Renseignement d'origine sources ouvertes

Le renseignement de sources ouvertes ou renseignement d'origine sources ouvertes (ROSO)[1], (en anglais : open source intelligence, OSINT) est un renseignement obtenu par une source d'information publique.

Définition

Le renseignement d'origine sources ouvertes est le recueil et l'analyse d'information obtenue à partir de source d'information publique. Il est principalement utilisé dans le cadre d'activités liées à la sécurité nationale, l'application de la loi et l'intelligence économique dans le secteur privé.

Les sources de l'OSINT peuvent être divisées en six catégories différentes de flux d'informations[2] :

  • Les médias, journaux imprimés, magazines, radios, chaînes de télévision dans les différents pays ;
  • Internet, les publications en ligne, les blogs, les groupes de discussion, les médias citoyens, YouTube et autres réseaux sociaux ;
  • Les données gouvernementales, rapports, budgets, auditions, annuaires, conférences de presse, sites web officiels et discours. Ces informations proviennent de sources officielles, mais sont bien publiquement accessibles et peuvent être utilisées librement et gratuitement ;
  • Les publications professionnelles et académiques, provenant de revues académiques, conférences, publications et thèses ;
  • Les données commerciales, imagerie satellite, évaluations financières et industrielles et bases de données ;
  • La littérature grise, rapports techniques, prépublications, brevets, documents de travail, documents commerciaux, travaux non publiés et lettres d'information.

Le renseignement d'origine sources ouvertes est différent de la recherche car il applique le processus associé au cycle du renseignement dans un but de recherche d'information pour répondre à des tâches spécifiques ou en support à la prise de décision[3], et non d'acquisition de connaissances[4].

Le concept de renseignement en sources ouvertes trouve son origine aux États-Unis[5].

Recueil de l'information

Contrairement aux représentations communes, le renseignement ne traite pas que des informations secrètes ou dissimulées, ce n'est pas toujours le cas puisque beaucoup d'informations essentielles au processus d'intelligence peuvent être trouvées dans l'espace public, ou peuvent être obtenues par des moyens non conventionnels. L'explosion de l'information augmente le nombre de sources accessible aux analystes. Même une action secrète a souvent des conséquences qui ne le sont pas ; il est donc parfois possible aux analystes de rassembler une image d'une activité cachée à partir de diverses sources ouvertes.

Dans le renseignement en sources ouvertes, le recueil des informations est généralement différent du recueil dans d'autres disciplines de l'intelligence, où l'obtention de l'information brute à analyser peut être une difficulté majeure, particulièrement si on doit l'obtenir de cibles non coopératives. Pour le renseignement en sources ouvertes, la difficulté principale est d'identifier les sources pertinentes et fiables dans la quantité considérable d'informations accessible publiquement. L'obtention de l'information elle-même est comparativement plus facile puisqu'elle est, par définition, accessible publiquement.

Le renseignement de source humaine (overt HUMINT) est parfois considéré comme une partie de l'OSINT. Le renseignement à source humaine est l'utilisation de sources d'information humaines non clandestines. Par exemple, l'interrogation de réfugiés, le debriefing de travailleurs légaux, et les rapports publics d'agents comme les attachés et les ambassadeurs[6].

Les guides de définition actuels du renseignement en sources ouvertes sont :

Une histoire de l'OSINT aux époques récentes est contenue dans les 30 volumes des délibérations de la conférence annuelle OSINT.

Un maillon essentiel du renseignement économique

Selon la Commission sur les capacités du renseignement des États-Unis concernant le rapport sur les armes de destruction massives publié en mars 2005, OSINT doit être inclus dans le processus de renseignement pour les raisons suivantes (comme indiqué dans le rapport) :

« La nature toujours changeante de nos besoins de renseignement force la communauté du renseignement à comprendre rapidement et facilement une large gamme de pays et de culture étrangers. - … Les menaces contemporaines changent rapidement et se diffusent géographiquement ; c'est un fait qu'un analyste des services de renseignement peut être forcé de changer rapidement d'un sujet à un autre. De plus en plus, les professionnels de la communauté du renseignement ont besoin d'assimiler rapidement des informations sociales, économiques, et culturelles sur un pays, information souvent détaillée dans des sources ouvertes[10]. »

L'information de source ouverte fournit une base de compréhension complémentaire à celle des informations classifiées. En dépit d'une grande quantité d'informations classifiées produite par la communauté du renseignement, la quantité d'information classifiée produite sur quelque sujet que ce soit peut être tout à fait limitée, et peut être comprise en dehors de son contexte, si elle est vue seulement dans une perspective de source classifiée. Peut-être l'exemple le plus important aujourd'hui se rapporte au terrorisme, où l'information de source ouverte peut remplir des manques et créer des liens qui permettent aux analystes de mieux comprendre un renseignement fragmentée, des rumeurs de plans terroristes, des moyens possibles d'attaque, et des cibles potentielles.

