Sténopé

Un sténopé est un dispositif optique très simple permettant d'obtenir un appareil photographique dérivé de la chambre noire. Il s'agit d'un trou de très faible diamètre percé dans une plaque de très faible épaisseur. Par extension, on appelle ainsi l'appareil photographique utilisant un tel dispositif.

Utilisation de l'effet sténopé pour observer sans danger une éclipse à travers les trous d'une passoire.
Résultat d'une captation via un sténopé : c'est la vue « négative » qui est le résultat direct, le positif s'obtient par une nouvelle transformation.

Principe de fonctionnement

Un appareil photographique à sténopé se présente sous la forme d’une boîte dont l’une des faces est percée d’un trou minuscule qui laisse entrer la lumière. Sur la surface opposée à cette ouverture vient se former l'image inversée de la réalité extérieure, que l'on peut capturer sur un support photosensible, tel que du papier photographique. Comme l'œil, le sténopé capture des images inversées du visible.

Du fait de la petite taille de l’orifice permettant à la lumière de pénétrer à l’intérieur de l’appareil, le temps nécessaire pour impressionner la surface photosensible est très long. Selon la taille de l’appareil et de l'ouverture, il peut se chiffrer en secondes ou en heures. Le trou minuscule du sténopé permet une très grande profondeur de champ (pratiquement infinie).

Historique

Le phénomène peut s'observer accidentellement. Mais on trouve le premier écrit qui y fait allusion en Chine, par Mizo, environ 500 ans avant notre ère, puis dans les problèmes d'Aristote. Le scientifique arabe Ibn al-Haytham, est le premier à avoir étudié et décrit méticuleusement la chambre noire. Bien que la question ait été posée par Eric Renner, il est impossible que la première photographie (Nicéphore Niépce) ait été prise avec un sténopé[1]. Comme l’atteste sa correspondance avec F. Lemaitre, la première héliographie suppose l’usage d’une lentille, « Il n’y a en effet, Monsieur, de bien éclairée et de bien nette que la partie de l’image qui se trouve juste au foyer de l’objectif. »[2] La première évocation d'un appareil photographique sans lentille (pin-hole) est attribuée à David Brewster en 1856. Et les expériences de Jean-Louis Marignier, physicien au CNRS, réalisées entre 1989 et 1992 confirment la durée de l'exposition, totalement incompatible avec l'hypothèse fantaisiste du sténopé. En été, l'exposition nécessaire à cette première image est de 3 jours de pose à f/4[3] (et non 8 heures, comme le considéraient encore certains historiens).

Revenons au sténopé. La première formule pour déterminer le diamètre du trou fut énoncée par l’autrichien Joseph Petzval en 1857[4]. Le futur prix Nobel, John William Strutt Rayleigh établira une formule dans les années 1880 en travaillant sur les télescopes.

Pratique

Un sténopé

La construction d'un sténopé est extrêmement simple. Il suffit d’une boîte étanche à la lumière. Son intérieur doit être recouvert d’une substance noire et mate pour éviter la réflexion des rayons lumineux. L’une des faces est percée d’un petit trou, à l’aide d’une aiguille à coudre par exemple. Ce petit trou, qui est le sténopé à proprement parler, peut être percé dans un matériau différent de la chambre noire et être monté sur celle-ci comme un objectif photographique classique.

Notes et références

  1. E. Renner, Pinhole photography, Rediscovering a Historic Technique, Focal press éditions, 3e édition, 2004, page 19.
  2. Paul Jay et Michel Frizot, Nicéphore Niépce, Photo Poche n° 8, Paris, Centre national de la photographie (CNP), , « Lettre à F. Lemaitre, 24 juillet 1827 »
  3. Jean-Louis Marignier, « 1989 to 1992, HELIOGRAPHY », sur université paris-sud, (consulté le )
  4. «…Cela a été étudié en premier par le prof. Petzval de Vienne et il est arrivé à la formule suivante : 2r2=fl, avec 2r le diamètre du trou, l la longueur d’onde de la lumière et f la longueur focale ou plus simplement la distance entre le trou et l’écran... », John William Strutt Rayleigh cité par Eric Renner op. cité, page 19.

Annexes

Bibliographie

  • François Vogel, Nouveau traité du sténopé, Éditions Éoliennes, 2011 (ISBN 2-911991-51-6)
  • (en) Eric Renner, Pinhole Photography, Rediscovering a Historic Technique, 2004, 3e édition, Éditions Focal Press (ISBN 0-2408-0350-7)
  • Eric Marais, Le Sténopé, photographier autrement, Pearson, 2009 (ISBN 2-7440-9279-7)
  • John Evans, La Saga des sténopés, Eyrolles, 2004 (ISBN 2-2121-1485-0)
  • Jean-Michel Galley, Le Sténopé, Actes Sud, 2007 (ISBN 2-7427-7015-1)

Liens externes

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