Sein d'Abraham
Le Sein d'Abraham est la demeure des Justes après la mort et jusqu'à la résurrection dans le judaïsme de l'époque du Second Temple. Le concept a des parallèles avec des idées grecques de l'Hadès et les idées chrétiennes des limbes, et se distingue des précédentes convictions juives concernant Sheol ou « tous vont à la même place » par une répartition claire de Sheol en deux régions distinctes pour les justes et les injustes.
Étymologie
Le mot grec kolpos a trois sens[1] :
- physique : le sein, sur les genoux.
- figuratif : dans la proximité d'un ami à un repas partagé.
- nautique: une baie.
Dans la période du Premier Temple
Au judaïsme du Premier Temple, le séjour des morts dans Sheol, ou Hadès dans la Septante, est avant tout un lieu de « silence » où se rendent tous les hommes. Toutefois, pendant, ou avant l'exil à Babylone, l'idée de l'activité des morts dans le shéol a commencé à entrer dans le judaïsme[2],[3].
Dans la période du Second Temple
Pendant la période du Second Temple la notion d'un Sein d'Abraham survient dans les papyrus juifs qui se réfèrent au « Sein d'Abraham, d'Isaac et de Jacob[4] ». Cela reflète la conviction de martyrs juifs qui s'attendant à ce que : « après notre mort, Abraham, Isaac et Jacob nous recevront, nous et tous nos ancêtres qui nous louangent » (4 Maccabées 13:17)[5].
Les œuvres juives adaptent l'image mythique grec de l'Hadès afin d'identifier les morts justes comme étant séparé des feux des injustes par une rivière ou un gouffre. Dans l'Apocalypse de Sophonie la rivière a un équivalent du passeur Charon de la mythologie grecque, mais cette fois le passeur en est remplacé par un ange. Sophonie passait de le côté sulfureux de l'Hadès, le côté des injustes, jusqu'au côté des justes, dans le Sein d'Abraham: « Tu as échappé de l'abîme et l'Hadès, maintenant vous allez traverser ... à tous les justes, à savoir Abraham, Isaac, Jacob, Hénoch, Elie et David[6] ». Dans ce mythe Abraham agit comme intercesseur pour ceux de la partie enflammée de l'Hadès[7].
Le Livre d'Hénoch décrit les voyages d'Hénoch à travers le cosmos et le séjour des morts, divise en quatre sections : pour les personnes vraiment justes, les bons, les méchants qui attendaient la résurrection et le jugement dernier, et les plus méchants qui ne seront même pas ressuscités.
Plus tard, les sources rabbiniques conservent aussi plusieurs traces de la notion d'un Sein d'Abraham[8],[9].
La référence la plus célèbre est celle de Jésus dans le chapitre 16 de l'évangile de Luc. La version de Jésus contredit l'Apocalypse de Sophonie dans ce qu'il est impossible de passer d'un côté de l'Hadès de l'autre côté, vers le Sein d'Abraham.
Le soi-disant Discours aux Grecs sur Hadès par Flavius Josèphe, n'est en fait écrite par Josèphe, mais par Hippolyte de Rome, théologien et antipape du IIIe siècle.
Influence chez les chrétiens
Hippolyte, mentionné ci-dessus, est l'un des nombreux écrivains chrétiens pour qui la parabole du mauvais riche et du pauvre Lazare a fourni une image exacte et objective de la vie après la mort.
Références
- http://old.perseus.tufts.edu/cgi-bin/ptext?doc=Perseus%3Atext%3A1999.04.0057%3Aentry%3D%2358719
- Gen.37:36, Ps.88:13, Ps.154:17; Eccl. 9:10
- http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?letter=S&artid=614#ixzz0ZYdkHemK Article en anglais dans l'Encyclopédie juive 1914
- F. Preisigke, Sammelbuch Griechischer Urkunden aus Aegypten 2034:11
- J.H. Charlesworth, The OT Pseudepigrapha, Doubleday 1983
- Apoc. Zeph. 9:2. J.H. Charlesworth, The OT Pseudepigrapha, Doubleday 1983
- Apoc. Zeph. 11:1-2 op.cit.
- Lightfoot, J. Horae Hebraicae et Talmudicae 1671
- Ginzberg, Die Sagen der Juden trad. Legends of the Jews. 1909
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