Sciences et techniques de la Renaissance
Les sciences et techniques de la Renaissance sont des découvertes d'une ampleur considérable dans l'histoire du développement social, culturel et technique de l'Europe médiévale.
La Renaissance est une période qui se situe en occident à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes. Dans le courant du XVe siècle et au XVIe siècle, cette période permit à l'Europe de se lancer dans des expéditions maritimes d'envergure mondiale, connues sous le nom de grandes découvertes. De nombreuses innovations furent popularisées, comme la boussole ou le sextant ; la cartographie se développa, ainsi que la médecine, grâce notamment au courant de l'humanisme. Selon l'historien anglais John Hale, ce fut à cette époque que le mot Europe entra dans le langage courant et fut doté d'un cadre de référence solidement appuyé sur des cartes et d'un ensemble d'images affirmant son Identité (psychologie)|identité visuelle et culturelle. La science comme discipline de la connaissance acquit ainsi son autonomie et ses premiers grands systèmes théoriques. Cette période est abondante en descriptions, inventions, applications et en représentations du monde, qu'il importe de décomposer afin de rendre une image fidèle de cette phase historique.l
La diffusion du savoir par l'imprimerie
Le domaine des techniques progresse considérablement, grâce à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg au XVe siècle, invention qui bouleverse la transmission du savoir. Le nombre de livres publiés devient ainsi exponentiel, la scolarisation de masse est possible, par ailleurs les savants peuvent débattre par l'intermédiaire des comptes-rendus de leurs expérimentations. La science devient ainsi une communauté de savants.
Finalement la Renaissance permet, pour les disciplines scientifiques de la matière, la création de disciplines et d'épistémologies distinctes mais réunit par la scientificité, elle-même permise par les mathématiques, car, selon l'expression de Pascal Brioist : « la mathématisation d’une pratique conduit à lui donner le titre spécifique de science »[1].
De l'imago mundi à l'astronomie.
Directement permise par les mathématiques du XVe siècle, l'astronomie s'émancipe de l'astrologie. La résolution d’équations du troisième degré permettent ainsi à Johannes Kepler de calculer un lever de terre sur la Lune.
Le livre de Copernic De revolutionibus orbium coelestium (Des révoluions des sphères célestes), où le célèbre astronome expose sa théorie héliocentrique fut tiré en 1543 à mille exemplaires, mais ne causa qu'un débat modeste à l'époque car il n'était d'aucune utilité pour les astronomes de l'époque qui cherchaient avant tout à calculer les éphémérides et dresser des horoscopes[2]. Le livre n'eut que trois éditions entre 1543 et 1617. Des résumés de la théorie héliocentrique circulaient aussi. On en discutait dans les universités. À celle de Salamanque, les nouveaux statuts de 1561 mentionnaient Copernic parmi les auteurs qu'on pouvait utiliser pour l'étude de l'astronomie[3]. Au bout du compte, cette découverte n'eut que peu d'impacts sur la vie quotidienne des hommes de la Renaissance.
Ce n'est que plus tard, avec les découvertes astronomiques de Tycho Brahe et surtout de Galilée qui, au début du XVIIe siècle, utilise la lunette d'approche pour faire des observations astronomiques, créant la lunette astronomique, et dresse les premières cartographies des astres du système solaire, que se manifesteront d'importantes répercussions sur la science moderne. L'Europe passera ainsi avec Copernic et Galilée d'une image du monde géocentrique[4] à une conception moderne héliocentrique (la terre tourne autour du soleil), d'un « monde clos à un monde infini » selon l'expression d'Alexandre Koyré[5]. Nous ne sommes alors plus dans la Renaissance, mais dans la Révolution scientifique du XVIIe siècle, car autant Galilée que son contemporain Descartes sont en rupture avec la tradition en abandonnant la philosophie naturelle d'Aristote[6].
De l'alchimie à la chimie
Science ésotérique depuis l'Antiquité, l'alchimie donne naissance, à la Renaissance, à la chimie moderne, même si c'est avec Lavoisier surtout, au XVIIIe siècle, que le divorce sera effectif. En proposant un classement par propriétés des éléments, l'alchimie aboutit à une connaissance d'abord intuitive puis expérimentale de la matière. De nombreux philosophes et savants sont ainsi à l'origine des alchimistes, tels Francis Bacon ou Pierre Gassendi, et même, plus tard Isaac Newton. La vision atomiste de l'alchimie va ainsi se voir confirmer par les premières lois physico-chimiques, avec Nicolas Lémery (1645-1715) qui publie le premier traité de chimie.
L’émergence de la physiologie moderne
Les découvertes médicales et les progrès effectués dans la connaissance de l’anatomie, en particulier après la première traduction de nombreuses œuvres antiques d’Hippocrate et de Galien aux XVe et XVIe siècles permettent des avancées en matière d'hygiène et de lutte contre la mortalité. André Vésale jette ainsi les bases de l'anatomie moderne alors que le fonctionnement de la circulation sanguine est découverte par Michel Servet et les premières ligatures des artères sont réalisées par Ambroise Paré et Misha Balabushkin.
Notes et références
- Évelyne Barbin et Évelyne Barbin 2007.
- Georges Gusdorf, « la Révolution galiléenne », in Encyclopeadia universalis, t. VII, 1968, p.444
- Peter Burke, La Renaissance européenne, Seuil, Points Histoire, 2000, p. 160-161
- Conception qui pose que le soleil et les autres astres tournent autour de la terre, venant du grec de l'Antiquité Ptolémée, et avant lui d'Aristote, référence astronomique en Occident.
- Alexandre Koyré 1988.
- Peter Burke, La Renaissance européenne, Seuil, Points Histoire, 2000, p. 272
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Évelyne Barbin (dir.) et al., Arts et sciences à la Renaissance, Paris, Ellipses, , 318 p. (ISBN 978-2-7298-3676-4, OCLC 300181361)
- Alexandre Koyré (trad. de l'anglais par Raissa Tarr), Du monde clos à l'univers infini [« From the closed world to the infinite universe »], Paris, Gallimard, coll. « Tel » (no 129), , 349 p. (ISBN 978-2-07-071278-6, OCLC 974842525)
- Portail de l’histoire
- Portail des sciences
- Portail de la Renaissance