Schimmelreiter

Le schimmelreiter ou schimmel reiter est, dans le folklore germanique et plus précisément en Basse-Saxe et dans l'Altmark[1], un cheval blanc maléfique ou un cavalier sur un cheval blanc, symboles de la catastrophe marine, qui détruit les digues pendant les tempêtes[2],[3].

Origine

Le schimmelreiter semble être issu du souvenir du cheval sacré des germains[3], Stengel a noté que les chevaux sacrifiés dans des rites « chtoniens » sont toujours blancs, et il semblerait qu'on en retrouve survivance dans les superstitions populaires mettant en scène le schimmelreiter[4].

Description

Selon Katharine Briggs, le schimmelreiter est le fantôme le plus souvent mentionné dans le folklore allemand, sous le nom de « der Schimmelreiter », qui signifie « le cavalier sur le cheval blanc ». L'adjectif schimmel indiquerait une couleur grise[5]. Les villageois de Basse-Saxe parlent « du schimmelreiter qui apparaît lorsqu'une tempête les menace »[6].

Influences

Au XIXe siècle, des théories qualifiées de « fumeuses » faisaient de saint Martin le successeur du schimmelreiter et d'Odin[7].

Symbolique

Le schimmelreiter est considéré comme un « émissaire du monde souterrain »[4].

Couleur blanche

La couleur blanche « lunaire » que le schimmelreiter partage avec d'autres créatures similaires est celle des chevaux maudits[8]. Plusieurs ouvrages, comme le Dictionnaire des symboles, s'attachent à cette couleur des chevaux « blêmes et pâles », dont la signification est l'inverse des chevaux blancs ouraniens (comme le Pégase). Il s'agit d'animaux à la blancheur « nocturne, lunaire, froide et vide »[9], comme un suaire ou un fantôme, ils évoquent le deuil, comme la monture blanche de l'un des quatre cavaliers de l'Apocalypse annonce la mort[2]. Henri Gougaud, dans Les animaux magiques de notre univers leur attribue la même symbolique, « nocturne, livide comme les brumes, les fantômes, les suaires »[10]. Il s'agit d'une inversion de la symbolique habituelle à la couleur blanche, une « apparence trompeuse » et une « confusion des genres »[11]. Une étude réalisée en 1995 y voit aussi un archétype des chevaux de la mort, la blanque jument française a ainsi la même symbolique que le schimmelreiter allemand[12], dont elle est un « proche parent »[13] négatif et sinistre[14].

En Angleterre et en Allemagne, rencontrer un cheval blanc est signe de mauvais augure ou de mort[15].

Notes et références

  1. Arnold van Gennep, Manuel de folklore français contemporain : Les cérémonies périodiques, cycliques et saisonnières. Carnaval, Carême, Pâques, vol. 1, A. et J. Picard, (ISBN 978-2-7084-0044-3, lire en ligne), p. 902
  2. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, (1re éd. 1969) [détail des éditions] p.226
  3. Université Paul Valéry, Mélanges à la mémoire de Louis Michel, Université Paul-Valéry, , 482 p., p. 172
  4. Syria, vol. 31, P. Geuthner, , p. 191
  5. (en) Katharine Briggs et Hilda Roderick Ellis Davidson, Boundaries & thresholds: papers from a colloquium of the Katharine Briggs Club, Thimble Press, , 103 p. (ISBN 978-0-903355-41-4), p. 82
  6. (en) James R. Dow, German folklore : a handbook, Greenwood Press, , 276 p. (ISBN 978-0-313-33375-0), p. 210
  7. Pierre Erny, Enfants du ciel et de la terre : essais d'anthropologie religieuse : Culture et cosmologie, L'Harmattan, , 351 p. (ISBN 978-2-7384-9596-9, lire en ligne), p. 154
  8. Guy Pillard, Les survivances et l'environnement mythologiques dans le département des Deux-Sèvres, Brissaud, , 272 p. (ISBN 978-2-902170-16-6, lire en ligne), p. 92
  9. Jean-Paul Clébert, Bestiaire fabuleux, Albin Michel, , 459 p. (lire en ligne), p. 102
  10. Henri Gougaud, Les Animaux magiques de notre univers, Solar, , 192 p.
  11. « La fantasy : un rôle sur mesure pour le maître étalon » sur le site NooSFere (consulté le ).
  12. Pierre Sauzeau et André Sauzeau, Les chevaux colorés de l'« apocalypse », vol. 212, Revue de l'histoire des religions, université Montpellier III, (lire en ligne), p. 259-298
  13. Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'imaginaire : introduction à l'archétypologie générale, Dunod, , 10e éd., 536 p. (ISBN 978-2-04-015678-7), p. 84
  14. Maurice Vernes, Jean Réville, Léon Marillier, René Dussaud, Paul Alphandéry, Revue de l'histoire des religions : Annales du Musée Guimet, vol. 212, Presses Universitaires de France, (lire en ligne)
  15. Université Paul Valéry, Mélanges à la mémoire de Louis Michel, , 482 p., p. 172

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, (1re éd. 1969) [détail des éditions] p. 226
  • (de) Theodor Storm, John Macgillivray, Der schimmelreiter, Ginn & company, 1908, 331 p.
  • (en) Alfred D. White, Storm, Der Schimmelreiter, vol. 10 de Critical guides to German texts, Grant & Cutler, , 95 p. (ISBN 978-0-7293-0300-2)
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