Lord of the manor

Dans les îles britanniques et en Irlande historique, le lord of the manor (littéralement « seigneur du manoir ») est un seigneur féodal qui détenait une seigneurie ou, autrement dit, un fief (le terme de « manoir » est ici une périphrase désignant celui-ci), sur lequel il exerçait une certaine souveraineté (ex : droit de justice).

Les formes traduites du nom

Le terme anglais de lord of the manor est quelques fois traduit par « gouverneur du manoir »[1], « seigneur domanier » [2] ou « seigneur du village »[3]. Le dictionnaire en ligne Reverso le traduit par « châtelain », pendant que la version française, du guide historico-culturel de la ville de Giebelstadt, donne « seigneur de juridiction[4] ».

Un titre de noblesse semblable serait Breyr en gallois, Gutsherr en allemand , Godsherre en norvégien et suédois, Ambachtsheer en néerlandais et Signore ou Vassallo en italien[réf. nécessaire]. En Italie, en particulier dans le royaume de Sicile, avant 1812, le titre féodal Signore était souvent utilisé ; comme son équivalent anglais, il est devenu largement utilisé sous les Normands comme « seigneur »[réf. nécessaire].

Historique

Bénéficiant de privilèges féodaux, le lord of the manor vivait du produit de ses terres et du travail de ceux qui vivaient sur ses terres : serfs et hommes libres dont il assurait la protection. En échange, il versait au roi des impôts et lui devait un service militaire. Tout ce système économico-politique est appelé féodalité[5].

Ightham Mote, manoir sur motte, du XIVe siècle, à Sevenoaks, Kent, Angleterre.

Le titre de lord of the manor prit son essor après la conquête normande de l'Angleterre, dans un pays au pouvoir alors fort décentralisé, détenu en grande part par des seigneurs territoriaux[6].

Au fil du temps, l’Angleterre verra son pouvoir se recentrer autour du roi et la puissance de ses seigneurs s’en trouvera progressivement diminuée.

De plus, la population refusera peu à peu d’effectuer la corvée, préférant l’indemniser. Face à ce phénomène, les lords durent recourir à de la main d’œuvre salariée pour exploiter leurs terres, et cela, dans un contexte de forte inflation. Ces éléments cumulés engendreront une baisse des revenus de la seigneurie et expliquent en partie pourquoi bon nombre d’entre eux furent obligés de revendre des parts, parfois importantes, de leur propriété foncière afin de maintenir leur train de vie.

À côté de cela, les lords of the manor continuèrent à bénéficier de privilèges féodaux tels que le monopole sur les activités de chasse, de pêche, sur l’exploitation des minerais, des bois etc. se trouvant sur le domaine de la seigneurie.

Situation récente

Actuellement et depuis 1922, en Angleterre, les titres sont toujours attachés à la détention d’une seigneurie mais plus à la possession de la terre qui y est liée. Le lord of the manor d’un fief donné n’en est donc plus forcément le propriétaire foncier. Dissocié de la terre, le titre représente aujourd’hui un héritage incorporel et peut être cédé par son détenteur à la personne de son choix (homme ou femme), même si, traditionnellement, il se transmet de génération en génération au sein de la même famille.

Il est intéressant de préciser que le lord conserve, lorsqu’ils existent encore, des privilèges et des servitudes sur les terres de la seigneurie, même s’il n’en est plus propriétaire. Il s’agit alors de droits et de devoirs attachés directement au titre et qui subsistent depuis l’époque féodale.

Cependant, ce titre n’équivaut pas à un titre de noblesse. Effectivement, alors que le noble détient sa dignité du roi ou du gouvernement, à titre personnel, celle du lord féodal provient de la terre. Il s’agit donc de deux dignités distinctes de par leur origine et leur histoire. On peut d’ailleurs rappeler que dans l’Angleterre médiévale, tous les titres étaient attachés au sol et ainsi que les titres de lord, baron, baronnet, comte et duc de l’époque n’étaient et ne sont toujours pas des titres de noblesse au sens strict du terme.

En loi moderne, en Angleterre et au pays de Galles, le titre est reconnu comme attaché à la propriété[7].

Fondé sur la terre, un tel titre demande, pour quiconque désire s’en prévaloir, d'apporter une double preuve :

  • Premièrement, le lord doit apporter la preuve de l’existence de sa seigneurie et cela peut se révéler difficile vu que l’Angleterre n’a jamais arrêté une liste exhaustive des seigneuries se trouvant sur son territoire. Le Domesday Book, réalisé en 1086 sur demande du roi Guillaume II d'Angleterre, recense la majorité des seigneuries de l’époque et leur existence n’est jamais contestée. Pour les autres, des documents officiels seront à trouver (par exemple, au sein de registres paroissiaux).
  • Deuxièmement, le lord doit pouvoir prouver qu’il est bien le propriétaire de cette seigneurie. La traçabilité des précédents propriétaires depuis 1921 est donc indispensable et ne peut connaître de zones d’ombres. Effectivement, d’après la loi, il est prévu qu’une seigneurie sans détenteur retourne automatiquement à la Couronne d’Angleterre. De plus, il est bon de rappeler qu’il n’existe qu’un lord of the manor par seigneurie, à la fois.

D’ailleurs, pour se protéger des faussaires, les lords féodaux s’associent et créent des institutions, telle que la Manorial Society of Great Britain, qui veillent à la protection des intérêts de leurs membres et garantissent l’authenticité de leurs titres. De plus, certains avocats britanniques (sollicitors) sont également spécialisés dans ce domaine.

Ces « lords » se présentent habituellement à tort comme suit : Prénom + Nom + Titre (le titre pouvant être abrégé par « Lord » ou « Ld ») ; ils devraient se faire appeler « Mr N. Lord of the Manor of T. »[8]

La femme d’un lord féodal, ou lorsque la seigneurie appartient à une femme, est appelée Lady of the Manor (en respectant le même style de présentation que celle prévue pour les hommes).

Bien que ces « lords » se fassent appeler en société lord, lord d'X ou my Lord of the Manor, cela ne constitue qu'un usage strictement privé sans aucune portée officielle ou publique.

Notes et références

  1. La Fabuleuse Histoire des Chevaliers, p. 54 hors-série n°1 de Châteaux & Patrimoine (2018)
  2. A Short Dictionary English and French, 1684
  3. A dictionary of English idioms with their French translation, 1853
  4. http://giebelstadt.de/Eigene_Dateien/download/gie_kultur_franzoesisch_schrift.pdf
  5. "mesne lord" The Oxford Dictionary of Local and Family History. David Hey. Oxford University Press, 1997. Oxford Reference Online. Oxford University Press. The Open University. 24 August 2011 <http://www.oxfordreference.com/views/ENTRY.html?subview=Main&entry=t45.e945>
  6. A Short History of Land Registration in England and Wales, page 3 « https://web.archive.org/web/20071118184323/http://www.landreg.gov.uk/assets/library/documents/bhist-lr.pdf »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  7. Land Registry Practice Guide 22
  8. (en-GB) « Buy a title and lord it over everyone », The Telegraph, (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • (en) John Walter Molyneux-Child, (1987), The evolution of the English manorial system, Lewes, The Book Guild. (ISBN 0863322581)

Liens externes

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