Sugammadex

Le sugammadex est un agent décurarisant utilisé pour l'antagonisation des effets myorelaxants du rocuronium et du vécuronium au cours de l'anesthésie générale[2].

Sugammadex sodium
Identification
No CAS 343306-79-6
No ECHA 100.121.931
Code ATC V03AB35
PubChem 6918584
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C72H104Na8O48S8  [Isomères]
Masse molaire[1] 2 178,006 ± 0,119 g/mol
C 39,7 %, H 4,81 %, Na 8,44 %, O 35,26 %, S 11,78 %,
Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Antidote
Voie d’administration Intraveineuse

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Il s'agit d'une gamma-cyclodextrine avec un cœur lipophile et une couronne hydrophile. La structure de cette gamma-cyclodextrine a été modifiée par l'adjonction de groupes carboxyl-thioéther sur chaque sixième carbone. En étendant la surface de la capsule, ces groupes chargés négativement permettent une meilleure encapsulation de la molécule de rocuronium par liaison aux groupes ammonium chargés positivement. La molécule de rocuronium, stéroïde modifié, devient alors incapable de se lier au récepteur de l'acétylcholine de la plaque motrice. La liaison sugammadex-rocuronium est très forte[3].

Modélisation tridimensionnelle de la molécule de sugammadex.

Le Sugammadex est une molécule qui fut découverte en Écosse par le site de recherche de Newhouse. Les scientifiques qui découvrirent le sugammadex travaillaient alors pour l’entreprise pharmaceutique Organon. Organon fut ensuite acquise par Schering-Plough en 2007. Deux ans plus tard, en 2009, Schering-Plough fusionna avec Merck. Le Sugammadex est aujourd’hui commercialisé par Merck.

Le mode d'action du sugammadex lui confère plusieurs avantages par rapport aux antagonistes habituels. Il permet la levée du bloc neuromusculaire induit par le rocuronium et le vécuronium sans inhiber l'acétylcholinestérase, évitant ainsi les effets indésirables de la néostigmine (bradycardie, extrasystoles, bronchoconstriction) et la nécessité de coadministrer des vagolytiques comme l'atropine. Un autre avantage est la possibilité de lever rapidement la curarisation après l'administration d'une forte dose de rocuronium, ouvrant le champ à l'utilisation du rocuronium comme alternative à la succinylcholine dans les situations où une curarisation rapide et courte est nécessaire. Une étude clinique multicentrique réalisée en Europe a été concluante de ce point de vue[4].

Le sugammadex est également capable de lever l'effet d'autres curares non dépolarisants de la famille des aminostéroïdes (vécuronium et pancuronium). Bien que l'affinité du sugammadex pour le vécuronium soit inférieure à celle pour le rocuronium, le pouvoir antagoniste du sugammadex persiste car, le vécuronium étant sept fois plus puissant que le rocuronium, moins de molécules de vécuronium sont présentes in vivo pour induire une paralysie neuromusculaire identique[5]. Le bloc au pancuronium a été levé avec succès par le sugammadex dans des essais cliniques de phase III[6].

L'entreprise Schering-Plough est dépositaire du brevet. La commercialisation du sugammadex est toujours en attente d'autorisation aux États-Unis, la FDA l'ayant rejetée en [3]. Elle a été autorisée dans l'Union européenne le et débutée en en Suède sous le nom commercial Bridion[7].

Le Sugammadex est utilisé afin de neutraliser les blocages neuromusculaires causés par l’administration de vecuronium ou de rocuronium lors d’anesthésies générales. Pour neutraliser un blocage superficiel ou moyen, une injection de 2mg/kg est suffisante. Lors d’un blocage plus important, une injection de 4mg/kg est nécessaire. Pour amorcer une neutralisation immédiate trois minutes après l’administration de maximum 1.2mg/kg de rocuronium, un dosage de 16mg/kg de sugammadex est appliqué. Il est important de noter que toutes les administrations sont faites par une simple injection bolus rapide et doivent être directement injectées dans une veine ou par voie intraveineuse (IV). Aucun ajustement n’est nécessaire lorsque le patient est âgé de plus de 65 ans, est obèse ou est d’un autre sexe.

Références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) Naguib M (2007). "Sugammadex: another milestone in clinical neuromuscular pharmacology.". Anesth Analg 104(3): 575–81. PMID 17312211
  3. (en) « U.S. FDA Issues Action Letter for Sugammadex », Schering-Plough, (consulté le )
  4. (en) Pühringer FK, Rex C, Sielenkämper AW, et al, « Reversal of profound, high-dose rocuronium-induced neuromuscular blockade by sugammadex at two different time points: an international, multicenter, randomized, dose-finding, safety assessor-blinded, phase II trial », Anesthesiology, vol. 109, no 2, , p. 188–97 (PMID 18648227, DOI 10.1097/ALN.0b013e31817f5bc7)
  5. (en) Welliver M (2006). "New drug sugammadex; A selective relaxant binding agent". AANA J 74(5): 357–363. PMID 17048555
  6. (en) Decoopman M (2007). "Reversal of pancuronium-induced block by the selective relaxant binding agent sugammadex". Eur J Anaesthesiol. 24(Suppl 39):110-111.
  7. (en) « BRIDION(R) (sugammadex) Injection - First and Only Selective Relaxant Binding Agent - Approved in European Union », Schering-Plough, (consulté le )
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