Stop and go (économie)

Le stop and go est une politique économique qui vise, pour une autorité comme un État ou une banque centrale, à alterner des phases de stimulation de l'emploi ou d'inflation (go) et des phases de rigueur lorsque les objectifs sont atteints ou dépassés (stop).

Pour les articles homonymes, voir Stop and go.

Concept

Si le keynésianisme originel préconisait une politique monétaire qui assure la stabilité des taux d'intérêt à long terme, Keynes concevait que la politique monétaire puisse être utilisée comme un outil de régulation conjoncturelle. Les successeurs de Keynes, les économistes de la synthèse néoclassique, créent des modèles qui justifient l'utilisation conjoncturelle de la politique monétaire. La courbe de Philips postérieurement augmentée par Paul Samuelson et Robert Solow montre une relation inverse entre l'inflation et le chômage ; le modèle IS/LM montre une relation inverse entre le taux d'intérêt et l'investissement, et donc, le chômage et la production[1]. Ce bagage théorique permet de justifier des politiques monétaires interventionnistes qui alternent entre des phases d'expansion et des phases de restriction[2].

Le stop and go s'applique également à la stimulation de l'économie par la dépense publique[3]. En cas de crise économique, la puissance publique fait augmenter les dépenses publiques pour stimuler la demande intérieure et la croissance ; lorsque le chômage a baissé et que l'inflation remonte, la puissance publique met en place une politique de freinage[4].

Une politique de stop (ou stabilisation) implique un budget austéritaire et récessionniste, avec une chute des dépenses, une augmentation de la fiscalité,une baisse du crédit, une hausse des taux d'intérêt, etc.[5] Les résultats attendus sont le retour à l'équilibre extérieur et la désinflation. A contrario, une politique de go (ou relance) implique un budget expansionniste, une fiscalité allégée, une baisse des taux d'intérêt, une hausse des revenus contrôlés (SMIC, transferts), etc. Les conséquences positives attendues sont l'expansion économique et une réduction du chômage, mais également un déficit extérieur et l'inflation[6].

Critiques et limites

La politique de stop and go a été considérée comme efficace sur le moyen terme, mais comme fragilisant les entreprises sur le long terme[7]. Elle a été en grande partie abandonnée dans les années 1980 car elle détériorait les comptes de l’État[8].

Historique

Le stop and go est particulièrement utilisé durant les Trente Glorieuses. Des phases de stop and go ont ainsi pu être dégagées : 1951 - 1957, 1958 - 1963, 1964 - 1969, et 1970 - 1974. Le processus est identique à chaque fois : l'accélération de la croissance provoque de l'inflation, qui requiert des mesures permettant d'assainir la croissance du niveau des prix, faisant rechuter le niveau des prix[9].

Ainsi, à la suite des évènements de mai 1968, le crédit augmente, suivi d'un contrôle des changes et du crédit dès novembre de la même année ; l'assouplissement de l'encadrement du crédit au début de 1970 provoque une progression forte de la masse monétaire débouchant sur un nouvel encadrement du crédit en décembre 1972[10].

La France a pratiqué le stop and go. Au plan d'austérité Pinay-Rueff de 1958 à 1960 a succédé le plan de relance Debré de 1961 à 1962, et le plan de stabilisation Giscard d'Estaing de 1963 à 1965[11].

Références

  1. Marc Montoussé, Analyse économique et historique des sociétés contemporaines : [cours et sujets corrigés] (ISBN 978-2-7495-0658-6 et 2-7495-0658-1, OCLC 493738800, lire en ligne)
  2. Yoann Brun, Lou Dumez, Matthias Knol et Fabrice Tricou, Monnaie et financement de l'économie, dl 2019 (ISBN 978-2-35030-634-6 et 2-35030-634-8, OCLC 1134989408, lire en ligne)
  3. Jean-Marc Daniel, La politique économique, (ISBN 978-2-13-079819-4 et 2-13-079819-5, OCLC 1013703095, lire en ligne)
  4. Philippe Deubel, Marc Montoussé et Serge d'. Agostino, Dictionnaire de sciences économiques & sociales, Bréal éditions, (ISBN 978-2-7495-0512-1 et 2-7495-0512-7, OCLC 300432576, lire en ligne)
  5. Michaël. Lainé, L'économie à Sciences Po, dl 2021 (ISBN 978-2-8073-3420-5 et 2-8073-3420-2, OCLC 1253351008, lire en ligne)
  6. Stéphane Becuwe, Michel Bernard et Renaud Chartoire, Économie aux concours des grandes écoles : économie, sociologie et histoire du monde contemporain : économie appronfondie : 1re et 2e années, dl 2013 (ISBN 978-2-09-162859-2 et 2-09-162859-X, OCLC 862788158, lire en ligne)
  7. Dominique Chamblay et Impr. Laballery), 100 fiches pour comprendre les sciences économiques : écoles de commerce, 2e et 3e cycle universitaire, Bréal, impr. 2005 (ISBN 2-7495-0499-6 et 978-2-7495-0499-5, OCLC 469487920, lire en ligne)
  8. Jean-Marc Daniel, 3 controverses de la pensée économique : travail, dette, capital, (ISBN 978-2-7381-6161-1 et 2-7381-6161-8, OCLC 1158909056, lire en ligne)
  9. Jean Impr. Laballery), Les mutations de l'économie mondiale du début du XXe siècle aux années 1970, en fiches, Bréal, impr. 2008 (ISBN 978-2-7495-0182-6 et 2-7495-0182-2, OCLC 470924602, lire en ligne)
  10. Christian Ottavj, Monnaie et financement de l'économie, Hachette supérieur, dl 2014, cop. 2014 (ISBN 978-2-01-140347-6 et 2-01-140347-2, OCLC 883716089, lire en ligne)
  11. Philippe Dalpra, Jean-Yves Deler, Isabelle Waquet et Catherine Chalaye-Fenet, Économie, sociologie, histoire du monde contemporain, économie approfondie, Dunod, (ISBN 978-2-10-071522-0 et 2-10-071522-4, OCLC 1163607068, lire en ligne)
  • Portail de l’économie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.