Soulèvement des 20 000
Le soulèvement des 20 000 est une grève générale des ouvrières dans les usines de textile de New York en .
Il fut dirigé par Clara Lemlich Shavelson, suffragette et syndicaliste de l'International Ladies' Garment Workers' Union d'origine juive immigrée aux États-Unis.
Déroulement
En , une grève générale des ouvrières éclate à New York dans des ateliers de confection de textile. Cette grève fut menée par Clara Lemlich Shavelson et fut suivie par plus de 20 000 ouvrières qui cessèrent de travailler pour soutenir l'International Ladies' Garment Workers' Union. L'international Ladies' Garment Union est l'une des premières ligues des États-Unis à avoir essentiellement des femmes comme membres dirigeants, ainsi qu'un rôle majeur dans l'histoire du travail ouvrier des années 1920. À l'hiver 1909, les ouvrières de l'usine Triangle Shirtwaist Company s'organisèrent et décrétèrent la grève. Malgré le froid, elles formèrent rapidement un piquet de grève. Elles réalisèrent assez tôt qu'elles ne pourraient pas continuer si les autres ouvrières ne se mettaient elles aussi en grève et firent appel au soutien des autres travailleurs de la confection. Clara Lemlich répondît à cet appel[1]. La grève prit fin en [2].
Acteurs
Clara Lemlich Shavelson est une juive américaine ayant joué un rôle probant dans l'histoire du mouvement ouvrier aux États-Unis. Elle rassembla 20 000 femmes pour faire grève, ce qui est de nos jours l'un des plus larges soulèvements commis par les travailleuses féminines aux États-Unis. Elle fut à la fois suffragette, communiste, organisatrice communautaire et activiste pacifiste. En 1909, elle fut tabassée, eut des côtes cassées, et fut aussi renvoyée de 2 ateliers par ses patrons. Elle réussit alors à prendre la parole lors de l'Assemblée générale du syndicat Cooper Union où seuls les hommes sont autorisés à prendre la parole. C'est ici même qu'elle proposera la grève générale en yiddish d'où ces mots célèbres[3] :
« Si je trahis la cause que je défends ici, que ma main se détache du bras que je lève. »
Clara Lemlich fut soutenue par une association : l'International Ladies' Garment Workers' Union. C'est une union de travailleuses industrielles dans le monde du textile aux États-Unis et au Canada. La plupart de ses membres lors de sa création en 1900 étaient des immigrants juifs employés dans des usines, des boutiques de vêtements avec des conditions de travail déplorables. Vers 1909-1910, les revendications de l'union menèrent à un « protocole de paix » selon lequel les conditions s'améliorèrent pour les créateurs de vêtements, les salaires augmentèrent, les heures de travail fut réduites et enfin l'union fut reconnue par les industriels[4]. Les Industrial Workers of the World (IWW) participent également à la lutte. Fondé à Chicago en 1905 par des syndicalistes chevronnés, de nationalités diverses, ils sont aussi appelés les Wobblies et leurs mots d'ordre sont liberté, solidarité, action directe, révolution, imagination et « un coup porté à l'un est un coup porté à tous »[5].
Origines
Au début du XXe siècle, les usines nord-américaines embauchent en masse des ouvriers et des ouvrières juifs provenant d'Europe de l'Est. Ceux-ci débarquent d'abord à Montréal puis rayonnent dans tout le continent nord-américain avec des idéaux politiques qui marqueront à jamais les luttes syndicales ouvrières. Les conditions de travail sont difficiles, les filles travaillent 70 heures par semaine pour seulement 3 dollars par semaine et reçoivent les injures et le sexisme des chefs et des personnels des usines, tous de sexe masculin. Elles représentent une masse de main-d'œuvre dite inespérée pour les propriétaires d'usines de textile car elles ont déjà certaines compétences[6].
Moyens d'actions
La majorité des ouvriers pratiquant une grande migration d'une ville à une autre pour des raisons économiques, les IWW ont eu l'idée nouvelle d'utiliser les free speech fights (en), soit le combat pour la liberté d'expression. Elles utilisaient l'espace public pour leur propagande et le recrutement au sein des travailleurs dispersés et isolés qui se réunissaient quotidiennement autour des bureaux d'embauche dans les villes afin d'obtenir de nouveaux emplois[2].
Répression
Au sein de la Ligue des syndicats féminins, les actions new-yorkaises semblent plus radicales encore qu'en France : dans le mouvement ouvrier et le mouvement des suffragettes, les pratiques sont les plus exemplaires et les plus spectaculaires[7]. Tous les orateurs qui clamaient les revendications des IWW dans les rues étaient jetés en prison. Cependant, les remplaçants faisaient la file et se faisaient arrêter à leur tour. Les combats pour la liberté d'expression enflammèrent tout l'Ouest des États-Unis entre 1909 et 1911. La répression du soulèvement des 20 000 fut brutale et répétitive. Lorsque celles-ci se rendaient dans la rue par un système de ronde, les policiers les battaient et les patrons les licenciaient des ateliers[2].
Références
- Howard Zinn, Une histoire populaire des États-Unis. Le défi socialiste, de 1492 a nos jours, , p. 367 a 406
- « Chronologie des grèves aux USA », sur Matière et révolution, (consulté le )
- « Clara Lemlich Shavelson », sur Jewish Women's Archive, Sharing Stories Inspiring Change, (consulté le )
- « International Ladies Garment Workers Union », sur Britannica.com
- Franklin Rosemont, La politique culturelle des Industrial Workers of the World, , Ch. Le romantisme de la classe ouvrière révolutionnaire, p.105-118
- Julie Noël, « Les luttes ouvrières et la communauté juive », Mémoire des montréalais,
- Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, , ch. IV « 1860-1918 : La longue marche du féminisme » p. 49-69
Articles connexes
Liens externes
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