Soviet

Le terme soviet [sɔvjɛt][1] (en russe сове́т [sɐˈvʲet][2] litt. « conseil ») désigna tout d'abord un conseil d'ouvriers, de paysans et de soldats acquis aux idées communistes dans l'Empire russe, prenant le pouvoir dans une organisation locale (une usine, une ville, une province…) à partir de 1905. L'origine de cette pratique remonte au vétché[3], un terme qui est synonyme de soviet dans l'ancienne Russie, et qui « correspondait à une sorte de diète, organe principal de la puissance politique de la cité »[4].

Historique

En l'absence de syndicats, l'idée d'une organisation représentative des ouvriers puis des paysans fait son chemin sous forme des soviets. Ils sont jugés par Lénine « cent fois plus à gauche » que les bolcheviks. Ils apparaissent d'abord en province dans le rôle de comités de grève éphémères (ce mot russe signifiant conseil est adopté pour la première fois en 1905 par les ouvriers d'une usine textile d'Ivanovo pour désigner leur comité de grève) puis ils prennent une coloration plus politique avec la fondation du Soviet de Saint-Pétersbourg le et de Moscou le . Dans son ouvrage[5], Voline affirme que l'idée de soviet est antérieure. Selon lui, elle émergea spontanément et fut adoptée par des ouvriers lors de réunions tenues dès le lendemain du Dimanche rouge, en , à Saint-Pétersbourg.

Tout en se méfiant des intellectuels suspects de vouloir imposer leur hégémonie, les ouvriers ressentent le besoin d'être conseillés par des révolutionnaires expérimentés qui n'ont alors qu'un rôle consultatif à côté des délégués ouvriers. D'abord réservés, les bolcheviks envoient des représentants mais les postes dirigeants reviennent aux mencheviks[réf. nécessaire] .

Après la révolution de Février 1917, un soviet se reforme, mais les soviets n'exercent finalement jamais réellement le pouvoir : de février à octobre 1917, le pouvoir est détenu par un Gouvernement provisoire dirigé d'abord par le prince Lvov puis dès juillet par Aleksandr Kerenski. Le Soviet de Petrograd, domicilié dans le palais de Tauride comme le Gouvernement provisoire, est bientôt en situation de rivalité avec celui-ci pour l'exercice du pouvoir.

Le mot d'ordre défendu par les bolcheviks sous l'impulsion de Lénine est : « Tout le pouvoir aux soviets[6] ! », ce mot d'ordre est une reprise d'un mot d'ordre anarchiste[7]. À partir d'octobre 1917, le pouvoir est détenu par des « commissaires du peuple », approuvés par le Congrès des Soviets (délégués élus par les soviets), dirigés par Lénine. Selon Hannah Arendt, « Le régime bolchevique a dépouillé les conseils (les soviets, selon leur appellation russe) de leur pouvoir alors qu’il était encore dirigé par Lénine, et a volé leur nom pour s’en affubler alors qu’il était un régime anti-soviétique »[8].

Par la suite, en Union soviétique, le « soviet » fut officiellement un organe à la fois législatif et exécutif des délégués élus, à plusieurs niveaux (locaux, municipaux, républicains ou fédéral). Le pouvoir était en réalité détenu par le Parti communiste de l'Union soviétique en tant que parti unique.[réf. nécessaire] Le « Soviet suprême » fut le plus haut organe législatif existant aussi bien au niveau fédéral qu'au niveau des républiques soviétiques.

Bibliographie

Notes et références

  1. Prononciation en français de France retranscrite selon la norme API.
  2. Prononciation en russe retranscrite selon la norme API.
  3. Alexandre Skirda, Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, Paris, Les Éditions de Paris, , 348 p. (ISBN 978-2-84621-002-7), p. 52
  4. Alexandre Skirda, Les Anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, Paris, Les Éditions de Paris, , 348 p. (ISBN 978-2-84621-002-7), p. 12
  5. Voline, La Révolution inconnue - Livre premier - La Secousse - Chapitre IV, Paris, Les Amis de Voline, (lire en ligne), p. 87
  6. (ru) Lénine, « Tout le pouvoir aux soviets ! », La Pravda, no 99, (lire en ligne)
  7. Serge, Victor, 1890-1947. et Rière, Jean., Mémoires d'un révolutionnaire et autres écrits politiques : 1908-1947, Paris, Laffont, , 1047 p. (ISBN 2-221-09250-3 et 9782221092507, OCLC 421996164, lire en ligne)
  8. Hannah Arendt, « À propos des Conseils ouvriers en Hongrie », sur Les Amis de Némésis

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