Les Aventures de Simplicius Simplicissimus

Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, plus grand roman allemand du XVIIe siècle, a été écrit en 1668 par Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen ( - ) et publié en 1669 sous le titre original de Der Abentheurliche[1] Simplicissimus Teutsch, soit mot à mot L'Aventureux Allemand Simplicissimus, sous-titré Das ist : Die Beschreibung deß Lebens eines seltzamen[2] Vaganten, genan[n]t Melchior Sternfels von Fuchshaim, ce qui donne, mot à mot : C'est-à-dire : La description de la vie d'un étrange vagabond [plus littéralement : « vagant »], dénommé Melchior Sternfels von Fuchshaim[3],[4].

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Les Aventures de Simplicius Simplicissimus
Titre original
(de) Der Abentheuerliche Simplicissimus Teutsch
Langue
Auteur
Genres
Roman picaresque
Roman de développement (d)
Dates de parution
Pays
Œuvre dérivée
Die Glücksritter (d)
L'Histoire du maître d'école La Férule et de ses cinq fils (d)
Frontispice des Aventures de Simplicius Simplicissimus

Résumé

Il s’agit d’une œuvre en partie autobiographique, dont la forme est inspirée des romans picaresques espagnols. Elle narre les aventures tragi-comiques d’un jeune paysan naïf, éternel innocent mais pas idiot, loin de là, qui est happé dès l’enfance dans cette interminable et cauchemardesque succession d’absurdités sanguinaires que fut, pour les populations allemandes, la guerre de Trente Ans (1618-1648)[5]. Celle-ci a ravagé pour longtemps les régions où elle se déroula, que traversèrent en tous sens des armées venues de toutes parts. Paysans et citadins furent soumis aux exactions de la soldatesque, à des dégâts innombrables, aux disettes et aux épidémies qui s’ensuivirent. Plusieurs provinces se dépeuplèrent de manière dramatique par suite de la mort des habitants ou de leur fuite vers des contrées moins exposées, certaines perdant, comme le Palatinat, jusqu’aux deux tiers de leur population. En 1618, la population allemande était de seize millions de personnes ; en 1648, il n'en restait plus que douze millions. Si la décrue fut de 25 % dans l'aire globale du Saint-Empire romain germanique, elle put dans certaines poches particulièrement fragilisées équivaloir aux deux-tiers de la population. Particulièrement notables instrumentalement furent les exactions et saccages des troupes suédoises, restés longtemps dans la mémoires collectives en Westphalie et Alsace, par exemple.

Tout enfant, fuyant des soldats pillards qui brûlent la cabane familiale, Simplicius est recueilli par un ermite, qui se charge de son éducation au fond des bois, lui apprenant certes beaucoup sur la religion mais peu sur la vie. À la mort de l’ermite, il prend sa succession, mais sa hutte avec toutes ses provisions pour l’hiver est pillée par une troupe de passage, ce qui le lance sur les routes. Emprisonné puis libéré, il devient le page d’un gentilhomme, puis le bouffon d’un gouverneur de province, puis soldat, puis brigand, puis à nouveau bouffon, mais cette fois-ci pour un officier, et ainsi de suite[3].

Diffusion

Curieusement, cet extravagant roman touffu, d’une modernité certaine et qui conserve un grand pouvoir comique, est relativement peu connu et apprécié dans les pays francophones. Bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction, de surcroît écrite trente ans après la fin des événements historiques qui servent de trame au récit, il constitue un document unique sur la manière dont les gens ordinaires vécurent la guerre de Trente Ans. Du fait du faible rayonnement de la littérature de langue allemande au XVIIe siècle, le roman de Grimmelshausen est resté largement inconnu hors de la sphère germanophone jusqu’au XXe siècle. S’il est aujourd’hui traduit en anglais, en français, en italien, en espagnol, en japonais, en russe et en biélorusse, il attend toujours une traduction en néerlandais[6].

Adaptations

  • Le compositeur allemand Karl Amadeus Hartmann (1905-1963) a tiré des premiers épisodes de Simplicius Simplicissimus un opéra homonyme, commencé en 1934 et créé en 1956 à Mannheim sous sa forme définitive.
  • Un hebdomadaire satirique allemand (1896-1944) fut baptisé Simplicissimus en l’honneur du roman de Grimmelshausen.
  • En 1975, une adaptation télévisée réalisée par Fritz Umgelter pour la chaîne allemande ZDF : Des Christoffel von Grimmelshausen abenteuerlicher Simplizissimus (de) fut diffusé en France, sur Antenne 2 en janvier 1976 sous le titre Simplicius, Simplicissimus.

Traductions françaises

  • Les Aventures de Simplicius Simplicissimus, traduction et notes de Michel Coleville, Aubier, 1951. Réédité en version bilingue en 1963.
  • Simplicissimus l’aventurier, traduction d’André Lery, Actes sud, 1988
  • Les Aventures de Simplicissimus, première traduction intégrale et notes de Jean Amsler, préface de Pascal Quignard, Fayard, 1990 (ISBN 2-213-02432-4).

Notes et références

  1. Forme ancienne de : Abenteuerliche. Il y a bien d'autres archaïsmes dans ce titre et dans le roman lui-même.
  2. deß, pour : des. Et seltzamen pour : seltsamen.
  3. Henri Plard, « Der Simplicissimus und sein Dichter. Gesammelte Aufsätze von J. H. Scholte [compte-rendu] », Revue belge de Philologie et d'Histoire, nos 30-1-2, , p. 267-271 (lire en ligne)
  4. (en) Karl F. Otto, A Companion to the Works of Grimmelshausen, Boydell & Brewer, , 400 p. (ISBN 9781571131843, lire en ligne)
  5. Charles Dantzig, « Simplicius ou Je m’appelle Garçon », sur France Culture,
  6. Johann Georg Theodor Grässe, Trésor de livres rares et précieux ou nouveau dictionnaire bibliographique : contenant plus de cent mille articles de livres rares, curieux et récherchés, (lire en ligne), p. 411-414

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