Spetses

Spetses (en grec moderne : Σπέτσες) est une île grecque du golfe Argolique, située à 2 milles marins (3,7 km) du continent[Lequel ?] et 52 milles marins (96,3 km) du grand port d'Athènes, le Pirée. Spetses est souvent considérée comme faisant partie des îles Saroniques, tout comme les voisines de Dokos et Hydra. Ferries et hydroglisseurs à grande vitesse entretiennent plusieurs liaisons quotidiennes avec le Pirée[1].

Spetses
Σπέτσες (el)

Villas sur le front de mer
Géographie
Pays Grèce
Archipel Îles Saroniques
Localisation Golfe Argolique (mer Méditerranée)
Coordonnées 37° 15′ 00″ N, 23° 07′ 59″ E
Superficie 27,1 km2
Point culminant Profitis Ilias (248 m)
Géologie Île continentale
Administration
Périphérie Attique
District régional Îles
Dème Spetses
Démographie
Population 4 027 hab. (2011)
Densité 148,6 hab./km2
Plus grande ville Spetses
Autres informations
Découverte Préhistoire
Fuseau horaire UTC+2
Site officiel Site de la municipalité
Géolocalisation sur la carte : Grèce
Spetses
Îles de Grèce

L'île de Spetses forme, avec les petites îles et îlots voisins de Spetsopoula, Falkorena et Velopoula, une municipalité indépendante. Spetses, qui compte un peu plus de 4 000 habitants, est la principale ville de l'île.

Histoire

Les premières traces de colonisation de Spetses remontent au Mésolithique, autour de -8000, comme en témoignent les silex trouvés sur le site de Zogeria, au nord-ouest de l'île, sur lequel se trouve une source d'eau douce probablement déjà existante à cette époque. Spetses était alors une presqu'île, reliée à la péninsule continentale de l'Argolide par un isthme.

D'autres traces de colonisation remontant au III millénaire av. J.-C. (Helladique ancien) ont aussi été découverts sur le site d'Agia Marina. Il est probable que les sites de Zogeria et Agia Marina servaient alors de refuge aux bateaux de transport de marchandises. Au Ve siècle av. J.-C., lors de la guerre du Péloponnèse, des observatoires en pierre furent construits au sommet de l’île et sur le site de Zogeria.

L'île de Spetses apparaît dans les écrits de Strabon au Ier siècle av. J.-C. et de Pausanias au IIe siècle sous le nom de « Pityoussa »[2]. Les raids des Goths sur l'Empire romain d'orient entrainèrent l'installation de réfugiés autour de ce qui est maintenant le Vieux Port. Durant la période romaine tardive Spetses est un centre prospère comme en témoigne une basilique datée du Ve siècle[3] avant d'être désertée au Moyen Âge[4]. La bataille de Settepozzi se déroule dans ses environs en 1263.

Au XVIe siècle, des Arvanites venus du Péloponnèse s'installèrent à Spetses sur la hauteur fortifiée de Kastelli, datée de la seconde moitié de ce siècle[5]. La colonisation de l'île par les Arvanites est attribuée par les auteurs locaux modernes à la volonté d'échapper aux Turcs, cependant cette opinion n'est pas soutenue par des indices directs (le repeuplement d'autres îles ayant ainsi été directement encouragé par les autorités ottomanes)[5].

La puissance maritime de l'île se développa à partir du XVIIIe siècle. Lors de la guerre russo-turque de 1768-1774 et de la Révolution d'Orloff en 1770, Spetses se rangea aux côtés des Russes contre l'Empire ottoman. En réponse, les Turcs détruisirent le site de Kastelli. Désertée quelques années, l'île fut ré-habitée à partir de 1774 par des occupants venant de la côte opposée du Péloponnèse. Le Traité de Küçük Kaynarca de 1774, qui autorisa la libre circulation des vaisseaux russes dans la Méditerranée, permit notamment le re-développement d'une flotte importante à Spetses, qui utilisait le pavillon russe pour établir des routes commerciales avec les pays voisins. Spetses devint alors une des plus grandes puissances commerciales de Grèce.

Spetses, patrie de l'héroïne de guerre Bouboulina, est notamment connue pour son rôle majeur dans la guerre d'indépendance grecque (1821-1829)[6]. Elle fut une des premières îles grecques à hisser le drapeau révolutionnaire, le 3 avril (V.S.) 1821. Sa flotte commerciale joua un rôle clé dans la guerre maritime au côté de celles des îles d'Hydra et Psara. De nombreux vaisseaux de guerre grecs ont été nommés en mémoire de ces évènements, dont le Spetsai (en) (1890-1920), le destroyer D98 Spetsai (en) (1933-1946) et la frégate F-453 Spetsai (en) (1996-)[7].

