Sonate K. 120

La sonate K. 120 (F.79/L.215) en mineur est une œuvre pour clavier du compositeur italien Domenico Scarlatti.

Sonate K. 120
mineur
, Allegrissimo, 57 mes.
K.119K.120 → K.121
L.214L.215 → L.216
P.145P.146 → P.147
F.78F.79 → F.80
XV 22 ← Venise XV 23 → XV 24
II 15 ← Parme II 16 → II 17
III 13Münster III 14 → III 15
11 ← Saragosse 12 → 13
27 ← ms. Worgan 28 → 29

Présentation

La sonate K. 120 en mineur, notée Allegrissimo, est « une œuvre de virtuosité éblouissante », très riche et extraordinairement variée[1]. Au tempo effréné qu'exige Scarlatti, il s'agit techniquement de la plus difficile sonate qui soit en raison des croisements de mains poussés à l’extrême[2],[3], « sauvages » selon Kirkpatrick[4], aussi bien à la main gauche qu'à la main droite de manière acrobatique et extravagante[1]. Par exemple mesure 16, où la main gauche se trouve dans l’aigu et, d'un grand saut, marque une note basse en alternance, nécessitant non seulement un jeu de bras, mais un jeu d'épaule[5] ; puis mesure 19, où la main droite imite ce balancement, bondissant dans le grave. Mais Scarlatti y ajoute une difficulté supplémentaire : un trille, le tout sur une musique délicieuse de bourdonnants essaims de sixtes, comme dit Guy Sacre. Le risque de fausses notes est maximal et fait naître une certaine excitation transmise de l'exécutant à l'auditeur[6]. Ces mouvements, sauts et trilles sont parfaitement visibles sur la vidéo de la jeune claveciniste espagnole Sara Johnson Huidobro en bas de page. Cette sonate privilégie les yeux sur les oreilles : « sans ce spectacle du virtuose aux prises avec ces dangers, elle semble banale et ne déclenche aucun frisson »[3]. Certains mouvements des mains se font en même temps. Certains passages peuvent se jouer sans croisement, mais la pièce perd alors de son intérêt[4].

Cette sonate fait partie du groupe appelé « la période flamboyante »[7], qui comprend également les sonates K. 43 à 57, K. 96, 115 et 116, à la forme très dynamique et d'une « richesse intérieure » sans commune mesure avec les Essercizi, dont la forme est relativement simple et la richesse plutôt « extérieure »[8].


Début de la sonate en mineur K. 120, de Domenico Scarlatti.

Manuscrits et éditions

Début de la sonate, extraite du volume XV du manuscrit de Venise. Les croisements de mains sont indiqués par un « M » et un « D ».

Les sources principales sont le numéro 23 du manuscrit de Venise XV (1749) et Parme II 16 (Ms. A. G. 31407). Les autres sources sont Münster III 14 (Sant Hs 3966) et Vienne E 13 et G 41[9]. Une copie figure également à Saragosse, source 3, ms. B-2 Ms. 31, fos 23v-25r, no 12 (1751–1752)[10]

La première édition de John Johnson est parue en 1754 à Londres, en tant que no 2, avec cinq autres sonates (dans l'ordre de l'édition) : K. 298, puis, 246, 113, 247 et 299[11].

Interprètes

La sonate K. 120 est peu enregistrée par les pianistes, citons néanmoins Carlo Grante (Music & Arts, vol. 1) et Alon Goldstein (2018, Naxos, vol. 24).

Au clavecin, elle est interprétée par Huguette Dreyfus (1967, Valois), Rafael Puyana, sur son magnifique Hieronymus Albrecht Hass de 1740 (1985, L'Oiseau-Lyre/Decca), Scott Ross (1985)[12], Virginia Black (1986, CRD), Glen Wilson (1990, Teldec), Christophe Rousset (1997, Decca), Sergio Vartolo (2000, Bongiovanni) et Richard Lester (2005, Nimbus, vol. 6).

Notes et références

  1. Tranchefort 1987, p. 641.
  2. Chambure 1985, p. 185.
  3. Sacre 1998, p. 2425.
  4. Kirkpatrick 1982, p. 187.
  5. Kirkpatrick 1982, p. 217.
  6. Kirkpatrick 1982, p. 218.
  7. Kirkpatrick 1982, p. 187–188.
  8. Kirkpatrick 1982, p. 191.
  9. Kirkpatrick 1982, p. 464.
  10. Yáñez Navarro 2016, p. 324.
  11. Yáñez Navarro 2016, p. 82.
  12. Victor Tribot Laspière, « Au Château d’Assas, sur les traces de Scott Ross et de Scarlatti », sur France Musique, (consulté le )

Sources

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