Spiritualisme (philosophie)

Le spiritualisme est un courant philosophique qui affirme la supériorité ontologique de l'esprit sur la matière[1]. Il proclame également l'existence de valeurs spirituelles et morales.

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Il convient néanmoins de ne pas confondre spiritualité et spiritualisme : la spiritualité est entendue entre autres comme recherche d'une bonne vie. Elle peut être l'objet de doctrines aussi bien spiritualistes[2] que matérialistes, telle que, par exemple, l'épicurisme.

Définition et courants

Le spiritualisme dualiste tend à affirmer qu'il y aurait deux réalités : la réalité matérielle et la réalité spirituelle, nommant cette dernière « âme » ou « esprit ». René Descartes en est un représentant majeur[3].

Le spiritualisme moniste affirme que seul l'esprit est une réalité absolue, la matière étant dérivée ou n'ayant d'existence que négative[3]. Le panpsychisme est une version de ce type. Un tel spiritualisme se trouve chez Plotin par exemple. L'immortalité de l'âme individuelle, comme chez Platon, Phédon, ou Marsile Ficin[4], est une thèse fondamentale chez certains spiritualistes.

Le spiritualisme peut être étroitement lié à la religion, lorsque celle-ci admet l'existence d'une âme, de Dieu qui est un pur esprit, d'une vie après la mort, et de façon générale d'un esprit indépendant du corps et de la matière[3]. En ce sens, la plupart des philosophes du judaïsme, du christianisme ou de l'islam sont spiritualistes, comme Maïmonide, Thomas d'Aquin ou Ibn Arabi. Ils n'utilisent cependant pas nécessairement le terme exact de spiritualisme pour qualifier leur propre philosophie.

Le philosophe Jean-Louis Vieillard-Baron pose quatre critères du spiritualisme :

« À quoi reconnaît-on un penseur spiritualiste ? J.-L. Vieillard-Baron distingue quatre traits majeurs : la visée de la transcendance, comme recherche philosophique de l’absolu mais hors de toute Église (le christianisme, oui – ou non –, mais l’Église, jamais) ; la « compréhension métaphysique de l’esprit », qui le distingue de la matière ou de la nature ; la « liberté spirituelle », présente dans la conscience humaine (l’idéalisme serait une philosophie du sujet, le spiritualisme une philosophie de la conscience) ; la « notion d’âme », qui ouvre en réalité à un vaste monde « spirituel », aux frontières mouvantes. Sans surprise, ils sont combattus par les positivistes et les scientistes, mais plus encore peut-être par des républicains et des socialistes (comme Proudhon ou Leroux) – alors qu’ils ne sont pas tous dépourvus d’engagements politiques et sociaux. Les critères relevés ne sont pas absolus ni partagés par tous, ou par tous au même degré et tout au long de leur vie ; du reste, tous sont loin de se dire « spiritualistes »[5]. »

Le spiritualisme s'oppose au matérialisme et au physicalisme, c'est-à-dire à toute philosophie qui prétend que l'on peut expliquer les phénomènes spirituels et psychiques par des causes strictement matérielles, comme pour Épicure, Karl Marx ou Jean-Pierre Changeux. L'esprit a la préséance sur la matière, et il ne peut pas être réduit à des mécanismes physico-chimiques ou biologiques[6].

Bibliographie

Notes et références

  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de « Spiritualisme » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  2. Luc Ferry, La révolution de l'amour : Pour une spiritualité laïque, Paris, Plon, (ISBN 978-2-259-21053-9).
  3. Définitions lexicographiques et étymologiques de « Spiritualisme » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. Théologie platonicienne de l'immortalité des âmes.
  5. Jean-Louis Schlegel 2021.
  6. George Henry Lewes 1876.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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