Silbannacus

Silbannacus est un usurpateur romain pendant la période de l'Anarchie militaire, pratiquement inconnu. Les études numismatiques récentes proposent de la situer en 253

Silbannacus
Usurpateur romain
Règne
253 (quelques semaines)
Empereur Valérien
Biographie
Nom de naissance Marcus (ou Marcius) Silbannacus
Décès 253

Sources et interprétations

Le nom de Silbannacus est inconnu des sources écrites antiques, et ne figure sur aucune inscription. De surcroit le cognomen Silbannacus n'est répertorié dans aucune étude onomastique, pas plus que la variante Silvannacus, si l'on considère la possible transcription du V en B, sous l'influence du bêtacisme, altération courante en latin[1]. On ne le connait que par son monnayage, particulièrement rare.

Une première monnaie romaine cédée en 1937 au British Museum est réputée provenir de Lorraine. Considérée comme authentique, elle donne son nom : IMP MAR SILBANNACVS AVG et au revers la mention VICTORIA AVG avec un Mercure tenant une victoire et un caducée[2],[3]. La gravure de cette monnaie est de bonne qualité, ce qui fait penser dans un premier temps à une émission d'un atelier officiel à Rome, hypothèse abandonnée ensuite pour un atelier inconnu en Lorraine. Rattachant cette monnaie aux antoniniens de Philippe l'Arabe, le numismate Harold Mattingly émet la théorie d'un Silbannacus à la tête d'une révolte contre l'empereur romain Philippe l'Arabe (244-249), près de la frontière du Rhin[4]. F. Hartmann sur la base d'Eutrope qui mentionne une guerre civile en Gaule sous Dèce sans préciser le nom du chef de la révolte[5] propose de voir en Silbannacus un général révolté contre Dèce (249-251)[6]. Enfin, J. M. Doyen situe Silbannacus soit en 253, soit en 259/260, comme rival malheureux en Gaule de l'usurpateur Postume[7].

Un second antoninien a été trouvé, isolé et sans précision sur la trouvaille (région parisienne, vers 1980), en bon état et sans usure de circulation. L'avers porte IMP MAR SILBANNACVS AVG, le revers MARTI PROPVGT, avec Mars propugnator debout, appuyé sur son bouclier et tenant une lance dirigée pointe en bas[8]. Le droit est du même coin que la précédente monnaie. Le revers fournit un indice certain de datation : la légende MARTI PROPVGT, d'une graphie exceptionnelle, et Mars dans cette attitude ne figurent que sur les seules monnaies de l'atelier de Rome à l'effigie d'Émilien, empereur officiel au cours du printemps et de l'été 253.

Partant du constat que ce second antoninien a été frappé par l'atelier monétaire de Rome, le seul en activité à ce moment, Sylviane Estiot propose le scénario suivant : à l'automne 253, l'empereur Émilien quitte Rome pour affronter Valérien et est tué en Italie du nord par ses soldats. Les fidèles d'Émilien restés à Rome auraient alors proclamé Silbannacus, et fait frapper monnaie en reprenant le thème d'un revers d'Émilien. Silbannacus aurait été peu après éliminé par les troupes de Valérien à l'arrivée de ce dernier à Rome. Les monnaies à l'effigie de Silbannacus circulèrent à Rome et auraient en partie été apportées en Gaule par les troupes que Gallien mena en 254 sur la frontière du Rhin[9].

Notes et références

  1. Estiot 1996, p. 109-110
  2. Monnaie référencée RIC IV/3 105/1 Image d'une pièce de monnaie de Silbannacus
  3. Estiot 1996, p. 106-107
  4. (en) Harold Mattingly, Edward Allen Sydenham, Roman Imperial Coinage, Londres, 1949, pp. 66-67 et 105
  5. Eutrope, IX, 4
  6. (de) F. Hartmann, Herrscherwechsel und Reichkrise. Untersuchungen zu den Ursachsen und Konsequensen der Herrscherwechsel im Imperium Romanum der Soldatenkaiserzeit, Frankfort-Berne, 1982, p. 94
  7. J. M. Doyen, L'atelier de Milan (258-268). Recherches sur la chronologie et la politique monétaire des empereurs Valérien et Gallien, thèse, Louvain-la-Neuve, 1989, tome 1A, pp. 212-217
  8. Monnaie référencée RIC IV/3 - Estiot 1996, p. 111
  9. Estiot 1996, p. 115-116

Bibliographie

  • Sylviane Estiot, « L'empereur Silbannacus, un second antoninien », Revue numismatique, 6e série, t. 151, , p. 105-117 (lire en ligne)
  • (de) Klaus-Peter Johne, Thomas Gerhardt, Udo Hartmann (eds.): Deleto paene imperio Romano. Transformationsprozesse des Römischen Reiches im 3. Jahrhundert und ihre Rezeption in der Neuzeit. Stuttgart 2006.
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