Sem Manutahi

Sem Manutahi, né en 1962 sur l'île de Huahine et décédé en 2017[1] à Faa'a, est un maître de l'art oratoire polynésien, le orero.

Sem Manutahi lors d'un rassemblement dans la haute vallée de Tipaerui
Sem Manutahi déclame un orero dans la haute vallée de Tipaerui
Cérémonie des piliers de Tipaerui Valley pour remercier Jonathan Bougard

Biographie

Compagnon de lutte de Henri Hiro, de Raymond Graffe et de John Mairai, Sem Manutahi maîtrisait l’art oratoire et savait transporter le public avec prestance à chaque Heiva i Tahiti. C'était un évènement chaque fois qu’il passait à Vai’ete ou sur la mythique scène de To’atā, où il a remporté plusieurs prix. A la suite de Pouira a Teauna, connu sous le surnom de Te Arapo et qui est à l'origine de la renaissance du orero, sorte de déclamation transmettant un message héréditaire, historique ou encore géographique, Sem Manutahi a participé à un grand nombre d'évènements culturels et de cérémonies privées.

Actif à partir du début des années 1980, il aura été un des principaux acteurs du renouveau culturel tahitien, aux côtés de Henri Hiro, de Raymond Graffe et de John Mairai. Grand Ra’atira (chef de troupe), et ‘Orero (orateur) du Heiva i Tahiti, Sem Manutahi a œuvré dans des groupes de danse tels que O Tahiti E, Les Grands Ballets de Tahiti, Heikura Nui, Ahutoru Nui avant de soutenir les jeunes.

Personnage impressionnant mais surtout passionné et fervent défenseur de la Culture polynésienne, Sem Manutahi savait promouvoir le ’ori tahiti à travers le monde. Il a ainsi tourné durant deux décennies avec la troupe des Grands Ballets de Tahiti, se produisant sur les plus grandes scènes du monde, de l'Olympia aux casinos de Las Végas.

Amoureux de la nature, il passait de longues journées au fond de la vallée de Tipaerui, dans la protection de laquelle il était investi avec l'association Tipaerui Valley. Il débroussait en parlait à la nature, aux arbres et aux pierres, et servait également de médiateur culturel auprès des écoles venant découvrir le site. Il a ainsi raconté les légendes de la vallée, qu'il tenait des anciens, à des milliers d'enfants, avant de leur faire planter chacun un arbre fruitier. La vallée qui accueillait un dépotoir et un incinérateur au début des années 1980 s'est ainsi vue transformée en un petit coin de paradis, grâce à l'action de Sem Manutahi et de la population locale, qui ont eu à affronter les CRS pour en arriver là, avant de finalement obtenir la fermeture de l'incinérateur. Il est illégal de construire un incinérateur dans une vallée.

Au sein de l'association Tipaerui Valley, Sem Manutahi retrouvait le temps des tupuna, (les ancêtres). C'était un homme rempli d'amour et de sagesse, qui n'aura eu de cesse de partager son savoir avec les nouvelles générations. Il se voulait le dernier des mamaia, un mouvement spirituel qui avait trouvé refuge dans la vallée au dix-neuvième siècle. On le surnommait Semetua, ce qui signifie le maître, l'ancien[2].

Postérité

Sollicité par son ami John Mairai, il monta une dernière fois sur la scène du Heiva i Tahiti avec la troupe Nunaa e Hau en 2017. Ce fut le spectacle le plus titré de l'histoire du Heiva i Tahiti. Quelques semaines après sa disparition, la chaîne TNTV diffusa un documentaire inédit dédié à sa mémoire[3], Semetua, l'esprit des mamaia[4].

Notes et références

  1. Rédaction RFO, « Décès de Sem Manutahi », Polynésie 1ere, (lire en ligne)
  2. Heremoana Maamaatuaiahutapu, « Message de condoléances suite au décès de Sem Manutahi », Présidence de la Polynésie française, (lire en ligne)
  3. Rédaction Fenua TV, « Mercredi 7 février à 19h25 sur TNTV : SEMETUA L’ESPRIT DES MAMAIA », FENUA TV, (lire en ligne)
  4. Jonathan Bougard, « Semetua » [vidéo], sur youtube,
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