Pêche à la senne
La pêche à la senne (ou seine) est une technique de pêche très ancienne qui consiste à capturer les poissons à la surface en pleine eau en les encerclant à l'aide d'un filet de pêche appelé senne (ou seine). Celle-ci est montée sur deux ralingues, l'une garnie de flotteurs et l'autre d'un lest, puis manœuvrée par deux filins fixés aux extrémités servant au halage et au rabattage des poissons. Les Égyptiens utilisaient des sennes plus de 2 500 ans av. J.-C. On distingue la senne tournante coulissante et la senne tournante non coulissante[1].
Les senneurs capturent de nombreuses espèces de poissons (maquereau, thon, sardine, anchois, capelan...), et souvent en grande quantité.
Utilisation traditionnelle
La senne tournante non coulissante est un filet constitué d'une poche centrale en forme de cuillère et de deux extrémités en forme d'ailes. Les deux ailes permettent de rabattre les poissons dans la poche centrale et de remonter le filet à bord.
Aujourd'hui les pêcheurs professionnels utilisent des sennes coulissantes dont la ralingue plombée se referme grâce à une coulisse passant dans des anneaux. Dans le pays basque et le pays Bigouden, la senne est appelée bolinche. Elle permet de pêcher la sardine en conservant la qualité du poisson, c’est-à-dire qu'il a encore toutes ses écailles. Le filet est remonté de façon mécanique sur un bateau de petite taille et sur lequel peuvent travailler quinze personnes au tri et à la mise en caissette des sardines. La capture se déroule de jour à l'aide d'un appât à base d'œufs de morue appelé rogue. En Bretagne, la senne est utilisée de nuit pour capturer des sardines ou des anchois. Le poisson est pêché à la faveur de l'obscurité. Depuis l'interdiction de pêcher l'anchois dans le golfe de Gascogne en 2005, la flottille de bolincheurs est en difficulté; si certains se sont naturellement orientés vers la sardine (à la Turballe par exemple) d'autres ciblent désormais les poissons nobles (dorades, etc.) ou le chinchard au lamparo (à Ciboure-St Jean de Luz notamment).
En Méditerranée, la senne est utilisée lors de la pêche au lamparo. Cette technique de nuit consiste à attirer en surface un banc de sardines à l'aide d'une forte lampe. Une seconde barque est mise à l'eau et détient le bout de la senne. Le bateau principal encercle alors la barque et le banc de poissons pour refermer le filet. Il suffit alors de remonter le filet avec ses prises et de retirer les poissons avec une grande épuisette appelée salabre ou encore salabarde. Cette pêche est dite traditionnelle et est concurrencée par la pêche au chalut pélagique. La pratique du lamparo est désormais confinée, pour la Méditerranée française, à l'ouest du golfe du Lion (Port-Vendres, Saint Cyprien, Port La Nouvelle). Dans les autres ports, la flottille de grands lamparo qui employaient une dizaine d'hommes par bateau a disparu avec le développement du chalut pélagique dans les années 1980. La technique de la senne subsiste en Languedoc sous le nom de "latchare" parfois appelé injustement « lamparo ». Elle est incluse dans les « petits métiers », puisqu'on ne compte en général que deux personnes à bord. Il s'agit de bateaux de petite taille (10 m) qui détectent le poisson au sondeur pour pouvoir l'encercler. Les espèces ainsi capturées sont toutes celles du littoral méditerranéen. Cette pêche se pratiquant en général sur le sable, le filet peut toucher le fond et capturer les espèces démersales comme la dorade, le loup, le marbré, le pageot en gardant le poisson vivant, donc d'excellente qualité.
La senne est aussi pratiquée depuis la plage; la technique est artisanale. Un filet est mouillé face à la plage et rabattu avec le poisson sur la grève. Cette pêche se déroule le plus souvent en groupe. Cette technique, ancienne en Mauritanie, Sénégal etc, est à nouveau utilisée par des professionnels sur certaines plages de Méditerranée. Le filet est jeté depuis une barque avant d'être tiré depuis sur la plage initialement à la main (comme un tire à la corde) puis par un treuil de véhicule (4x4, tracteurs ou autres). Historiquement c'est l'une des premières techniques de pêche en mer en Languedoc. Le filet était alors tiré par des bêtes ou par une équipe (còla) d'hommes.
Évolutions récentes
La senne tournante et coulissante serait une invention américaine du début du XIXe siècle. Elle serait inspirée d'une technique basque de coulisse utilisée dans les trainières basques du XVIIIe siècle. C'est au cours du XXe siècle qu'est apparue l'utilisation de lumière pour le lamparo, en France, elle aurait été introduite dans les années 1960 par les rapatriés d'Algérie.
Ce coulissage représente une avancée importante en matière d'efficacité. La coulisse de la partie inférieure du filet permet de le fermer par le fond et de retenir la totalité des poissons.
L'utilisation du nylon à la place du coton, la motorisation du levage du filet et les technologies de détection (sondeur, sonar...) ont permis de gagner en efficacité.
Il faut par ailleurs distinguer l'évolution qu'ont connue les senneurs moyens (15 - 25 m), appelés bolincheurs sur l'Atlantique et lamparo en Méditerranée, et des "senneurs océaniques" qui pratiquent la pêche au thon. En effet, les premiers, qui ciblaient la sardine et l'anchois, ont été rendus très vulnérables par l'invention des chaluts pélagiques, qui pêchent ces poissons en faisant plus de quantité et moins de qualité (le poisson est écrasé dans la poche du chalut, la sardine perd ses écailles par exemple), au point qu'ils ont disparu de certains ports où la flottille était importante (Sète, Agde...). La pêche au thon a beaucoup évolué. Elle se déroule sur des thoniers-senneurs, puissants navires dont certains mesurent plus d'une centaine de mètres, où le poisson est congelé à bord (senneur océanique), et qui hébergent à leur bord deux autres bateaux annexes (les skiffs) . La senne utilisée peut couvrir plusieurs dizaines d'hectares. Les captures de prises accessoires sont relativement limitées par rapport à celles d'autres engins de pêche comme le chalut et concernent surtout des prédateurs pélagiques comme les porte-épées, coryphènes, barracuda, thazard, plus rarement des mammifères marins qui suivent les bancs de thons.
Les thoniers de Méditerranée sont plus petits (25 à 50 m) et transvasent le poisson vivant du filet à des cages où il est ensuite engraissé.
Lacunes de la technique
Cependant lorsque sont constitués des bancs autour de radeaux artificiels appelés dispositifs à concentration de poissons (DCP) on relève l'augmentation des prises accessoires de marsouins, dauphins, requins, très rarement des tortues, thons juvéniles, et autres espèces protégées ou sensibles[2].
La senne danoise
La Senne danoise aussi nommée Senne de fond ou Senne écossaise est un engin de pêche de fond plus apparenté au chalut. Elle vise les espèces types poisson plat (soles, limandes, plies, turbot). La senne est tournante et remorquée, manœuvrée à partir d'un bateau au moyen de deux cordes de sennage. Ces cordages en mouvement effraient le poisson et tentent de le rabattre vers l'ouverture de la senne.
Notes et références
- Les engins de pêche actifs, Guide des espèces - à l'usage des professionnels, éd. juin 2013
- Le MSC une fois de plus dans la tourmente Bloom Association, Paris, le 31 août 2017
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- [PDF] Divers schémas sommaires / senne coulissante, senne danoise
- Définitions
- [PDF] Schéma fonctionnement senne danoise page 41
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