati
dimanche
14e journée
Juventus 3 - 2 Casale Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Pinasco
Monticone 10e
Gianfardoni 44e (pen.)
Rosetta 88e
21e Mattea
57e Gallino
dimanche
15e journée
Novare 1 - 0 Juventus Novare
Arbitre : Venegoni
52e Marucco
dimanche
16e journée
Juventus 3 - 1 Alexandrie Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Vagge
Munerati 3e 10e
Viviano 77e (csc)
28e Avalle
dimanche
17e journée
Juventus 4 - 1 Sampierdarenese Sampierdarena
Arbitre : Crivelli
Grabbi 50e 87e
Munerati 58e 59e
57e Raggio
dimanche
18e journée
Modène 1 - 1 Juventus Modène
15h00
Arbitre : Panzeri
Manzotti 14e 80e Gallo
dimanche
19e journée
Genoa 1 - 1 Juventus Stadio Marassi, Gênes
15h10
Arbitre  : Cattaneo
Sardi 17e 56e Munerati
dimanche
20e journée
Juventus 3 - 0 Padoue Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Pasquinelli
Monticone 16e
Gianfardoni 57e (pen.)
Grabbi 75e
dimanche
21e journée
Juventus 1 - 0 Virtus Bologne Campo di Corso Marsiglia, Turin
Arbitre : Panzeri
Gambino 62e
dimanche
22e journée
Inter 2 - 2 Juventus Milan
Arbitre : Franciosini
Cevenini III 14e 22e (pen.) 10e Perotti
60e Gilli
Classement
Éliminatoires Ligue nord - groupe A Pts MJ V N D BP BC Dif
1.Genoa 332214535013+37
2.Padoue 292212553618+18
3.Inter 272211563125+6
4.Livourne 272212373330+3
5.Alexandrie 262210663823+15
6.Juventus 262211473727+10

Matchs amicaux

dimanche Pro Vercelli 0 - 1 Juventus
Buteur inconnu
dimanche Juventus 2 - 0 Pro Vercelli
Buteurs inconnus
mercredi Juventus et Torino 1 - 1 Törekvés SE
Buteur inconnu Buteur inconnu
mardi Juventus 1 - 2 Makkabi Brno
Buteur inconnu Buteurs inconnus
dimanche Bologne 2 - 1 Juventus
Buteurs inconnus Buteur inconnu
dimanche Juventus score inconnu Derthona
dimanche Juventus et Torino 2 - 1 Italie olympique
Buteurs inconnus Buteur inconnu
dimanche FIAT 2 - 1 Juventus Turin
Buteurs inconnus Buteur inconnu

Coppa Associazione Nazionale Mutilati

dimanche Juventus 0 - 2[17] Torino Turin
Buteurs inconnus

Coppa città di Asti

jeudi Casale 3 - 0 Juventus
Buteurs inconnus

Tournée en Allemagne

mardi Brandebourg 3 - 3 Juventus
Buteurs inconnus Buteurs inconnus
jeudi Union Altona 2 - 1 Juventus
Buteurs inconnus Buteur inconnu
samedi Hanovre 0 - 6 Juventus
Buteurs inconnus
lundi Brême 0 - 3 Juventus
Buteurs inconnus
vendredi Leipziger 1 - 2 Juventus
Buteur inconnu Buteurs inconnus
dimanche Dresde 0 - 1 Juventus
Buteur inconnu

Pro Gaetano Gallo

lundi Juventus et nationaux turinois[18] 3 - 0 Novare
Buteurs inconnus

Effectif du club

Effectif des joueurs du Foot-Ball Club Juventus lors de la saison 1923-1924.

Gardiens
Gianpiero Combi
Romolo Sartoris
Défenseurs
Giorgio Bigatto II
Antonio Bruna
Angelo Ferrara
Guido Gianfardoni
Osvaldo Novo
Virginio Rosetta
Eugenio Venditti
Milieux de terrain
Giuseppe Accusani
Giovanni Albera
Giovanni Barale
Carlo Bigatto I (C)
Cusari
Piero Gilli
Giuseppe Grabbi
Mazza II
Giuseppe Monticone
Silvio Perotti
Steffanoni
Attaquants
Francesco Audisio
Luigi Ferrero
Gaetano Gallo
Giorgio Gambino
Giuseppe Giriodi
Mazza III
Federico Munerati
Pietro Pastore
Entraîneur
Jenő Károly

Buteurs

9 buts
6 buts
4 buts
3 buts
2 buts
1 but

Annexes

Liens externes

Notes et références

  1. (it) « Juventus Football Club: La Storia »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), www.juventus.com (consulté le )
  2. Fils de Giovanni Agnelli, un des créateurs et propriétaire du géant automobile italien de la FIAT en 1899.
  3. (en) « Presidenti », sur JuventusStory.it,
  4. (it) Luigi Garlado, « C'era una volta un terzino », La Gazzetta dello Sport, (lire en ligne, consulté le )
  5. (it) Alessandra Bocci, Salvatore Lo Presti, « Del Piero in maglia rosa », La Gazzetta dello Sport, (lire en ligne, consulté le )
  6. (it) Germano Bovolenta, Luigi Garlando, « Il gioco delle superpotenze », La Gazzetta dello Sport, (lire en ligne, consulté le )
  7. (it) Mario Pennacchia, « Il gioiello di famiglia », La Gazzetta dello Sport, (consulté le )
  8. À partir de l'acquisition du club par les Agnelli, ce furent désormais le plus souvent les différents membres de la famille ainsi que leurs proches qui assurèrent la présidence du club.
  9. (it) Juventus Football Club: La Storia - www.juventus.com.
  10. À la suite des problèmes du transfert du défenseur vedette Virginio Rosetta passant du Pro Vercelli à la Juventus pour la somme record de 50000 lires.
  11. (it) Gian Paolo Ormezzano, « 70 anni Agnelli con la Juventus », La Stampa, (consulté le ), p. 4
  12. (it) Giovanni Arpino, « Quando si dice Juventus... », La Stampa, (consulté le ), p. 19
  13. Certaines sources indiquent Adolfo Baloncieri comme buteur.
  14. Résultat officiel par décision judiciaire à la suite de problèmes avec le joueur juventino Virginio Rosetta, alors que la Juventus avait gagné le match sur le score de 1-0 grâce à un but de Pietro Pastore.
  15. Résultat officiel par décision judiciaire à la suite de problèmes avec le joueur juventino Virginio Rosetta, alors que la Juventus avait gagné le match sur le score de 2-1 grâce à des buts de Giuseppe Grabbi (15e) et de Rosetta lui-même (55e).
  16. Résultat officiel par décision judiciaire à la suite de problèmes avec le joueur juventino Virginio Rosetta, alors que la Juventus avait gagné le match sur le score de 2-1 grâce à des buts de Federico Munerati et de Pietro Pastore.
  17. 50e « derby turinois » de l'histoire toutes compétitions confondues (matchs amicaux également).
  18. (it) STAGIONE 1923-1924 PARTITE AMICHEVOLI E TORNEI MINORI
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