Tourisme

La baie de Petrokaravo Mproupoulo

En 1899, Sotirios Anagyros, descendant d'une ancienne grande famille d'armateurs spetsiote, revient sur Spetses après avoir émigré et fait fortune aux États-Unis dans le tabac. Il achète la moitié de l'île, y re-plante des pins et s'y fait construire une grande demeure dans laquelle il invite la haute société grecque à des parties de chasse à l'oiseau, qui se déroulait entre août et octobre. En 1914, il se fait construire un grand palace, « Le Poseidonion », sur le modèle du Carlton de Cannes (construit en 1911) et du Negresco de Nice (construit en 1912). Il ouvre une route en corniche faisant le tour de l'île puis une école d'élite pour garçon. Le Grand Hotel Poseidonion devient rapidement une destination prisée de la haute société d'Athènes. Le roi Constantin y a ainsi marié son fils. L'écrivain Michel Déon, qui a vécu plusieurs années à Spetses, a notamment écrit que « cette île vit dans la paix sans nuages »[6].

La jetée ouest du Vieux Port.

De grandes familles grecques s'installent sur l'île et s'y font construire des villas. À la fin des années 1950, Stavros Niarchos rachète notamment la petite île voisine de Spetsopoula et en fait son île privée[6]. Depuis le début des années 2000, Spetses connaît un fort regain d'intérêt, notamment pour son cadre chic, mais simple et calme (les voitures individuelles ne sont pas autorisées)[6]. De nombreux bâtiments sont restaurés.

Depuis 2010 se tient au début de chaque été la Spetses Classic Yacht Regatta, une régate de vieux gréements[8].

Calèche sur le front de mer

Un aspect inhabituel de Spetses est l'absence de voitures privées à l'intérieur de la ville. Les habitants de Spetses se déplacent principalement à pied, à vélo, à motocyclette, en bateau ou taxi de mer, ou en calèche tirée par cheval.

L'Armata

Le 8 septembre (V.S.) 1822, la flotte turque, arrivant de Patras pour secourir Nauplie assiégée par les Grecs depuis le printemps 1821, affronte au large des îlots de Spetsopoula et Trikera les flottes combinées de Spetses, Hydra et Psara. La bataille se solde par le retrait de la flotte turque, et Nauplie, à court de provisions, capitule deux mois et demi plus tard.

Chaque année en septembre, le festival de l'Armata commémore cette bataille. Les festivités culminent par la mise à feu d'une réplique d'un vaisseau turc devant Spetses et par de grands feux d'artifice.

Bibliographie et filmographie

  • Michel Déon, Le Balcon de Spetsai, Paris, Gallimard, 1961.
  • Tzeni Tzeni (1965) est un film grec filmé presque entièrement à Spetses[9]
  • Metin Arditi, La Fille des Louganis, Genève, Acte Sud, 2011
  • Michel de Grèce, La Bouboulina, Plon, 1993
  • The Lost Daughter (2021) a été tourné sur Spetses

Personnalités liées à Spetses

  • Laskarina Bouboulina (1771-1825), héroïne de la guerre d'indépendance grecque.
  • Diomidis Kiriakos (1811-1869), homme politique, premier ministre en 1863, né à Spetses.
  • Sotirios Anargyros (1849-1918), homme d'affaires.
  • Ioannis Altamouras (1852-1878), peintre, mort à Spetses.
  • Stávros Niárchos (1909-1996), armateur, propriétaire de l'îlot de Spetsopoula.
  • Metin Arditi (1945-), physicien et écrivain suisse.

Culture et musées

Annexes

Bibliographie

Notes et références

  1. « Hellenic Seaways - Πάμε Αιγαίο », sur Hellenic Seaways (consulté le )
  2. L'île aux pins
  3. A Greek Countryside: The Southern Argolid from Prehistory to the Present Day, p. 578
  4. A Greek Countryside: The Southern Argolid from Prehistory to the Present Day, p. 41
  5. A Greek Countryside: The Southern Argolid from Prehistory to the Present Day, p. 136
  6. Jean-Pierre Chanial, « Spetses, tout simplement », Le Figaro, 8-9 août 2015, p. 13.
  7. « SpetsesDirect - Armata », sur www.spetsesdirect.com (consulté le )
  8. Vasilis C. Fatouros, « SCYR | | Spetses Classic Regatta », sur spetsesclassicregatta.com (consulté le )
  9. Dinos Dimopoulos, Jenny Jenny, (lire en ligne)
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