Les informations de source ouverte peuvent protéger des sources et des méthodes. Quelquefois un jugement d'intelligence qui s'est formé par de l'information sensible et classifiée peut être défendu sur la base de rapports de source ouverte. Ceci peut s'avérer utile lorsque les responsables des procédures ont besoin d'expliquer les décisions des procédures ou de communiquer avec des officiels étrangers sans compromettre les sources classifiées.

Seules les sources ouvertes peuvent « enregistrer l'histoire ». Un programme robuste de source ouverte peut, en effet, rassembler des données pour contrôler les cultures du monde et leur évolution dans le temps. Ceci est difficile, si ce n'est impossible, en utilisant les « snapshots » fournis par les méthodes de recueil classifiées (The Commission on the Intelligence Capabilities, 378-379)[10].

La Commission Nationale des États-Unis sur les Attaques Terroristes a publié un rapport en juillet 2004 recommandant la création d'une agence de renseignement portant sur des sources ouvertes, mais sans autre détail ou commentaire[11]. En conséquence, Le rapport de la WMD Commission (connue aussi sous le nom de Robb-Silberman Commission) en recommanda la création d'une direction des sources ouvertes à la CIA[10].

En , le Directeur du renseignement national (National Intelligence en anglais) a nommé Eliot A. Jardines comme assistant du Directeur adjoint du Renseignement National pour les sources ouvertes, pour servir en tant que directeur de la communauté du renseignement pour les sources ouvertes, et pour définir la stratégie, les orientations et la vision d'ensemble pour les activités de source ouverte de la communauté. En , le Directeur de l'Intelligence Nationale (DNI) annonça la création d'un Centre des sources ouvertes (Open Source Center, OSC)[12]. Les fonctions de l'OSC’s incluent le recueil, l'analyse et la recherche, et la formation pour faciliter l'accès à l'échelle du gouvernement et l'utilisation d'informations de source ouverte. L'OSC se fonde sur l'expertise du Foreign Broadcast Information Service (FBIS) de la CIA, qui a fourni au gouvernement américain un large éventail de produits et de services de source ouverte depuis 1941 (incluant le contenu des médias mondiaux disponible au public à travers World News Connection). The top, l'unité opérationnelle OSINT de plus haut niveau dans l'armée américaine selon certains est la branche d'intelligence de source ouverte du Special Operations Command Joint Intelligence Center (SOCJIC).

Beaucoup d'autres nations maintiennent des unités opérationnelles de renseignement en sources ouvertes, par exemple l'Office of National Assessments (ONA) australien, le BBC Monitoring Service (BBCM) du Royaume-Uni, et le Swiss Army GeneralStab. Les tâches de recueil et d'analyse sont allouées de différentes manières par plusieurs agences : par exemple, l'ONA est responsable de l'analyse et est une agence de renseignement du gouvernement australien, alors que le BBCM est une organisation civile financée par le gouvernement qui ne s'occupe que du recueil et de l'agrégation de sources nouvelles, et qui emploie des journalistes civils.

Dans un discours au Council on Foreign Relations en février 2006, le secrétaire de la Défense Donald Rumsfeld semble avoir reconnu l'importance des médias ouverts comme une composante de la sécurité nationale dans l'âge de l'information[13].

Références

  1. Moutouh, Hugues., Dictionnaire du renseignement, Paris, Perrin, , 848 p. (ISBN 978-2-262-07056-4 et 2-262-07056-3, OCLC 1041397200, lire en ligne)
  2. The US Intelligence Community (ASIN 0813349184)
  3. Studialis, « L’Open Source Intelligence, une technique de renseignement au service de l’intelligence économique - Ecole de commerce », sur PSB Paris School of Business, École de commerce, (consulté le )
  4. « Spy Agencies Turn to Newspapers, NPR, and Wikipedia for Information: The intelligence community is learning to value 'open-source' information » [archive du ] (consulté le )
  5. (en) « Service members, civilians learn to harness power of 'Open Source' information », sur www.army.mil (consulté le )
  6. (en) K. Hudnall Robert et Robert K. Hudnall, No Safe Haven : Homeland Insecurity, Omega Press, , 340 p. (ISBN 978-0-9754923-5-2, lire en ligne)
  7. « NATO OSINT Handbook »
  8. « OPEN SOURCE INTELLIGENCE »
  9. « Intelligence Exploitation of the Internet »
  10. « Report of the Commission on the Intelligence Capabilities of the United States Regarding Weapons of Mass Destruction »
  11. Collectif (trad. de l'anglais), 11 septembre, Rapport final de la Commission nationale sur les attaques terroristes contre les États-Unis., Sainte-Marguerite-sur-Mer, Editions des Équateurs, , 512 pages (ISBN 2-84990-014-1)
  12. « Director of National Intelligence - Open Source Center », sur fas.org (consulté le )
  13. (en) Sam Dubberley, Alexa Koenig et Daragh Murray, Digital Witness : Using Open Source Information for Human Rights Investigation, Documentation, and Accountability, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-257307-0)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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